LĠoutragŽ

 
 

 

 

 

 

 


DŽcadence de propos ou propos illusoires.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

GALANE

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

Avant propos.

 

Si jĠavais voulu Žcrire une lettre ˆ mon pre, je ne mĠy serais pas prise autrement.

La prose est compliquŽe, et conditionne les tournures, les styles, elle sĠalambique au dŽtour de chaque rŽflexion, elle dŽverse son trop plein de haine ou dĠamour sans pudeur, elle ne cache plus rien.

LĠhabile masque des rimes habille grandement mme les petites choses, il colore la face cachŽe des mots et farde les pensŽes parfois les plus outrŽes dĠun voile tendre et passionnŽ, il est nŽcessaire.

Il nĠest pas dĠŽvnement que mon pre ait soigneusement marquŽ de sa p‰te de pote. Sa vie se dŽcrypte au fil de ses Žcrits. Il fut Žcrivain solitaire, humble, comme  peut lĠtre un autodidacte, un homme dĠune grande culture, extravagant dĠidŽes, un gŽant contrastŽ dĠhumeurs esthŽtiques, amoureux de la langue franaise et de ses auteurs, amoureux de thމtre et de peinture, un gožteur de lĠextrme richesse de la vie.

JĠai voulu saluer son dŽpart, lui offrir une histoire, riche de mots insensŽs, biscornus, excentriques, telle quĠon aurait pu la lire, il y a seulement cent ans, avant que les dictionnaires se dŽpouillent de leurs richesses pour sĠaccommoder ˆ des temps prŽsents, telle quĠil aurait pu lĠŽcrire, avec fougue, comme moi aujourdĠhui, mais bien plus brillamment.

 

 

 

 

PrŽsentation.

 

Un homme est arrtŽ pour un dŽlit mineur et doit dŽcliner ses nom et prŽnom simplement. Cet homme, lĠoutragŽ, pris dans une tourmente de souvenirs ancestraux, se trouve dans lĠincapacitŽ de rŽpondre simplement. Il explique aux pyrrhocores, (les gendarmes) sa personnalitŽ profonde au travers de ce que furent les siens. O se trouve la part de vŽritŽ ? Un aboyeur de gŽnŽralitŽs se charge donner son avis, il Žnonce des banalitŽs, et en tire des conclusions. Serons nous plus avancŽs ˆ la fin de lĠhistoire ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mise en scne.

 

 

 

 

La scne se dŽroule dans un poste de police. La pice est ŽclairŽe par une fentre et comporte deux bureaux, des placards de rangement en mŽtal, un ordinateur, deux tŽlŽphones, des chaises. Une veste est suspendue ˆ une patre, prs de la fentre. Des affiches sont ŽpinglŽes et occupent le haut dĠun pan de mur. Les stores sont descendus. Des piles de dossiers sont entassŽes sur les deux bureaux.

Dehors, il fait beau, mais a nĠa aucune importance, puisque dedans, il fait chaud.

 

 

 

 

Premire partie.

 

Le pyrrhocore en chef fait irruption dans la pice, il tient fermement par le bras un homme, et le pousse ˆ sĠasseoir  face au bureau  proche de la fentre. Assis derrire lĠautre bureau, le pyrrhocore adjoint est penchŽ  sur un dossier et semble concentrŽ.

Les trois hommes vont marcher et sĠasseoir tour ˆ tour au fil de la conversation, remplissant lĠespace. Le bruit des voix rŽsonne  et crŽe une vive animation.

Le pyrrhocore en chef est un grand gaillard qui porte allgrement la cinquantaine. Il nĠest pas de ceux ˆ qui on raconte des sornettes, et il rassure le prŽsumŽ sur ce point en le lui rappelant souvent. Il a un style direct et entend se faire respecter.

Le pyrrhocore adjoint est plut™t rustre, pour lui, le rglement, cĠest le rglement, et son usage nĠest pas de tourner autour du pot. Il est costaud, replet, le cr‰ne un peu dŽgarni. Il bougonne dans son coin et soupire. Il prend des notes.

LĠoutragŽ est le prŽsumŽ coupable. Il est de taille moyenne, ŽlŽgant, quoi que vtu sobrement. CĠest un gentil fanfaron. Il frise la quarantaine et affiche une santŽ physique et morale dŽconcertante dans ce contexte. Vif et impŽtueux, il se lve souvent de sa chaise, il veut convaincre de sa bonne foi.

 

Le rideau tombe lors de la pause repas des pyrrhocores.

 

 

 

 

 

 

LĠaboyeur de gŽnŽralitŽs :

1re entrŽe.

 

 

LĠaboyeur se prŽsente :

Maxime Paraphe, nŽ De La Fouillotire, grand aboyeur de gŽnŽralitŽs, ˆ titre  hŽrŽditaire :

Transcrit pour la postŽritŽ, la fuite du temps, les Žlans dysthymiques, la jactance inutile, la poŽsie chimique, la mŽmoire ˆ jamais !

Premire gŽnŽralitŽ :

Les dŽdicaces posthumes sont pure illusion. Ce sont des legs autoritaires quĠil faut considŽrer avec mesure.

Deuxime gŽnŽralitŽ :

Les Žmotions transitoires  sont parfaitement transitoires. Qui peut expliquer lĠimpalpable ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le pyrrhocore :

-Vous tes arrtŽ pour avoir sur lĠacmŽ

PeinturŽ de cinabre les murs de lĠarmŽe.

Mines anthropo•des et faces acrocŽphales

Singent grossirement et poussent la cabale,

Au point quĠon vous alpague et que lĠon vous ordonne

De gŽsir chez nous, de passer aux aveux.

Artiste dŽgoiseur  qui pr™ne et qui festonne,

Des escobarderies tirŽes par les cheveux !

MisŽrable escobar, menteur casuiste,

Cessez ces fantaisies de faiseur de bons mots.

Nous sommes renseignŽs et dŽjˆ sur la piste

De vos incartades quand vous Žtiez marmot.

Donnez donc vos chaussures boucles et ardillon,

Et dites sans dŽtour vos noms et vos prŽnoms.

 

 

 

LĠoutragŽ :

Si contre le muret je ne mĠŽtais cognŽ,

Si je nĠavais mimŽ de faon grotesque,

Vos manires de courir qui sont burlesques,

Et quĠˆ chasser ailleurs vous fžtes occupŽ,

Je ne serais pas ce soir, mme rŽsignŽ,

A narrer haut et fort ce que furent les miens

Avant que je naquisse, dans les temps anciens.

 

 

Le pyrrhocore :

JĠapplique exclusivement le protocole.

NĠallez pas vous perdre en brumes bouillasseuses

Pour me servir des souvenances vaseuses

Et pariŽtales dĠhommes cavernicoles !

 

 

 

 

 

 

 

 

LĠoutragŽ :

Mais je ne voudrais pas g‰cher votre sommeil

En dŽcrivant comment je revins du Bantou.

Soit, je fus sybarite, enfant de manitou,

Doreur de manuscrits dans leur coffret vermeil,

Parant de robes fauves les Žcrits poŽtiques,

Grand avaleur de sabre, ˆ Bago Yoma,

Crieur de noms barbares, en tenue dĠapparat,

Sur le perron ornŽ dĠune illustre Didon

En marbre blanc teintŽ de veines nacarat.

Je peignais la truffe dĠanimaux fantastiques

Sur les solives brunes en bois de Panama,

Ou quelque ProtomŽ  opale ou cŽladon.

 

 

 

Le pyrrhocore :

-Certes, le vogoul est rare, et je suppute fort

Bien que baratinant de faon orthodoxe

Vous tabutiez mal et fantasiez ˆ tort.

Monsieur soliloque  jusque-s-au paradoxe !

Ensuite il sĠŽvaltonne, Žgo”se ˆ tout va.

Je suis aplapourdi et je mĠemberlucoque.

AttiŽdissez vos dires ensemŽs de pŽtoffes !

Ainsi vos ver-coquin sont propos concolores

Ou phantasmasies pures que vous croyez encore,

Geste de rodomont, bŽgauderies loufoques.

Mais nous occulons peu et nĠouissons toujours pas

Le nom de vos a•eux, sinon de quelle Žtoffe

Ils  chaussaient la profoss, badouillaient chez le czar,

Dansaient le sirtaki, enfin  tout le bazar

En risquant le dŽcri, lĠopprobre  et le trŽpas.

Nous direz vous en grec ou bien en nŽpalais

Depuis quand et dĠo venez vous sĠil vous plait ?

 

 

 

 

LĠoutragŽ:

Si je savais, monsieur, par quel bout commencer,

Si je tenais seulement  le dŽbut, une esquisse ?

Mille ans se sont passŽs avant que je naquisse,

Avant que je pusse voir mes parents me bercer.

Mes a•eux naviguaient en mer Adriatique,

Chevauchant dans lĠOural les montagnes gelŽes,

Sondant les entrailles de la montagne PelŽe.

Amoureux excessifs de hasard pathŽtique.

Ils se gorgeaient de soufre, se drossaient aux rochers,

Dans les sombres rivires au flot tumultueux,

Piquaient des palis ou bien de larges pieux,

Puis guŽaient savamment en levant les archers.

Ils sĠinitiaient  aux danses et aux cultes profanes,

Ramenaient des trŽsors et des chiens famŽliques,

Chassaient les ours bruns, le Kodiak dĠAmŽrique.

Soucieux de faonner leur gloire mythomane.

Mon pre, disait-on, avait sauvŽ la vie

DĠun troupeau de nomades qui partait au Liban,

Qui venait de Russie, dĠInde ou de Moldavie,

Et qui voulait se battre, pour des braves gens.

 

 

 

Le pyrrhocore :

Je redis ma question ! Mais dĠo sortez vous donc ?

A glaner vos a•eux dans ce triste abandon.

On sĠinquite un peu de lĠintŽrt nŽgligent

Que vous semblez porter ˆ tous ces sŽnescents,

Et qui sont ˆ lĠenvers de parents adjacents.

Dites moi simplement qui est votre pre,

JĠentends, son identitŽ, quelques repres.

 

 

 

LĠoutragŽ :

Mais qui Žtait mon pre, dans ce passŽ troublant ?

