Tourfan: une oasis en
Terre de Feu Amandine BOUCARD
Je nĠavais certainement pas imagin que nos pas nous porteraient de la
Mongolie vers le Kazakhstan au travers de Ç la Terre de Feu È. A
moins de deux cents kilomtres dĠUrumqi se trouve la petite ville de Tourfan,
dont les karez plurimillnaires, le raisin trs pris et la chaleur
exceptionnelle ont attir rcemment lĠattention du gouvernement chinois qui
sĠaffaire transformer cette bourgade oughour en parc dĠattraction
folklorique. Pourtant, les coups de dents du tigre touristique nĠentament pas
encore lĠatmosphre extraordinaire des lieux que nous avons parcourus durant
quatre jours.
Du village de Tuyoq, lieu de plerinage musulman,
lĠancienne cit du dsert de Jiaoh, les paysages
arides et ocres semblent surgir dĠailleurs. Ils
trouvent parfaitement leur place sur la partition lgendaire de la Route de la
Soie qui traversait cet oasis entre XiĠan et les terres occidentales. Nous prenons
du temps et du repos pour composer avec les tempratures assommantes,
atteignant jusquĠ quarante sept degrs le deuxime jour. De longues siestes
dans notre demi-sous-sol climatis ponctuent ainsi des journes de visites et
de lectures durant lesquelles nous ne manquons pas de nous gaver de fruits et
de grillades. Notre trajet depuis lĠhtel vers les tables des restaurants
emprunte des alles ombrages par les treillis de vigne, dont nous lorgnons les
grappes de raisin pulpeuses au-dessus de nos ttes. Il longe ensuite la
fontaine du centre qui sĠanime chaque soir dĠun spectacle de jets dĠeau sur
fond musical patriotique. CĠest la tombe de la nuit seulement que les rues
sĠaniment, que les familles sortent de leur torpeur – les hommes quittent
les terrasses – pour dambuler, manger et causer ensemble.
Bouquet dĠimages : la danse des belles ouighours dans leurs robes aux
couleurs vives ; le rougeoiement des Monts Flamboyants, striles dans leur
magnificence ; les montagnes de pastques et de raisins secs au bazar ;
la beaut afghane du minaret dĠErmin ; les
statues de Bouddha dcapites du grand monastre de Jiaoh ;
le chahut des groupes de touristes faisant cliqueter tout va leurs
appareils-photo ; les grosses cailles de peinture se dtachant des murs
de notre chambre dfraichie ; les ajustements multiples des foulards sur
les cheveux des femmes ; la fume des grillades et le fumet des bouillons
sur le march de nuit ; les schoirs raisin aux murs de briques ajours ;
le reflet incandescent du soleil sur le bitume en milieu dĠaprs-midi ; le
sourire de la jolie vendeuse de sirop de mres ; les petits nes tirant
les charrettes de fruits ou de touristes. Un ailleurs.
A trs vite,
Belle