Irak: la patience de l'Amérique a des limites, avertit Bush
Conférence de presse de Bush le 25 octobre 2006 à la Maison Blanche. [© AFP]
26.10.2006 09:39
Le président George W. Bush a été forcé mercredi de reconnaître
avec une rare netteté qu'il était inquiet devant la détérioration de la
situation en Irak, et de prévenir le gouvernement de Nouri al-Maliki
que la patience des Etats-Unis avait des limites.
M. Bush s'est adressé au moins autant au
gouvernement irakien qu'à l'électorat américain lors d'une conférence
de presse d'environ une heure, donnée 13 jours avant des élections qui
s'annoncent de plus en plus périlleuses pour sa majorité républicaine.
"Nous sommes en train de gagner et nous
allons gagner", a-t-il assuré. Mais il "sait que de nombreux Américains
ne sont pas satisfaits de la situation en Irak. Je ne suis pas
satisfait non plus". Et "la patience de l'Amérique n'est pas
illimitée", a-t-il déclaré.
Les Américains renouvellent leur Congrès le
7 novembre. Et, avec la flambée de violences d'octobre, la guerre en
Irak, déjà impopulaire, risque encore davantage de sceller le sort de
la majorité. M. Bush a dû dresser un tableau singulièrement sombre de
la situation. Il a maintenu le surcroît de pression exercée par son
gouvernement sur celui de Nouri al-Maliki à l'approche des élections.
Mais il a de nouveau tenté de convaincre les Américains de plus en plus
dubitatifs qu'un retrait prématuré des troupes les exposerait davantage
à la menace terroriste.
"Les événements du mois écoulé sont un
sérieux sujet d'inquiétude pour moi et ils sont un sérieux sujet
d'inquiétude pour les Américains", a-t-il dit. Il a mentionné la mort
de 93 Américains pendant cette période, "le chiffre le plus élevé
depuis octobre 2005", celle de 300 membres des forces de sécurité
irakiennes, et les "violences indicibles" subies par les civils. "Je
comprends combien c'est dur, très dur", a-t-il admis.
Il a évoqué plusieurs des erreurs commises
avant et après l'invasion de l'Irak. Il a parlé de "bain de sang", de
"difficultés", de "revers". Mais il a aussi fait état de "très
importants progrès", invoquant le processus politique et l'actité
économique et restreignant l'essentiel de la violence à une minorité de
provinces.
Il a redit qu'il était crucial de l'emporter
parce que "notre sécurité dépend de notre faculté à faire en sorte que
l'Irak devienne notre allié dans la guerre contre le terrorisme et non
pas un paradis terroriste comme l'Afghanistan sous les talibans". Il a
refusé un "calendrier artificiel" de retrait des troupes américaines,
réclamé par certains membres de l'opposition démocrate. Cette dernière
a fait de l'Irak et d'un "changement de direction" l'argument majeur de
sa campagne. "Nous sommes en train de gagner, et nous aller gagner,
sauf si nous partons avant que le travail ne soit terminé", a-t-il dit.
Il a aussi dit que les généraux auraient
davantage de troupes s'ils l'estimaient nécessaire. Mais "nous pressons
les dirigeants irakiens de prendre des mesures audacieuses pour sauver
leur pays. Nous signifions clairement que la patience de l'Amérique
n'est pas illimitée", a-t-il dit.
Il a exprimé sa confiance dans le Premier
ministre. Il a souligné qu'il n'était en place que depuis quelques
mois. Reflétant la difficile position de son administration, il a
assuré qu'elle n'exercerait pas "plus plus de pression sur le
gouvernement irakien qu'il ne peut en supporter". Ainsi il a réfuté que
le gouvernement américain impose au gouvernement irakien un calendrier
qu'il devrait honorer pour atteindre certains objectifs et a préféré
parler de "points de repère" plutôt que de calendrier.
Il a rejeté comme "hypothétique" une question sur ce que les Etats-Unis feraient quand leur patience serait épuisée.
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