Etait-il arbadji coiffŽ dĠun long turban,

En gutres ˆ longs crochets, ceint de t™le dĠargent,

Portefaix dĠIstanbul ou turc de Monastir

IntrŽpide cavalier en monture dĠƒpire

Qui buvait la vodka dans son outre de cuir?

Fut il Grand vizir coiffŽ de mousseline,

Ou tel ami Jarnac dans les troupes en guerre ?

Dineur de strogonof, amoureux du raki,

De meze ŽpicŽs aux couleurs de safran,

De miel dĠAnatolie et sublimes galettes,

De fruits mžris en tas, des plats de statsiki,

Ou bien itinŽrant dans les sombres fascines,

Dans lĠempreinte boueuse de quelque terre,

DĠun peuple noctambule aux ombres violettes.

 

 

 

Le pyrrhocore :

Mon collgue et moi sommes interloquŽs

Nous nous attendions ˆ beaucoup de tiŽdeur

Au lieu de cela,  vous jetez votre esprit dans

Un Žtat dĠŽrŽthisme puissant, une ardeur

Infinie, et tenez des propos abondants

Pour nous servir une foule de vŽtŽrans.

DŽcrivez votre pre avec cŽlŽritŽ

Nous tenons ˆ conna”tre votre hŽrŽditŽ.

 

 

LĠoutragŽ :

Il portait un bonnet de nankin jaune franc,

Un turban magnifique, un regard superbe.

Il nĠavait peur de rien et cueillait au hasard

Plantes et lichens pour la couche nocturne.

Sous les tentes o lĠon couchait dans lĠherbe,

Insignes du janissaire et coiffes de hussard

Fr™laient  sur le sol la rangŽe de cothurnes.

La mousse piquŽe dĠinules par milliers,

Comme les algues dorŽes que la mer  berait

Au rythme du ressac au murmure langoureux,

Abritait artilleurs et autres cavaliers

Dont les flžtes plaintives et les chants douloureux

Accompagnaient lĠarmŽe et le jour qui perait.

 

 

Illustrations :

Plume et aquarelle.

Tableau 1 : coupe longitudinale du pyrrhocore

 

 

 

 

 

 

Le pyrrhocore :

Certes, de ces luxures et ces galimafrŽes

  zouaves et turcs se vautraient par milliers

Vous connžtes sans doute quelque douce embellie

Et dans ces thŽba•des, ces routes sablŽseuses

Aux toiffeurs indiscrtes, du ciel dĠAnatolie,

Vous režtes sans doute la honte et le blasphme

Des lectures excentriques et mal dŽchiffrŽes

Les rŽpliques  ordinaires des apocos pompiers

Et enfin les remarques senties et peu oiseuses

DĠun a•eul cacochyme ˆ lĠhumeur abstme !

Pourtant pointe en vous, une ‰me sensible,

Qui dŽcrit lĠŽphŽmre, le rien, lĠimperceptible.

Vous tes le petit-fils de ces pres outrageants,

Vous comprenez pourquoi nous sommes exigeants.

 

 

 

LĠoutragŽ :

Oui, je suis de ceux-lˆ, car mon arrire grand-pre

Descendait de Hongrie par la branche cadette.

Lui mme, dont le frre qui avait pour ami

Un certain Guillaumet, nŽ de La Fouillotire,

ƒpousa en secret, la sÏur de son beau-frre.

Ils eurent treize enfants en quinze ans et demi,

Lesquels sĠŽparpillrent sur toute la plante.

Trois filles naquirent aussi, brodeuses en dentelles

LĠune mourut en Ukraine, les autres en Moldavie.

Leurs bambins officirent tous auprs du sultan.

LĠun fut vo•Žvode, prince de Balkanie,

LĠautre fut janissaire descendant dĠhospodar.

Le troisime arracha, ˆ lĠextrme limite,

Le titre de vizir, mais il mourut trs vite.

LĠor coiffait le rouge des robes de gazelles

Et couvrait lĠindican subtil des ombrelles.

Ils arboraient firement les noirs Žtendards

CostumŽs de taffetas garnis de zibeline,

La pelisse incarnat piquŽe de renard blanc.

 

 

 

 

 

Le pyrrhocore :

QuĠimporte lĠincarnat des robes de nabab,

Le tissage rugueux des pites sauvages

Le timbre de mŽtal donnŽ au malika !

SĠil nous fallait portraire, depuis le primidi

Toutes les ripailles et ces temps de cocagne

Dans lesquels nos illustres anctres bambochaient,

Nous nĠaurions pas assez dĠun tronc de baobab

Pour pouvoir nous gaudir de ce lantiponnage

O bŽgaudaient pŽcores et pattes-pelues !

A se galantiser, ˆ danser la polka,

Vos a•eux sĠahontaient jusque-s-ˆ nonidi.

Ici bas, point de joute ni de vŽronique

Pour ces forfanteries, vous nĠirez pas au bagne !

DŽsignez vous coupable, et puis nĠen parlons plus.

 

 

 

LĠoutragŽ

Mais je nĠai pas tout dit, et il est mal aisŽ

De rŽduire en un mot ou dans une apophthegme

Les empreintes glorieuses de mes devanciers.

Voyez vous, et je garde lˆ mon flegme,

LĠhistoire de ma famille nĠest point billevesŽe.

Du reste, aprs avoir dŽcrit leurs asiles dorŽs

Je donnerai les noms de leurs crŽanciers !

Ils  connurent la faim en terre de Valaquie,

Et les repas bizarres arrosŽs de tafia,

La corbia roumaine, les viandes de Turquie

Dans des plats disposŽs sur des toiles bizarres.

Puis ils se pagnotaient car ils Žtaient amorphes,

Farcis de pyrrhocores, et dĠagrions barbares.

Les hussards traquaient la gente lagomorphe.

LĠAsie offrit sa terre et ses bonnes manires,

LĠesprit curieux, vivace, celui de mon pre.

 

 

 

Le pyrrhocore :

Nous voici en Turquie, mais diable en quelle annŽe ?

Vous perlustrez le temps comme dans un scŽnario.

Rien ne dŽlustre lĠŽclat des parentles

Que vous dŽpenaillez pourtant avec brio.

Pris sous le charme de ces aventuriers,

Des intrigues hardies nombreuses, surannŽes

JĠen oublie lĠessentiel. Et votre esprit cautle

De vains Žvnements quĠil faut  inventorier.

Quelle autre chalandise mĠallez vous chercher

Pour quŽrir du nouveau et sans trop rab‰cher.

Nous traitons dans le bref, le sommaire, le concis

Vous faites dans le grandiose, loin du raccourci.

 

 

 

LĠoutragŽ :

Il faut dans ce fatras de souvenirs confus,

Remonter notre histoire depuis le dŽbut.

De cette Asie prospre, longeant la mer Noire,

Il fallut fuir un jour et gagner la Turquie.

PensŽes burlesques, ‰mes itinŽrantes,

Facis anglicides, mines de Burgrave

Faces patibulaires de mimes graves

MŽditent en caravanes inquiŽtantes.

Une brune HŽta•re au tussor jaune criard,

AurŽolait ses seins de voiles incandescents,

Cernait de kh™l sa bouche, sous  les yeux Žgrillards

DĠun peintre atrabilaire au tarin turgescent.

 

 

Le pyrrhocore :

Si vous vous infatuez de choses vaines,

Je ne vois pas dĠissue !vous tes un phrasier

Expert, mŽritant, certes, mais pour rassasier

Un esprit trs simple avec ces fredaines

Vous nĠavez pas besoin dĠaller incidenter

Dans des lieues Žtendues, de tout ornementer !

 

 

 

Le pyrrhocore adjoint :

Je notais le facis de ces braves Žtrangers

Mais le vocabulaire est trop excentrique

Ainsi je noterai dans la faune exotique

Les gens et les insectes, sans vous dŽranger.

Je mŽlange un peu dans ce qui tourne en ronds

Si ce sont des danseurs ou bien des papillons.

Bref, avec vos mŽtaphores, je suis abasourdi

Pourtant le chef mĠa dit que je suis dŽgourdi !

 

 

 

 

Le pyrrhocore :

Continuons sĠil vous pla”t le voyage en Asie

Et ne me notez pas toutes les fantaisies

Ni les finoteries de langage. Le sieur

Est attifeur dĠexploits superbes arraisonnants

Qui emparadise un rŽcit impressionnant !

Et dans lĠart de sŽduire, monsieur est un manieur,

Sinon un esbroufeur prompt ˆ se dŽtraper

Lorsque la dŽfortune le force ˆ sĠŽchapper.

DĠailleurs lĠinspiration  semble lui revenir

Et fol‰tre gaiement ! Que va-t-il advenir ?

 

 

 

LĠoutragŽ :

Un oiseau de malheur, un freux probablement,

SĠenivrait dans des cercles Žtroits de columelle,

Et comme la corolle large des derviches,

DŽployait lentement ses ailes en dansant.

Un pope, un prtre, un sage bien pensant,

DŽtournait lĠattention, pointait le firmament,

Offrait, pour les punir, aux ‰mes ŽgarŽes,

Une cupule azurŽe au dessin dĠUrodle

Pour rŽcolter des pices, sinon un bakchich.

Foin des hyponomeutes et tapis dĠattagnes,

LĠattisoir  ˆ grands feux repoussait lĠagrion,

Les papillons dĠargent, les insectes sans gne,

Mon pre dŽclamait les chants dĠun histrion.

 

 

 

 

 

Tableau 2 : lĠoutragŽ, de dos.

 

 

 

 

 

 

Le pyrrhocore :

Et vous naqu”tes quand ? Car vous voguez toujours

Dans des contrŽes lointaines o nul ne survit,

O fauves et insectes se mlent nuit et jour,

O lĠon bržle les plaies ˆ grands coups dĠeau de vie.

On vous dŽcrit hargneux, insane, rŽsolu,

Vous voilˆ pantophile, le sŽide absolu.

Vous changez de couleur tel un camŽlŽon

En  grimant votre face dĠun masque de limon.

Vous dŽcrivez, m‰tin, des allŽes dĠellŽbore,

Un ciel iridescent sur une mer Morte.

Vous tes un fanfaron, un poltron matamore.

