Suite aux attentats de Réghaïa et Dergana : Londres revoit à la hausse sa note d’alerte sur l’Algérie
par
Mohamed Khellaf
La
situation sécuritaire en Algérie «se détériore» rendant les voyages
dans le pays de plus en plus risqués pour les ressortissants
britanniques, a jugé avant-hier le ministère britannique des Affaires
étran-gères et du Commonwealth dans une nouvelle note de voyage (travel
advice) consacrée à l’Algérie.
Dans cette
nouvelle note, datée du 3 novembre, le ministère britannique a revu à
la hausse le niveau d’alerte au sujet des voyages en Algérie évoquant
les attentats survenus le 29 octobre à Réghaïa et Dergana, qui
témoignent, selon lui, de la persistance de l’insécurité depuis mai
dernier.
Dans cette
version, qui remplace celle du 23 juin dernier, le département de Mme
Margaret Beckett estime que l’Algérie continue de constituer un risque
pour les étrangers et alerte les ressortissants britanniques des
menaces qui pèsent sur leur sécurité, notamment depuis la reprise des
attentats à la bombe et aux véhicules piégés.
Le document
alerte les ressortissants britanniques voulant se rendre en Algérie sur
les risques d’attaque des groupes armés, particulièrement dans les
régions du nord du pays, ajoutant que les derniers attentats dans la
capitale et sa banlieue ont accentué l’insécurité.
Pour étayer
son argumentaire, le ministère britannique des Affaires étrangères
rappelle les attentats aux véhicules piégés perpétrés contre les sièges
des sûretés urbaines à Dergana et Réghaïa qui ont fait trois morts et
24 blessés, selon un bilan officiel.
Le
ministère se réfère aussi à une tentative d’attentat similaire à
El-Harrach tout en indiquant que, depuis mai dernier, plusieurs
attentats à la bombe ont eu lieu en Algérie. La note de voyage dissuade
les touristes britanniques de se rendre dans les villes du nord du pays
et recommande une extrême vigilance à ceux qui seraient obliger de s’y
rendre, notamment dans le cadre de voyages d’affaires.
La note met
en garde contre les déplacements nocturnes par route entre les grandes
villes et dans les régions du nord de l’Algérie en raison des risques
de faux barrages ou d’embuscades. Le texte considère dangereux les
voyages dans les localités de Kabylie, autour de Boumerdes, le massif
de l’Ouarsenis, principalement les régions de Relizane et Mascara, le
sud de Blida, la périphérie de Médéa et également dans les régions
autour de Tébessa.
Selon la
note, ces régions sont réputées pour les attaques sporadiques, les faux
barrages, les enlèvements et les assassinats contre les forces de
l’ordre et les civils. La note rappelle également la menace lancée le
12 juin 2004 par le GSPC contre les ressortissants et les intérêts
occidentaux en Algérie et estime que les attaques contre les étrangers
«demeurent possibles».
Contrairement
à la précédente note, la nouvelle version ne déclare pas la capitale et
les grandes villes du pays comme des régions sûres. Le texte souligne
que le Sahara et les régions désertiques, très prisées par les
touristes occidentaux, n’ont pas fait l’objet d’opérations terroristes
depuis l’enlèvement, en 2003, d’un groupe de touristes européens par le
GSPC.
Outre les
attaques terroristes, la note évoque, pour mettre en garde au maximum
ses ressortissants, la menace du «banditisme, du crime organisé et de
la délinquance» dans les centres urbains, citant les vols à la tire, le
pickpocket, le vol de voitures et les agressions dans des endroits
isolés «menées, y compris par de faux policiers».
Le
département de M. Becket recommande ainsi aux Britanniques de séjourner
dans les grands hôtels internationaux, où la sécurité est assurée, et
d’effectuer leurs déplacements en ville sous escorte. Les deux
dernières notes du Foreign Office contrastent avec les propos tenus par
l’ambassadeur de Grande-Bretagne en Algérie,
M. Andrew Tesoriere, qui avait affirmé en février dernier que le
gouvernement britannique
«a changé positivement» son ap-préciation de la situation sécuritaire,
assurant qu’il
n’y avait plus de recommandations contre les voyages en Algérie.
Z. M.
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