Une limonade S.V.P ! Jeanne
RIVIERE
Assise sur un canap de ska bordeaux, je faisais face mon verre de
limonade glace qui faisait clater ses bulles jusque sur mon visage. Je
l'avais command au caf de l'htel de l'Ocan, la Pointe de Pen Lan. C'tait
la rcompense de la journe que mon pre m'offrait aprs une journe passe
sous un soleil de plomb. Huile souhait avec l'ambre solaire qui ne
protgeait en rien ma peau mais qui activait un bronzage oubli depuis l't
dernier, j'arborais une couleur tirant au rouge crevisse.
En vacances comme tous les ans dans ce petit coin de paradis de mes
douze ans, je m'merveillais sans cesse de tout ce que je voyais. J'admirais
ceux et celles qui pouvaient loger l'htel pour leurs vacances. Pas besoin de
faire des kilomtres en voiture ! En ce jour de canicule, chacun cherchait la
fracheur pour cette fin d'aprs-midi.
Il est une jeune femme qui sjournait chaque t cet htel et ne
paraissait s'occuper que de son bronzage et de son apparence. Elle mettait
beaucoup de soin cette activit et sans doute suivre galement un rgime.
Le midi elle s'absentait juste quelques instants pour se procurer des raisins
et des pches. Chaque jour, elle avait le mme menu pour le djeuner. Et chaque
jour, elle portait un maillot de bain blanc, agitait une bombe qui lchait une
mousse solaire, secret de sa beaut et de son bronzage. Elle avait les cheveux
courts et roux. Elle m'adressait parfois la parole, je ne me souviens plus trs
bien ce qu'elle me disait. Je crois que c'tait des banalits et quelques mots
gentils.
A la fin des vacances, je savais que les histoires ou les certains
personnages que j'avais slectionns et enferms dans ma mmoire allaient me
servir comme des modles de peinture. Je n'en faisais pas une simple rfrence
de catalogue, non plutt un modle de postures et de tenues qui allaient
m'aider grandir dans cet espace de temps que je n'imaginais pas passer sans
eux.
Mes amis, nouveau retrouvs, je m'lanais pourtant dans de nouvelles
aventures plus relles, qui faisaient avancer le temps en avant sans aucun
espoir de revenir en arrire.
Et lorsque aujourd'hui je passe devant la faade de l'htel disparu, je
revois derrire les baies vitres les tables du caf, les grands verres de
limonades et les banquettes de ska bordeaux faisant face aux chaises de la
mme couleur. Je me mle nouveau cette agitation de cinq heures, au moment
o la soif se faisait sentir.
Je ressens encore l'importance de ces moments. Les histoires que j'y
entendais me faisaient souvent sourire et je m'empressais sur le chemin du
retour d'en raconter et d'en mimer quelques unes.