Allez vous longtemps nous narguer de la sorte ?

Allons, confiez nous vos secrets,  dolcissimo.

 

 

 

LĠoutragŽ :

Ce nĠest pas si facile de dire en quelques mots

Ce qui dura des vies. Pour changer de pays

CĠŽtait toute une histoire,  car il fallait quitter

Les aigrettes royales, chausser le tapabor

Aux rabats ombrageux ou se draper encore

Du burnous cramoisi  des cavaliers spahis.

Du sarouel ŽlŽgant ˆ lĠindigo profond,

Se parer du long chche qu Ôil fallait apprter.

Les houseaux de cuir fauve, dŽtail pittoresque,

Dansaient sur le cheval sous le soleil ttu,

Et ornaient  de ses feux toute cette fresque.

On maniait la dague ou bien le pistolet

Et le chant des soldats au rve de victoires,

RŽsonnait de dialectes et de notes pointues.

 

 

 

 

 

 

Le pyrrhocore adjoint :

Je mĠessouffle ˆ suivre mais je ne comprends pas

Tant le discours est complexe et difficultueux

Cet homme  songe-creux sĠŽjouit de chimres !

Je suis affriolŽ par ses agaceries

Et gožte avec envie tout ce quĠil Žnumre.

Le rve des tropiques est un furieux appas

On se pla”t ˆ tra”ner dans la musarderie

DĠautant que le conteur est plut™t talentueux.

 

 

 

Le pyrrhocore :

Nous ne finirons pas si vous coupez toujours !

Avanons, mitigez votre beau discours.

 

 

 

LĠoutragŽ :

On vivait dĠeau de source et dĠamours ancillaires.

Pour faonner un homme, il faut beaucoup de temps.

Le gožt du voyage est-il hŽrŽditaire ?

Fallait-il ces sŽjours, ces drames intermittents ?

Mon pre hŽritait, lˆ un bijou sŽculaire

QuĠil reut de son pre et de ses grands-parents.

Il apprenait des textes, Žcrivait des chansons,

Passait les guŽs Žtroits, les livres sur la tte,

Car il Žtait aussi  apprenti livrier.

Quand vinrent enfin les ondes, les gaines cuprifres,

Il classa les histoires que le monde indiffre,

Et chassa de ses nuits les terribles insomnies,

Comme jadis les insectes et tous les charanons.

CĠest en Bessarabie que la fivre le coucha.

Il souffrait dĠalastrim, dĠalbugo, dĠanosmie,

Il fallait dire adieu ˆ la vie de pacha.

Adieu le ciel dĠAfrique aux teintes anilines !

Seules les pellicules aux vapeurs argentiques,

Chosifiaient lĠirrŽel, le rve des tropiques

Et montraient  sur lĠŽcran zabres et sarbacanes

Dont lĠodeur imprŽgnait la mŽmoire ˆ jamais.

Il  fallut pour guŽrir et rire, de longs mois.

Et quitter les pays aux insectes mortels.

LĠa”nŽ de la tribu devenait un anctre,

PuisquĠune autre tribu Žtait en train de na”tre.

 

 

 

Le pyrrhocore :

Rabobinages et quitteries me paraissent congrues,

Et la callipŽdie me para”t fort honnte,

Mais cette  parlerie dont vous confabulez

Me picote et forlonge  trop ma comprenette !

Vous forcenez, mon cher ! Et votre bavardise

NĠest que vaine jactance et de lĠimprovisade !

Mais voilˆ, je suis las de faire le pied de grue.

 

 

 

LĠoutragŽ :

Vos privances mĠobligent ˆ pourpenser !

O en Žtais-je ? ˆ force de regabeler

Et de fatrasser,  je mĠuse et fantastique.

Mes turlipinades  qui sont si gŽnŽreuses,

 

 

 

Le pyrrhocore :

Se panadent de faon  bien hasardeuse !

 

 

 

LĠoutragŽ :

Vous tes une gne aux prouesses icastiques.

Et si vous dŽprisez, je vais noctambuler !

 

 

Le pyrrhocore :

Certes, je me condoulois et je vous congratule

DĠafficher tant dĠesprit  ˆ ces septembrisades.

Cessez vos lourderies, car vous soliloquez !

Nous nĠallons pas tomber dans la logomachie,

Mais je vais rognonner si vous Žquivoquez !

Vous esquichez ? O est votre faconde ?

Tiens, monsieur  tapinoise et fait le cou de grue ?

Faut-il que vous dindonnassiez une seconde,

Car vous dŽbagoulez par trop la monarchie !

 

 

 

LĠoutragŽ :

Je me rencogne, et puis je contre-pique,

Du reste je mĠŽtrange et  mĠassotiserai.

Voyez la fruition lorsque je me conjouis !

Vous mĠhouspillez, cĠest vrai, je vais donc impugner.

Contre-biaisez, et tintouinez mes rŽpliques,

Je mĠopignonerai et reste  immarescible !

 

 

 

Le pyrrhocore :

Tout doux, je pourparlais. Vous voilˆ irascible.

De vos fatras dĠidŽes, je pige que bernique !

Si vous pouviez obvier et moins opini‰trer ?

On peut sĠalambiquer sans autant trŽpigner !

 

 

 

 

 

 

Tableau 3 : esquif sur la mer Noire

 

 

 

 

LĠoutragŽ :

Bon, je vais continuer et bien moins chevaler.

Les a•eux de ma mre venaient de Laponie.

Sous les peaux des vuobis dĠun blanc immaculŽ,

Ils portaient la tunique au cuir chamoisŽ,

Et recouvraient la chair comme font les animaux

DĠun pelage fourni ˆ la rudesse exquise.

De lĠocŽan glacial, aux confins de la terre,

Ils retiraient leurs proies, ils en Žtaient fiers.

Et dans ces pŽninsules aux langues dĠAkkala

LĠhomme et lĠanimal vivaient en harmonie.

Sur la plaine glacŽe, les pattes dĠongulŽs,

Les traces du renard recouvraient  la banquise

Et le regard aigu du lynx ou des vieux loups

Faisait ressurgir les fables, les vieilles peurs.

Au dessus de la mer, de jeunes lagopdes

Se laissaient dŽriver vers les plaines arctiques,

Et  fondaient leur plumage dans les cieux ŽculŽs.

 

 

Le pyrrhocore :

Ces nouveaux Žvnements, sont-ils parachroniques ?

Car vous procrastinez et cataglottisez !

Ces samits au cÏur fier, ces chasseurs, ces trappeurs,

Est-ce du baragoin, une ruse battologique ?

Ca, vous mĠaffriandez, mais nĠavancez  beaucoup !

 

 

 

LĠoutragŽ :

CĠŽtait en mille huit-cent, dans le septentrion

Vous voyez, nous avons quittŽ les centurions ;

Il faudra bien des ours et des nuits antarctiques

Des chasses aux pygargues au long panache blanc,

Des pches au harpon sur la mer Baltique,

Pour franchir les rivires et les lacs gelŽs.

Sous la blanche beaska, en peau de miessi,

Les rubans  de couleurs dŽjˆ apparaissaient,

La jupe longue et molle, en popeline dĠŽtŽ

Apportait ˆ ces claires  nuits interminables

Un gožt dĠherbe naissante, de douce voluptŽ.

Les mocassins frappaient la steppe roussie,

Les robes bigarrŽes sĠŽlanaient et dansaient.

Les coiffures bleutŽes de formes ogivales,

Mettaient au dŽfi les crtes sagittales,

Se frottaient aux fourrures de rennes grivelŽs,

Et montrait moult postures dŽraisonnables.

 

 

Le pyrrhocore :

Monsieur est ˆ nouveau gracieux et composŽ !

A force de bredauler et de vous arriŽrer

Je vais m Ôassomeiller, me voici abusŽ !

Monsieur papillonne ou bien mŽtaphysique

Quitte lĠAdriatique, et la mer dĠAsie

Pour se laponiser et chasser les lemmings !

Vraiment la signifiance devient rarescente.

Avec  ses rotations, il me fait des loopings !

 

 

LĠoutragŽ :

Je suis un nyctobate et ne matoise point.

Les mauclercs malveillants et les outrecuidants

Ne sont pas mes amis, pas plus que les pŽdants.

T‰cher de retenir en termes mnŽmoniques

La belle parentle que je vous communique

Et leurs longues pŽrŽgrinations en appoint.

 

 

Le pyrrhocore :

Pour peu de malenchre, on va fanfrelucher !

Dans le dazibao, voir vos noms sĠafficher

Et lire en quelque marge dĠun acte posthume,

Une apostille  en turc ou langues ougriennes.

Sur la haute clepsydre, les heures sĠŽcoulaient,

Et les hoirs guignaient leur part lŽgitime

En piquant de mots vifs telles ustilaginales

Tandis-que lĠon plumait lĠantŽdiluvienne.

Sans doute allez vous dire comment ils sĠappelaient ?

 

 

 

LĠoutragŽ :

Je trouve votre sortie des plus originales.

Je batifole, certes, mais jĠhonnte ˆ la fois

Est-ce ma faute ˆ moi, si les miens Žtaient rois,

Zamboureks amoureux de lances fŽodales

ImportŽes de la Gaule de faon triomphale !

Je mĠŽbourifferais  ˆ lĠidŽe peu banale

Que vous  avocassiez sur mon sort, toutefois,

Ma qute, ma dŽmarche nĠest point concupiscible

Vos soupons me contristent et sont incoercibles.

 

 

 

 

 

 

Tableau 4 : Illustration ˆ la plume et aquarelle.

Le trisa•eul

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le pyrrhocore :

CĠest vrai, oui, jĠen conviens, je suis ridicule

Nous sommes en dorka et non en subucule

Vous pouvez  historier et aussi impŽtrer.

 

 

 

LĠoutragŽ :

Je claustre et vais t‰cher de moins enchevtrer.

Oyez dans mon idŽe, celle dĠun glossographe,

Qui dŽmarche et dŽbrouille parmi ces cacographes

Dans la joute des termes  la moindre aporŽtique,

Et tente dĠenrayer mes Žlans dysthymiques

IdŽer, retirer ces Žpois qui encombrent la tte,

Frayer, dans le passŽ, une petite fentre

Voilˆ de quoi endŽmener plus dĠun !

