Į EnvolČ Magven Radenac

 

Ce matin, il y a quelques minutes, tu Žtais tout prs de moi. Sans un mot, dans la pice inondŽe de lumire, jÕai abritŽ ton regard des premiers rayons dÕun soleil p‰le. Tu ne mÕas presque pas regardŽe, avant de mÕenlacer puis de laisser glisser, jusquՈ mon oreille, dans le souffle chaud du petit matin, les bribes de tes rves inachevŽsÉ JÕai lu dans tes yeux un peu de contrariŽtŽ mais il a fallu se dŽpcher et partir : nous Žtions condamnŽs ˆ renouveler chaque matin le scŽnario de notre sŽparationÉ Bient™t, nos deux vies, pendant quelques heures, deviendraient opaques lÕune ˆ lÕautre. Et pourtant, comme chaque matin,  sur le chemin qui nous sŽparerait inexorablement, main dans la main, le monde extŽrieur sÕabolissait.

 

Au dŽbut, prs de la porte o nous prenions lÕhabitude de nous quitter tu tÕenfonais dans le silence et des larmes perlaient sur ton visage. JÕaurais bien aimŽ faire de mme, mais jÕavais peur de tÕeffrayer, de tÕattacher indignement ˆ moi. Alors je partais sans me retourner.

AujourdÕhui le temps a passŽ, je sais que je ne suis plus le seul et unique objet de tes dŽsirsÉ Tu es parti, sans me jeter un regard. Tu riais aux Žclats. Tu es entrŽ dans la ronde dÕune existence qui ne croisera la mienne que par intermittence. Le prix de notre amour est celui de la distanceÉ Je dois commencer ˆ entrer dans lÕombre, ˆ mՎloigner peu ˆ peu de toi.

Et pourtant, chaque matin, jÕavoue que je ne peux mÕempcher de tÕobserver derrire la vitre, sans que tu me voies. IndiscrŽtion maternelle.

Il faut que jÕapprenne ˆ dresser entre toi et moi un Žcran de verre. Que mes regards te protgent sans que ma main te retienneÉ