Philosophie du Petit Véhicule MAGVEN RADENAC.

 

Voilà je suis la plus petite de la famille, la plus jeune quoi. Alors à vélo, y a jamais personne dans le rétro. Je pédale à toute vitesse, les yeux rivés sur les fesses de ma grande sœur pour essayer de rattraper les grands ! Sur le chemin qui mène à la plage, y a des graviers partout ; en freinant je dérape à chaque coup. C’est dur d’avancer toute seule comme ça. Ah oui, voilà, je les vois : papy et mamie qui, eux, sont là ! Ils hurlent de pédaler vite et de ne pas m’arrêter. Ils crient bravo. Me voilà partie.

Le Petit Véhicule est bien costaud. Je regarde en biais dans le rétro, mais pas trop. Je veux pas tomber. J’entends papa qui gesticule et montre du doigt les camions monstrueux qui déboîtent. C’est bon, je prends les virages à toute berzingue. Je suis plus un bébé depuis que j’ai un vélo à six vitesses.

Voilà j’avance, je suis de plus en plus grande. Je les vois bien tous, dans le rétroviseur, qui me font des signes. Ben oui ! Ce sont mes profs, mes copains, mes amoureux. C’est génial, à force de pédaler sans m’arrêter  je me sens forte et stable.  Et puis, les grands maintenant sont tout petits dans le rétro. Je cours, je cours, à grande enjambée.

« Ne lâche pas le guidon », dis-je, penchée sur le petit vélo rouge. Dans le rétro, c’est bizarre la fille avec son chignon et ses talons, ça ressemble à moi. Merveilleux ! « Allez ! Vas-y appuie sur tes pédales, fonce ! ». Eh, oui, c’est comme ça qu’il faut avancer, libre, le nez au vent. « Si tu doutes, jette un œil rapide dans le rétroviseur. Ils seront tous là, les regards, les mots, les cris d’encouragement. Le Petit Véhicule te conduira sur le chemin, en confiance. Ne crains rien. Le secret de l’itinéraire est dans les lettres mélangées du Petit Véhicule. Toi qui apprends à lire, ne vois-tu pas que le mot LOVE se cache dans  VELO ? »