Je vais me relaisser, dans des lieux opportuns,

Retrouver le drap rouge ornŽ de fils dĠŽtain,

Les aurores borŽales et les chiens de tra”neau.

Sous le ciel Žlectrique aux couleurs violentes,

Les forts de bouleaux, les cheveux de lichen

Que la bise glacŽe berait dans  la tourmente,

Abritaient les maisons  aux coiffes dĠalbumen.

Sous la houppe apicale, les cheveux ramassŽs,

Tendaient la peau ridŽe que le froid ravageait.

Pour quŽrir sa lignŽe, et les noms du passŽ,

Dans quelque document quĠil fallait vidimer

CĠŽtait  une navrance car nul nĠŽmargeait.

 

 

 

Le pyrrhocore :

Tant de grandisonance prte ˆ victimer !

Nonobstant, ces futiles  escobarderies

Ces turlutaines et  ces calembredaines

Sont propres ˆ risquer  un savant  cafouillage.

Tant™t vous sŽmillez, et faonnez tout doux,

Vous feignez lĠexorable malgrŽ votre faillance,

Tant™t je suis accois par la munifiscence,

Fr™le la convoitise et la concupiscence.

Les samits de Kola vont-ils en patinage

Apostiller vos actes, signer des billets doux,

Ou  bien nous coudoyer vers plus de dŽfiance !

Allez vous expliquer, comment en tannerie,

Les peaux de miessi  se faonnent  en capes

Pour les haricoter par les monts et les plaines ?

A moins que vous jactiez de faon si soudaine !

 

 

LĠoutragŽ :

Quand je confidente, je deviens dŽtailliste,

Et monte en altitude, considŽrablement.

Quand vous me contemptez, comment faire autrement ?

Faut-il  taire ma morgue et jouer les fatalistes ?

Il me faut raconter, fi de la roguerie,

LĠaventure insolite que vŽcut mon grand-pre.

Je vous confiais, tant™t, quelle Žtait sa naissance,

Et comment il jouait de lĠart sŽmantique.

A peine avait-il franchi une frontire,

QuĠil dominait la langue, et  les bonnes manires,

Forait lĠadmiration gr‰ce ˆ son Žristique.

Un jour quĠil devisait avec un fanariote,

Un coursier, malanquin au casque ˆ aigrettes,

Vint et lĠinterrompit par une phrase sotte.

Il se mit ˆ parler de faon singulire,

Lui disant quĠil venait du lac Irani,

Etait chasseur de phoque au trou en Laponie.

Il avait ŽmigrŽ, vendait des aiguires,

Des tables de zelliges aux pieds de fer forgŽ.

Il tenait ˆ la main  un pieu ŽbiselŽ.

Nul ne savait encore qui lĠavait hŽbergŽ,

Pourquoi il prononait ces phrases atonales.

Tel le cŽlbre oiseau aux plumes polychromes,

Il rŽpŽtait des mots de faon machinale,

Puis soudain sĠarrtait, pris de mussitation,

Et couvrait son visage de ses noirs oripeaux.

Sa grande bouche bŽe se mettait en prire,

Et son regard perdu de mainte hŽsitation

SĠadressait chaque fois aux yeux de mon grand-pre.

Le rythme de ses mots Žtait sons homophones.

 

 

 

Le pyrrhocore :

Mais cĠest mŽsavenant, quel est ce partroublŽ ?

Ce vendeur de zelliges Žtait marchand de peaux ?

De quel songe oisif se pla”t-il dĠodorer ?

Quoique je me dessoucis de ses Žvagations,

Je trouve ce pauvreteux ŽloignŽ des sultans.

Il cherche patemment quelque patricotage !

Pouvez vous parlustrer en justes proportions

Les Žlucubrations de ce vieil accablŽ ?

Soit, je mĠembarbouille, je nĠattendais pas tant.

Ce boyard fanariote, qui venait implorer,

Venait-il prŽlever sa part dĠhŽritage ?

Ou, zŽlote endiablŽ, croyant  faire ripaille,

SĠamuse comme vous ˆ faire des rŽmoras.

 

 

Tableau 5 : le chien famŽlique

 

 

 

LĠoutragŽ :

Oui, cette lallation  outrait lĠentendement

La dite mutitŽ  nĠŽtait pas maladive,

Mais le produit dĠun moine polypharmaque

Qui sĠembŽguina de manire tardive

A faire des remdes pour quelque tousserie.

Ainsi, ce moinillon, qui Žtait caliborgne,

Versait au chantepleure sa petite besogne

Dans une jatte en fer blanc, car il voulait vraiment

Parfumer la cupule dĠeffluves sandaraques.

Il citait du Plutarque pendant ses oraisons.

De la flore murŽenne, tirait des sucs savants,

De sorte que ses ouialles tombaient en pamoison.

Le pauvre fanariote qui venait pour prier

SĠŽtait amourachŽ  de liqueur du murier !

 

 

 

Le pyrrhocore :

En fut-il ahonti et tout brindezinguŽ ?

Ce fin spiritueux Žtait fort misologue

Et poussait ces loustics ˆ se polissonner !

Ils se croyaient sans doute mystagoguŽs,

Croyaient-ils abonnir, ferrer, embŽguiner,

Et gr‰cieuser le  clan finet des Ïnologues !

 

 

 

LĠoutragŽ :

Certes, le moine avait mis, ˆ coups de lche-doigts

Des artifices propres ˆ mŽdeciner.

Ceci dŽclencha la joute logomachique.

Certains voyaient se gondoler les piŽdroits,

DĠautres lĠaccusaient dĠuser de la colchique,

Ils devenaient quinteux, propres ˆ bassiner !

 

 

Le pyrrhocore :

JĠincidente, et honnis ce coquin, ce curŽ,

Qui sous des airs humbles, farcis de simplesse

Envenimait rustauds, les bŽnins, les dŽvots.

En somme ce pontife, cet homme bien-disant,

En robe zonzoline, Žtait un exaltŽ,

Un cuistre curatif sans amabilitŽ !

Fut-il rŽculŽ, reclus dans un cachot ?

Mais votre fanariote, Žtait dŽfortunŽ

Et prompt ˆ accagner cet abalourdisant ?

NĠa-t-il pas fleurŽ ce chaland de dŽtresse

Et poussŽ ce nigaud dans une chausse-trape ?

Les marauds ne sont pas de ceux que lĠon attrape.

 

 

 

LĠoutragŽ :

Il fut pris dĠun dŽlire et fut logorrhŽique.

Il Žtait accouardi, mais il nĠesta personne

Il lui fallait enter, quŽrir, vespŽriser

Et ragoter bien haut dans tous les bigophones.

Plut™t que clabauder et de dŽblatŽrer,

Il  se mit ˆ rimer, ceci, sans dŽpriser

Et prŽfŽra virer vers la romancerie,

Car cĠest dans cet esprit quĠil quitta sa patrie.

Il quittait lĠŽtendue des montagnes nordiques

Et voulait  commercer en mer adriatique.

Il conquit le marchŽ du meuble oriental

FaonnŽ de bois rares et de belles essences

Dont il apprit les noms, conut un glossaire.

Il connut le sultan et sa garde ˆ cheval,

LĠamour du balata et son Žrubescence,

Et fut ornementeur  chez tous les janissaires.

 

 

Le pyrrhocore :

Diantre, ce disparate a quittŽ lĠindigence !

Ainsi, ce sŽcheron fut plut™t congŽnial.

Car, esthte  affaireux, ne fut abigoti

Que le temps dĠaccouinter des sultans gŽnŽreux !

Pour une amulette, il taillait  des crŽdences,

Mme dĠune souche dĠun terrain diluvial !

Etait-il dŽcouvreur de bois morts malandreux ?

Ou chasseur indigne, traqueur de wapiti ?

 

 

LĠoutragŽ :

Il nĠaurait pas impŽtrŽ un dimissoire !

Il sĠappelait Olsen et se donna un titre :

Prince de Laponie, ce qui fut dŽlusoire.

Il avait celŽ dans un petit pupitre,

Les secrets des tours, guillaumes et gimbardes

Car il se mŽfiait des oreilles mouchardes.

CĠest ainsi quĠil prit une bonne gouverne

DĠŽcrivailler de tout mais de bien dŽparler,

Il ne fut jamais de ceux qui se prosternent.

 

 

 

Le pyrrhocore :

Dans ce brouillamini, je lorgne un pis-aller

Dans la fabrication  habile de caquetoires.

 

 

 

LĠoutragŽ :

Olsen, expert en bois, curieux ŽbŽniste,

Etait un pote, rimeur ostentatoire,

Croqueur ˆ grands traits, artisan fusiniste.

Il usait dĠamourette et de lĠÏil de vermeil.

Il avait notŽ, sous forme dĠacrostiche

En lettre de cang jie, le bois de Patawa,

Dont les palmes brodaient les frles corniches,

En robe fine et sombre dĠun jais de kawa.

Le bois de tamanou des terres Maho•,

LĠamarante prŽcieux, le  rouge moutouchi,

Faonnaient les divans, les meubles futiles.

LĠincarnadin du bois, senteur magistrale,

Forait de teinte rouge les archers de boco,

Et soufflait un air chaud, un vent de sirocco.

Le goujon dessinait  les lettres ŽlancŽes

Des hampes du thuluth si particulires.

Pour quelques piastres  encore, lĠhabile fantaisiste

Ornait un laminoir ˆ feuilles de papier.

 

 

 

 

Le pyrrhocore :

Kawa et tamanou sont des combrŽtacŽes ?

Tout ce baguenaudage a de quoi mĠengamer !

 

 

 

LĠoutragŽ :

Non, ce sont les framires, pourquoi se paumer !

Ai-je dit saxifrages crassulacŽes ?

 

 

 

Le pyrrhocore :

Je me tance et tortille, vous pouvez cailleter.

 

 

Tableau 6 : Yallah, chien de La Fouillotire

 

 

 

 

LĠoutragŽ :

Pardonnez, je bravache jusquĠˆ mĠembarbotter.

Donc, ce pote rveur, ce vieil Žcrivassier,

SĠintroduisit gaiement en homme intelligent

Chez tous  les potentats, cela, andantino !

Mon a•eul fut conquis, il comprit sa faconde

Et son art merveilleux. Il  se fit ouvrier,

Orna dĠun tour plaisant les  graves octobasses,

Attifa  laminoirs et lourds harmonino

De fresques chargŽes de floribonditŽ.

Il atourna de cuir et de lettres dĠargent

Douze bergres  aux volutes splendides,

De larges ottomanes de toiles damassŽes,

FanŽes sous les soleils et les vies agitŽes.

Sur le velours fauve des tentures drapŽes,

Des  embrasses soyeuses de fils chamarrŽs

Se mlaient aux plis de manire languide.

Les riches parures  venaient de mille lieues.

Pieds nus sur le kilim veloutŽ de soie bleue,

Le ma”tre semblait glisser sur  toute chose

Il respirait le miel des parfums huppŽs,

Du souffle de lĠargan et dĠar™mes poivrŽs,

Du fumet de lĠencens, des pŽtales de rose

Et qui sĠenrichissait du bouquet fluide

De notes boisŽes et de senteurs florales.

 

 

 

Le pyrrhocore :

Sont-ce des craqueries que ces  gracieusetŽs ?

Un tabletier lapon sĠatte aux Ïufriers

Hume la douceur des brumes vespŽrales

Et, verbiage soudain, sĠoffre, sĠoblatise

Pour un vieillard amoureux de boiserie.

Il sĠentiche du samba, des marqueteries

SĠenflamme, venvole, et vaillantise,

Pour la nature dĠun buste chrysŽlŽphantin

Ou creuse ˆ la gouge dĠun geste enfantin

Empreintes feuillues et tiges amplectives !

Que cet ultramontain ˆ lĠhumeur Žtale

RenchŽrisse et lustre  ce qui scintille

Et votre a•eul  enchante, accro”t, sŽmille

Et tisse de ses mains, telles bufetteries,

De fils dĠor et de cuivre toutes les moulures,

Formes exubŽrantes, malicieuses tournures.

 

 

 

LĠoutragŽ :

La passion de lĠa•eul  et du fanariote

Se trouvait dans les mots et dans les notes.

La musique et le chant emplissaient lĠatelier

On se congratulait  autour de lĠencrier.

 

 

 

Le pyrrhocore :

Voilˆ que ces sculpteurs valŽtudinaires

Vont nous pousser ˆ lĠachat dĠun dictionnaire !

Monsieur est farfadet ? Je reste Žquanime

Je ne vais pas dŽbiffer pour quelques rimes

Notre harmonie, du reste,  jĠopini‰tre

A exciter, aiguiser  mon esprit et fol‰tre

A lĠidŽe dĠaccointer vos stylistes,

La charmerie lyrique de vos feuillistes !

JĠentends atermoyer  pour suivre les arcanes

Des jeux langagiers en auditeur  profane.

Soit, je mĠamabilise, et jĠadonise

Vos alambiqueurs, et votre vantardise !

De quelle branche dŽjˆ, tes vous hŽritier ?

Vos a•eux sont chasseurs, soldats, mŽnŽtriers ?

 

 

 

 

 

LĠaboyeur de gŽnŽralitŽs :

Deuxime entrŽe.

 

Ce jaseur outragŽ est enclin ˆ discourir jusquĠˆ la pŽnultime !

JuchŽ sur le perron le crieur odore la nonchalance et les vains clabaudages, les gourderies de la pensŽe.

LĠoutragŽ hŽbte son discours en phrases abstruses.

Premire gŽnŽralitŽ :

Imboire lĠesprit de ses anctres est pure navrance.

Deuxime gŽnŽralitŽ :

A force de lanterner dans la jacasserie, on rapetisse la comprenette.

 

 

 

LĠoutragŽ :

Pardonnez ma privance, je dŽsultoire,

Mes dŽfortunŽs nĠencombrent pas les foires.

Voyez, lĠacŽdie et mon acagnardise

Sans rabacherie, se pla”t au racontage !

Ainsi, pour raisonner, je piaffe et je prose

Sur tous les chapitres, pour des clopinettes.

Sachez quĠun trisa•eul graveur dĠherminette

Cosaque ŽmŽritŽ, combattant en Turquie

Et qui parlait huit langues, devint morose.

Figurez vous, quĠil reut pour hŽritage

Plumes et Žcritoire, quelque b‰tardise,

Des livres anciens venant de Valaquie.

 

 

Le pyrrhocore :

Diable, si nous remontons, vous nĠallez pas na”tre !

Est-ce de lĠuchronie ? Un rŽcit perdurable ?

Quelque chape-chute pour vous faire para”tre !

JĠahane ˆ trouver une suite prŽsentable.

Veuillez dŽblatŽrer sur les quelques Parents

De la guerre de cent ans, ou de  bien plus rŽcents.

 

Tableau 7 : Le mur de lĠarmŽe

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LĠoutragŽ :

Mais les folliculaires, quĠicelui conservait

Sont nets et justement prouvent ma parentŽ !

JĠexplique que mon arrire grand-pre, celui

Dont le pre Žtait livrier, journaleux,

Celui qui gravait sur le cdre,  Žcrivait,

Etait collectionneur, rimeur et ŽbŽniste

Et quĠil laissa aux siens des objets de valeur.

Le plaisir des rimes, un don miraculeux

Point nĠest besoin dĠtre un fin annaliste !

Le talent dĠŽcrire, est un art atavique

Il rŽclame  des soins mais bien  moins de labeur.

Je suis un artiste en somme,  patentŽ.

 

 

 

Le pyrrhocore :

Je suis bŽotien tout aussi atavique

Mais aussi compendieux et sobre, grŽgaire.

La tte ˆ lĠŽvent, et je ne mĠembouquine.

Exact et glutineux,  je fais lĠinventaire

Dans votre causerie dans tous les tropiques

Des liens de parentŽ, des alliances sanguines.

Je suis sur la proue dĠun navire qui tangue

Vos a•eux font escale et sĠŽmerveillent,

Puis le vent se lve, les voiles faseillent

Et votre parentŽ debout sous la varangue

DŽclame du Socrate au bras dĠun sultan !

Les fils de ces pres seront-ils horlogers ?

Dois-je  vespŽriser ou bien vous mŽnager !

On peut tre esthte  sans tre  orviŽtan.

 

 

 

LĠoutragŽ :

Je mĠen brandille, et je vais barguigner !

Puisque vous me jobez, je vais incidenter.

Car vous mĠinsolentez ! CĠest vrai, je rimaille

Et  suis la trace rveuse de mes a”nŽs

Cependant, ceux-ci furent  pleins de trouvailles

Je suis exubŽrant et me sens entra”nŽ

Vers les nobles hauteurs. Ainsi ˆ se baigner

Sur les rives sublimes, on devient gŽant.

Asseoir ses idŽes, ses inventions, enfanter,

Puis vouer ses dons lŽgitimes au nŽant !

Les richesses dĠargent me sont moins salutaires

Que les joies de lĠesprit ! Vous tes fonctionnaire,

Triez dans les papiers les dŽlits minuscules,

Sans omettre jamais une seule virgule,

Vous rvez, au dŽtour des vies que jĠempreinte

Et le devoir sĠimpose, et lĠon mĠŽreinte !

 

 

 

Le pyrrhocore :

Rimeur et composeur, soit, je confabule.

T‰cher de raccourcir les sicles, sĠil vous pla”t,

De les rapetisser ! Car on va sans tarder

Revenir aux cellules, aux  particules !

Sans ne cachotter rien, ni mme ne farder.

Reprenons : dans quelle cour Monsieur cavalait ?

 

 

 

LĠoutragŽ :

Je dois vous signifier un sacrŽ dŽsastre

Car lĠun aimait les livres, lĠautre, les astres.

Leurs enfants navigurent avant dĠtre soldats

Il y eut NapolŽon, la grande guerre !

Mais on retrouve toujours dans ce barda

Les signes de lĠesprit qui venaient de nos pres,

Qui allaient descendant fleuves et frontires.

Me voici aujourdĠhui et nĠai dĠautres prires

Que de lŽguer lĠamour  des mots inutiles

Des  splendeurs  de la vie, des choses futiles !

 

 

 

 

 

LĠaboyeur de gŽnŽralitŽs :

Troisime entrŽe.

 

Fanfreluches ˆ foison, friolerie de verbes, entend qui peut !

Le pyrrhocore eut mieux fait de sĠesquicher au lieu de regabeler, non mais !

Premire gŽnŽralitŽ :

A faire des ennalages on ne sait qui est qui. DĠailleurs, qui, est sžrement quelquĠun dĠautre.

Deuxime gŽnŽralitŽ :

LĠesprit sĠŽvapore et sĠŽvade, cĠest normal, lĠesprit est immatŽriel.

 

Le pyrrhocore :

Je fais allŽgeance ˆ vos consternations.

GŽnie chimŽrique ou valse dĠutopies,

Votre arbre de vie fond en constellations.

Donc, votre patelin, inventeur onirique

Se tourne soudain comme une vraie toupie

Et quitte sans encombre pour des comtes,

LĠŽbŽnisterie pour de la ma•eutique !

 

 

 

LĠoutragŽ :

Foin de  nullitŽ  et autre impŽritie,

Le monde des Žtoiles nĠest pas contraire

Aux travaux dĠŽcriture et de subtilitŽs

Pourquoi se chicaner sur ces pŽripŽties ?

 

 

Tableau 8 : La liqueur de murier

 

 

 

 

Le pyrrhocore :

Parce que jĠaffolis, que jĠy perds mon latin !

Tous ces arts nouveaux mĠaheurtent et mĠŽgarent.

Tant que nous Žtions dans les arts halieutiques

Je pouvais fantasier les ondes argentines

Les longues acŽdies, les rumeurs byzantines

Et dans les caqueteuses  de loupe dorŽe

Me draper des parfums de mžres, de satin,

Des turbulences et vapeurs olfactives !

 

 

 

LĠoutragŽ :

Le cerveau sĠanoblit des ruses sŽmantiques !

Cet a•eul magnifique, qui, sans un fifrelin

Joutait sur le papier, nĠŽtait point timorŽ.

Lorsque, gravant le bois de loupe ou de boco

Il sentait venir des rimes homŽriques,

Son esprit sĠallumait tel un gyrophare.

Il marquait une pose, une aposiopse

LĠesprit embrumŽ par cette parenthse.

Car ses yeux magnifiaient le rve illico

Et rendaient lĠillusion sur la page embellie

Ou dans le nÏud serrŽ du bois de sapelli.

Les tiges du thuluth et les noirs sinogrammes

Rehaussaient le blanc du marbre de Carrare

Le vieil homme souffrait dĠun lyrisme patent

Une fivre charmante soufflait cette flamme

Et quĠil allait transmettre ˆ tous ses enfants.

 

 

 

Le pyrrhocore :

Par lequel dĠicelui allez-vous commencer ?

CĠest que vous glosez, mon cher, vous paraphrasez

Vous eussiez pu faire une  fine exŽgse,

Caser des noms sur les branches dĠun arbre

Et ainsi concentrer la gŽnŽalogie !

Loin dĠabrŽger, monsieur rime et soupse,

Pour nous servir enfin une amphibologie !

Vous vous emportez tel un cheval se cabre

Et puis vous finissez toujours par romancer.

Vous dodinez souvent dans vos disquisitions

Je veux bien accoiser mon indisposition

Et dŽmler encore de votre parentaille !

Je vous obligerais dĠaccourcir  les dŽtails.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LĠaboyeur de gŽnŽralitŽs :

Quatrime entrŽe.

 

Nouvelles froidureuses des mers lunaires et babŽlisme opportun. Solitude profonde en quelque thŽba•de, le discours sĠatourne irrŽfragablement de lieux communs. Pourtant, lĠoutragŽ sĠaheurte ˆ briser les certitudes de lĠhŽrŽditŽ.

Premire gŽnŽralitŽ :

Ce qui est dit est dit, pourquoi ne pas le dire ?

Deuxime gŽnŽralitŽ :

La bien-disance reste une habiletŽ esthŽtique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tableau 9 : Le vieux fanariote

 

 

 

LĠoutragŽ :

Le fanariote nĠŽtait point de mes Parents.

Comment sĠappelait-il et pourquoi avait-il

GuidŽ lĠa•eul dans ses Ïuvres poŽtiques ?

Onques nĠai trouvŽ de lettre manuscrite

Livrant un secret  ou un drame immanent.

LĠavait-il recueilli ou sauvŽ dĠun pŽril ?

De la perfidie dĠun complot  politique,

Car il le traitait en homme ŽmŽrite !

Que lĠa•eul, ravi, admire les Žtoiles,

Le savant  affrŽtait aussit™t une voile

Et lĠentra”nait gaiement vers les cieux prometteurs.

Il plaait son esprit, toujours ˆ la hauteur.

 

 

 

Le pyrrhocore :

CĠest une palinodie de rare qualitŽ

Que de pouvoir voguer de faon ŽclairŽe

Dans les constellations, un luxe sidŽral !

DŽfier la Lune haute et ses fatalitŽs

Chercher dans la nuit la danse thމtrale

Des Žclats de lumire de toute lĠastrŽe

Et lĠŽcoulement lent des grains de sablier.

SĠenivrer dĠatmosphre, vouloir oublier !

Votre logophilie nĠest plus amusette

Elle asticote et mme,  je regrette

De nĠtre pas davantage ŽmerveillŽ.

 

 

 

LĠoutragŽ :

Permettez moi aussi de me dŽboutonner.

Rioter des plantes, se lantiponner,

Est Ïuvre maldisante ! CĠest Žlucubrer !

DĠailleurs lĠa•eul lŽgua de manire notoire

Des Žcrits sŽlŽnographiques ˆ ses hoirs.

Et je dŽtiens, ceci sans vous entortiller,

Une carte, des cratres, des mers des humeurs,

De la fŽconditŽ et des mers des vapeurs.

Du froid millŽnaire, lĠocŽan de temptes

Et lorsquĠau crŽpuscule ou bien ˆ la veillŽe

Je songe au tumulte du ciel encombrŽ

JĠŽnumre  les noms des astres, rŽpte,

Heureux que ce vieillard mĠait bien apostillŽ.

 

 

Le pyrrhocore :

Monsieur nĠest point un forlignŽ, je le prŽtends,

Parfois, mme il rŽduit et  synthŽtise.

Alors que jĠentends votre verve ubŽreuse

Et nĠy dŽcle pas de rime hasardeuse

Certes, vous forfantez, prenez votre temps

Mais vous restez congru, sans cache sottise.

 

 

 

LĠoutragŽ :

Je vais donc Žvoquer quelle Žtait la teneur

Des Žcrivailleries qui firent mon bonheur.

Cet anctre feuilliste Žtait Žcrivassier

Et emboisait quiconque, lisait ˆ lĠenvi

Dans les langues prŽcieuses des paperassiers

Livres de bouquineurs ˆ en tre assouvi.

 

 

 

Le pyrrhocore :

Est-ce le trisa•eul, ami du fanariote

Du c™tŽ du grand-pre de votre papa

Ou dĠune autre branche dont vous ne parlez pas ?

Car  sans prŽciser, a emberlificote !

Avez vous quittŽ  lĠInde et la Turquie,

Les plaines moldaves, la riche Valaquie,

Pris ce fameux rafiot dont vous parliez tant™t,

Ou est-ce  parenthse dans la vie de pacha

Des illustres anciens  que vous avez dŽpeints ?

Ces tables floribondes, ces parfums de geisha,

Sont-ce des fioritures, des rves Žpreints

Sont-elles crŽation de votre esprit qui bient™t

Vont fleurir  et  vont bercer  votre insouciance ?

Dois-je encore me draper de mŽfiance ?

 

 

LĠoutragŽ :

Comme je le disais dans les sicles passŽs

Les gens de ma famille souvent voyageaient.

Selon toute semblance, les arts et lĠŽcriture

ƒtaient inscrits en eux, en prime mouture,

Des audaces, des risques outrepassŽs,

Un don original, des passions infuses

Un penchant naturel qui souvent dŽrangeait

Le monde fermŽ de la littŽrature.

Les guerres, les hymens, le gožt dĠaventure

Faonnaient une race plut™t confuse

Qui  offusquait et dardait firement une

Extravagante addition de cultures

Et qui plus que lĠor construisait sa fortune.

 

 

 

Le pyrrhocore :

Bon, reprenons : Nous Žtions sur la lune

Feu votre trisa•eul, juchŽ sur la hune

Lorgnait de sa lunette sublunaire

Les cheveux dĠargent, les poussires solaires,

Notait dans la cŽdule les hŽmisphres

Les croyances astrales, les signes funestes

Citant Protagoras ou bien du Homre,

Orateurs physiciens et puis tout le reste.

 

 

 

LĠoutragŽ :

Pour un fin savant, la nuit est magistrale,

Elle nimbe lĠesprit de ceux qui regardent.

Elle  allume des feux uniques et darde

Mille  luxes de poussires  ancestrales.

La noire magie sĠillumine, sĠenflamme

Et tue les malŽfices au cÏur de lĠ‰me.

Ainsi cet astronome, cet ŽbŽniste,

Ce curieux Žtait un enchanteur superbe

Un valeureux esthte du  beau verbe,

Un accordeur  dĠessentiel bien fantaisiste,

Fabriquant ˆ vie de rves chimŽriques.

Il tissait une toile, drapait sa pensŽe

Agrandissait son cÏur de faon insensŽe

Puis se laissait bercer, buvait le silence

Suspendait ces instants ˆ cette potence

Tendait la bigotelle, se coiffait de velours

Se plongeait encore dans les rives du ciel

Avant de sĠengourdir jusquĠau petit jour.

Les rainures scintillantes des persiennes

ƒclairaient doucement le lin du ciel de lit

Sortaient de la torpeur la belle mŽridienne

Et doraient les chevets dĠun joli blond de miel.

 

 

 

 

 

 

Tableau 10 : Vue aŽrienne du chante pleure

 

 

 

 

 

Le pyrrhocore :

JĠŽprouve quelquĠennui, de la malaisance

Car vous dŽlicatez avec complaisance

Il vous faut dŽflŽchir, et mieux dŽbredouiller

De gr‰ce, avancez,  forlongez, dŽpouillez !

Laissons lĠunivers de la cosmologie

Quittez ce navire et ses longs tŽlescopes

Traitez des enfants et rejoignez lĠEurope !

 

 

 

LĠoutragŽ :

JĠy viens, dĠailleurs, figurez vous que par hasard

La femme de lĠa•eul dont les traits dŽlicats

Se voient sur les arcades de mon grand-pre

Est peut-tre le fruit dĠhŽritages incas

DĠun profil sauvage et curieux de hussard !

Et bien cette dŽesse, au fin caractre

SĠenfuit de lĠOrient pour la trs vieille Europe !

Elle devait quitter le monde sinanthrope.

 

 

LĠaboyeur de gŽnŽralitŽs :

Sixime entrŽe.

 

Dans le langage des sourds, point de viletŽ, lĠÏil subodore les pensŽes moribondes, les rŽduit au nŽant : Une vraie malenchre pour les poseurs. LĠoutragŽ est bonimenteur, fort en capilotades, en frasques irrŽpressibles. Le pyrrhocore, est-il sourd ?

Premire gŽnŽralitŽ :

Gratulations et gracieusetŽs sont cajoleries de langage qui sont fort dŽlusoires.

Deuxime gŽnŽralitŽ :

Cauteler et alentir un rŽcit permet de bien Žlucubrer et laisse chacun sĠŽjouir des Žvocations.

 

 

 

Tableau 11 :

Il avait celŽ sous forme dĠacrostiche

En lettre de cang jie le bois de patawaÉ

 

 

 

 

 

Le pyrrhocore :

Vous  portraitez  la dame avec envoisetŽ.

SĠenfuir sans un tuteur, mais quelle absurditŽ !

A-t-elle donc perdu toute pondŽration

Pour courir se jeter vers une autre nation ?

 

 

 

LĠoutragŽ :

Elle emmenait une cour providentielle

Et avait des accointances substantielles.

Complice  loyale dĠun haut dignitaire

Cette femme impŽtueuse allait conquŽrir

Le cÏur dĠun presquĠami de mon grand-pre

En tenue officielle rŽglementaire.

Cet homme chargŽ de titres Žtait dŽsert

Du lustre brillant que toute femme espre.

Son Žlan arrtŽ, ainsi se tourna-t-elle

Vers mon auguste a•eul quĠelle voulut chŽrir.

CĠest ainsi que lĠon vit chez cet homme disert

Na”tre les premiers discours et lĠart dĠŽcrire.

Le triste relŽguŽ au rang des souvenirs,

DŽdaigna lĠoutrage et ne chercha le duel.

 

 

 

Le pyrrhocore :

QuĠavait donc de plus ce dr™le de grand-pre ?

Son Žgotisme avait le don de plaire ?

Et il ne souffrait jamais de rebuffades !

Je tiens cette coquette pour exemplaire,

Qui joue de ses avances et reculades

En guignant ainsi un hymen bien prospre !

 

 

 

LĠoutragŽ :

Mon illustre parent Žtait dialecticien

Il offrit ˆ sa muse des Žcritures,

Donna le virus ˆ sa progŽniture.

La belle, tenait en son sein de dŽesse

Ce rŽticule chargŽ de souvenirs anciens,

QuĠelle allait ensemer avec allŽgresse.

 

 

 

Le pyrrhocore : ˆ part

Monsieur donne la gabatine et se croit

ObligŽ de fronder ou de galantiser !

Je maronne dur et cherche si cet adroit

Ne tente dĠorager ou bien dĠeuphŽmiser.

 

 

LĠoutragŽ :

En effet la guerre et le fusil nĠŽtaient point

Sa passion, il Žtait obligŽ, on lĠavait

DŽcorŽ, mais toujours il notait point par point

Des rimes quĠil enfantait, puis il les gravait

Dans sa tte effrontŽe de rebelle absolu.

MalgrŽ la mitraille, en habit de poilu

Il dŽcrivait le ciel, chantait les Žtoiles,

Sa faon unique de tendre la voile,

Usait de palindromes et boustrophŽdons

Qui se voulaient abscons, Žtranges et abstrus,

Piquait sa narration dĠŽpines de chardon.

Ainsi pour dŽceler lĠennemi absolu,

Il crŽait des schibboleths tortueux ˆ foison,

Foules dĠanagrammes ainsi que Lycophron,

DŽrivait savamment en des phrases ambigŸes

Sur des mots improbables ˆ lĠeffet prŽcieux

Trainait sa mŽmoire en des lieux exigus

Des ab”mes frivoles au ton  audacieux.

Il narrait le passŽ, usait dĠhypotypose

Tra”nant les lecteurs jusquĠˆ lĠapothŽose

QuĠil soignait brillamment jusquĠau terme final.

Enfin, ce chroniqueur nĠavait rien de banal.

 

 

Le pyrrhocore :

Quelle part de ce passŽ tient en vous aujourdĠhui ?

Jusque-s-aux doigts de pieds vous semblez pŽnŽtrŽ

DĠun hŽritage lourd o vous prenez appui

Et qui  nĠarrange rien, vous voilˆ emptrŽ.

 

 

 

LĠoutragŽ :

Pour faire le  lourd bilan de mon hŽrŽditŽ

Il me faut retrouver chez tous ces naufragŽs

Parents de misres et de moult splendeurs

Les sicles dĠembryons de cellules sŽchŽes

Qui donnrent ˆ la vie tant de profondeur.

Ces lutteurs courageux, forcenŽs, engagŽs

Semrent partout leurs graines prolifres

Pour engendrer des sultans, des janissaires

Et colporter des glandes sudorifres.

Ainsi, dans ces parcours, mes feus Žmissaires

Apposrent  au seuil des dernires volontŽs

Le musc et lĠambre sur les cÏurs ŽcorchŽs.

On pu voir sur les membres de cette tribu

Les organes essentiels, tous les attributs

ReprŽsentants fidles de ma filiation.

Fines clavicules, blondeurs mensongres,

Colons ridicules, fivres Žtrangres,

Nimbes olfactives, parfums de bergre,

Les yeux bariolŽs de teintes automnales,

PensŽes exquises, danses abdominales,

Les vertbres nouŽes du dernier potentat,

La lvre exagŽrŽe et fardŽe dĠincarnat,

La pudeur gris‰tre dĠun ciel ennuagŽ,

IdŽes vagabondes et trous de mŽmoire,

ƒbauche effrayante du compte ˆ rebours

Rival batailleur ˆ patte de velours.

 

 

 

Le pyrrhocore :

Bien ! Il me faut, monsieur, maintenant rŽsumer,

Rassembler mes notes, les relire aussi,

ƒnumŽrer mes doutes et bien prŽsumer.

La branche des lapons qui vivait en Asie,

Gente caliborgne vtue de miessi,

Victime de rumeurs, de tics, dĠaphasie,

Engendrait janissaires et aventuriers,

Avaleurs des sabres, de liqueur de murier !

Ce chasseur de peaux, le lapon ŽbŽniste,

Arrire petit neveu de votre trisa•eul

ƒpousa en secret feu votre grand mre !

Laquelle amie dĠun sultan fantaisiste

Partit en Europe cultiver des gla•euls.

Peut-on  apparenter ˆ votre grand pre

Cette lignŽe de fils aux idŽes prospres

Dont les mres hindous se drapaient de voiles

De tussot incarnat, chassaient le phoque au trou

En mer Baltique, et ravageaient le cÏur

De pauvres fanariotes ? Donc le trisa•eul

Amoureux de bois, de lunes et dĠŽtoiles

Qui parlait huit langues, fut aussi hospodar !

Suis-je clair !  Ai-je fait une erreur quelque part ?

 

 

 

LĠoutragŽ :

Les gŽnŽrations se croisent, se chevauchent.

On nĠy trouve pas, le dŽbut dĠune Žbauche

De lĠamour de la vie ou quelque chose

Qui pousse la mŽmoire  ˆ mieux soliloquer

Et tracer dans les airs les dŽcors majestueux.

Pour peindre ce silence, je dois Žvoquer,

Les rves controuvŽs, les dŽlires obscurs

Le plein dĠimaginaire, et les flures

SŽvres, Žtranges, et impitoyables

De lĠincomprŽhension des gens impeccables.

Il ne sĠagit point lˆ de mŽtempsycose

Ni de magie, ce serait prŽsomptueux

Mais de marques impulsives de traits inquiŽtants

Au saisissant contraste, vif, pŽtulant

De foudre poŽtique, de mots farfelus

DĠune race candide, qui nĠexiste plus.

 

 

 

Le pyrrhocore :

Je suis outrecuidŽ et je muse tristement

A quoi bon gausser, user de maltalent

Je mĠŽtrangeais un peu, mais sans trop aberrer,

Je croyais odorer votre ingŽniositŽ

Je vague, je ruse, sans vous atterrer

Monsieur se rŽcrie de malhonntetŽ.

Me voici impŽtrŽ et me rŽconcilie

Avec des parentles intermittentes

JĠessaie de tenir, mais soudain je mĠabsente

Faute  dĠimager tous ces grains de folie.

Loin dĠtre imbriaque, je suis hurlupŽ,

De voir comment et par quel truchement

On mŽlange les genres les talents et les gens.

Ciel, votre hŽrŽditŽ nĠest pas usurpŽe !

Et comment pourrait-il en tre autrement ?

Mais voilˆ, il est temps de faire une pause

Rameutez vos a•eux soyez plus diligent,

Vous dŽfendrez ainsi, bien mieux votre cause !

 

 

LĠoutragŽ :

Avant que de partir, embouchez votre adjoint

A qui mes causeries forcent lĠentendement.

Vos notes de tant™t pourraient venir ˆ point,

Fuyant les prŽcessions et les atermoiements !

Faut-il exhumer mes sources levantines

Sautiller comme lĠon danse une gigue

Sur les traces du temps, mourir de fatigue

Dispara”tre en fumŽe, couper ses racines,

Singer le matassin, brandir un lŽviathan

Raconter des fables libidoniriques

Jaboter enfin des fables aurifiques

Comme on Žteint le feu de tel fŽbricitant ?

 

 

Le pyrrhocore :

La ductilitŽ de vos fires ascendances

Fait que lĠon croule un peu dans le galimatias.

Je dois faire appel ˆ une supplŽance.

 

 

 

LĠoutragŽ :

Pour que lĠon me libre, pour quĠon mĠamnisti‰t

Il faut corroborer et ne point lŽsiner.

Quoique je dŽsheure lĠordre de vos factions,

Permettez moi de rompre cette agitation.

Je souhaite donc d”ner, ne plus faraminer

Sans vous dŽsagrŽer, ni mme vous ruiner.

Vous me voyez affable et prt ˆ mĠincliner.

 

 

 

Le pyrrhocore :

D”nez, et permettez moi de me retirer.

Je dois lire mes notes, ne point arriŽrer.

 

 

LĠoutragŽ :

Mais il ne sait rien du dŽbut de lĠhistoire !

 

 

 

Le pyrrhocore :

Je vous fais confiance, vous saurez rŽsumer

Ds que vous serez prt, vous frappez au heurtoir !

Et nĠoubliez pas, vous nĠtes quĠun prŽsumŽ.

 

 

 

 

 

 

Deuxime partie

 

 

Le jour baisse, on vient dĠallumer les lampes. LĠambiance  semble froide et tendue. Le pyrrhocore  adjoint a remis sa veste. Son bureau est jonchŽ de prises de notes quĠil vient rŽgulirement consulter. Il regarde lĠheure.

Le pyrrhocore en chef semble plus dŽtendu, il sĠinstalle ˆ son bureau, il est courtois,  presque aimable.

LĠoutragŽ se promne dans la pice, il dŽplace les chaises, les dossiers, soulve le store, il para”t inspirŽ. Il est ˆ lĠaise et volubile. Il prend tout son temps, ce qui exaspre lĠadjoint.

 

Le rideau tombe alors que la nuit est tombŽe.

 

 

 

 

 

 

LĠaboyeur de gŽnŽralitŽs :

Septime entrŽe.

 

Foucades de lĠesprit foisonnent. Voilˆ le pyrrhocore bien enquinaudŽ, infusŽment contri. Comment dulcifier les nerfs quand lĠoutragŽ bondit sur les mots et cautle en jouant les crapoussins !

De toute la hoirie dont lĠoutragŽ dispose, il distille, haleine des parties congrues, filigranes dĠorfvre en pays inconnus. Il se dit feudataire, se pite firement, puis il suppute encore, devient optatif en trouvailles vŽraces. LĠun croit quĠil dit vrai quand lĠautre accroit.

 

 

Premire gŽnŽralitŽ :

A tels gabelous, les mots paient leur dž. Ils minaudent, sĠinstallent ˆ la faveur du temps qui les agrŽe. Enfin ils disparaissent.

 

Deuxime gŽnŽralitŽ :

LĠhŽritage de chacun est disparate, hŽtŽroclite, il est mme bienvenu.

 

Tableau 12 :

Portrait du Pyrrhocore adjoint Žtabli sur tŽmoignage de lĠoutragŽ :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le pyrrhocore adjoint :

Je me prŽsente, on mĠappelle bon papa :

Armel Cyriaque GŽnŽreux de RomagnatÉ

 

 

LĠoutragŽ :

Bigre, vous tes noble, je ne mĠattendais pas !

 

 

 

Le pyrrhocore adjoint :

Je viens du Gergovie et je suis un bougnat !

De ce qui est dŽcrit, vous tes un exacteur

Vous gr‰cieusez gaiement en fin primesauteur.

Vos embabouinements ne mĠŽvaguent donc pas.

Ne vous escampez point en rabobineries

En des gabatines et procrastineries,

Et pourpensez longtemps avant que de jurer.

Il faut ˆ coups de gouet tailler votre histoire

ƒmincer ˆ la gouge, pour votre auditoire.

Vous tes infatuŽ de votre filiation

Voilˆ ce qui ressort de la comparution !

Vous vous envieillissez, ainsi que vos parents,

La lignŽe vous rengorge sans soucis apparents.

Les sicles se c™toient sans jamais un faux pas

Vous parlez de la vie et jamais de trŽpas.

Il faudra Žbaudir et Žmerillonner

Le discours patemment sans trop patrociner !

 

 

 

LĠoutragŽ :

Nous avions quittŽ lĠAsie pour lĠEurope,

Le dŽbut de ce sicle Žtait prometteur.

Il laissait des regrets, aux vieux lycanthropes

Qui avaient vu le jour en des lieux plus flatteurs.

Leur cerveau drapŽ de limbes cryptiques,

Ceignait des feux ardents et des parfums secrets,

Notes ambigŸes, prouesses exŽgŽtiques.

Comment, sous la p‰leur dĠun ciel continental,

Pouvaient-ils arborer ce furieux rŽcital

Autrement quĠen des mots diluviens, magistraux.

Ils brossaient lĠŽtendue des vastes forts,

En  gestes vermiculaires et thމtraux,

Bravant lĠindignation et le mŽpris anglais.

Ils rŽcitaient Horace ou bien du Rabelais !

 

 

 

Le pyrrhocore adjoint :

Je mĠŽjouis de voir que nous avanons. Ainsi,

Vos altiers ascendants au cÏur hospitalier

DŽcouvrent lĠinflexion aux accents Žternels,

Les rudes Žpines du verbe irrŽgulier !

Sont-ce les grands parents du c™tŽ paternel ?

 

 

 

LĠoutragŽ :

Non, ceux de Hongrie rejoignirent lĠEspagne

Il sĠagit bien ici du c™tŽ maternel.

Mais il faudra attendre la  grande guerre

Traverser lĠocŽan, se vtir de pagnes

Quitter le sol de la grande Angleterre

Pour quĠun beau jour de mars, lĠon voit appara”tre

Ceux qui, dans un ”lot bleu, me feront na”tre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tableau 13 : La peau de miessi

 

 

 

 

 

 

 

 

Le pyrrhocore adjoint :

Vous affrterez un rafiot pour lĠAfrique ?

Ne nous harpaillons pas ! Si cette brumaille,

Rumeur ou affabulation atavique

Se lve illico, promptement, sans quĠil faille

Ratiociner, ergoter, que sais-je encore,

Nous trouverons une fin qui vous honore !

 

 

 

LĠoutragŽ :

Laissez mon honneur, il est pur, infrangible,

JĠintersecte les miens pour mieux les prŽsenter

Car pour rŽsumer cette famille Žnorme

Il faut un cerveau infundibuliforme !

Quand je crois trouver de quoi vous satisfaire

Vous marquez une pause bien solidaire

Afin de mĠembrouiller, de mieux mĠemmenotter.

Mais jĠai hŽritŽ un don parŽgorique

DĠune pertinacitŽ Žpidermique.

LorsquĠon me rudoie, je suis inaltŽrable

Et dŽploie une force considŽrable.

 

 

 

Le pyrrhocore adjoint :

Tout doux, voilˆ que vous hargnez, et forcenez !

Vous allez forjouster, forjeter votre esprit !

Le voici, le lourd hŽritage fabuleux,

Le noir manuscrit, au rŽcit mŽticuleux,

Qui pousse les gŽnies jusquĠˆ la destruision.

Vous brassez par trop votre esprit dĠillusions.

Enfin vous oubliez jusquĠˆ vous rencogner.

Si vous rebrassiez mieux votre intelligence,

Vous pourriez gaber avec magnificence

De ce qui encombre toutes vos descriptions !

 

 

 

 

LĠoutragŽ :

CĠest bien, puisque vous mĠenjoignez ˆ poursuivre

Sans affŽteries,  sans rŽcit dĠimportance

Je vais tre clair comme on lit dans un livre.

JĠallge mon discours, enfin tout le topo

Des souches saillantes et protubŽrantes,

Du patricotage et babil ˆ outrance,

ƒcrasant de leur poids, altŽrant le propos.

Aux questions qui mĠassaillent, aigŸes, tŽrŽbrantes

Je ferai des rŽponses brillantes, nettes,

Adamantines ! Sans nulle devinette.

 

 

 

Le pyrrhocore adjoint :

Donc, au dŽbut du sicle, si je comprends bien,

Les parents de monsieur, deviennent londoniens !

Ne vous brandillez point, jĠai compris patemment.

 

 

 

LĠoutragŽ :

JĠassentis  ˆ vos dires, mais  pour les parents

De ma mre qui y vŽcurent seulement.

 

 

 

Le pyrrhocore adjoint :

Vraiment, cela devient un thme rŽcurrent :

RŽpondre ˆ un sujet quodlibŽtique !

 

 

 

LĠoutragŽ :

Soit, ne restons  pas au seuil prŽembulaire.

Rosalie Julienne Žtait excentrique.

Ses extravagances, sa singularitŽ,

Ne convenaient pas aux rgles britanniques

Qui ne consentaient pas les familiaritŽs,

Du moins, quĠune femme put avoir des idŽes,

ƒcrire, engendrer des feuillets poŽtiques.

Elle dŽcrivait les  aubes nŽbuleuses

Les brumes spirituelles  aventureuses

Mais rien ne la trouvait plus intimidŽe

Que lĠintensitŽ dĠun soir de pleine lune

Qui irradiait le monde de sa fortune.

La belle ‰me espŽrait que cette ataraxie

Inond‰t sa vie, et sa postŽritŽ.

Un sombre assassinat plongea dans le conflit

LĠEurope et les autres pays du monde.

On fuyait en courant, en vŽlo, en taxi

Certains dŽsespŽrŽs entonnaient lĠhallali

Nos parents dĠautrefois devinrent ennemis !

On Žtait pour ou contre, jamais ˆ demi.

Rien ne pu endiguer la vague furibonde.

 

 

Tableau 14 : Rosalie Julienne

 

 

Le pyrrhocore adjoint :

Mais nous nĠapprenons rien sur votre grand-pre !

Fut-il combattant aussi dans cette guerre ?

Le mien Žtait franais, monsieur, et ˆ Verdun,

Il tua des allemands, et croyez moi, plus dĠun !

 

 

LĠoutragŽ :

Il Žtait franais, dĠorigine hongroise

Les turcs et les lapons avaient galvanisŽ

Son ‰me guerrire, il Žtait dur, rusŽ.

La Rosalie sur sa veste turquoise,

Il allait, alourdi du poids du havresac

Et connut les tranchŽes boueuses et les rats.

A-t-il connu la peur ? Il ne revint jamais,

Les nouvelles du front arrivrent en vrac

Il mourut ˆ Verdun, dit-on, et endura

La mort lentement dans un trou, il sĠinhumait

Tout seul, dŽchirŽ,  solitaire, ainsi, il

Ne souffrirait jamais la douleur de lĠexil.

 

 

 

Le pyrrhocore adjoint :

JĠai ou• dire, de source avunculaire,

Que nos soldats aux vestes azurescentes

Ne pouvaient sĠenfuir, Žchapper ni sĠabstraire

Des tirs de cette foudre incandescente.

Dans moult babillardes trop vite tournŽes

On Žprouvait la mort, sans cesse ajournŽe.

La vive garance des jambes des chasseurs

RubŽfiait les plaines de pourpre et de pleurs.

Et la face tournŽe vers le soleil naissant

On conjurait dĠespoir pour le jour finissant !

 

 

 

 

LĠoutragŽ :

LĠami de mon pre, pupille comme lui

Raconta le martyr de nos pauvres pioupious

Fouis dans le cloaque, la terre, le glui

Traquant dans la mŽmoire des ruses de sioux.

Ce souffleur de biniou, ce fin aventurier

DŽclamait Byron, Meredith, et Shelley !

Insigne ˆ la couronne ceinte de laurier,

Cet adjudant ma”tre, ce beau Tommy anglais

Arborait une photo de son chien, un colley

Qui comme son patron ne buvait pas de lait.

Son meilleur ami, son frre, un pote,

La main sur le cÏur, dernire requte,

Adressa au ciel ses vers de fier paladin

Ce chant fut son dernier cri de baladin.

 

 

Tableau 15 : le grand pre.

 

 

 

 

 

 

 

Le pyrrhocore:

Je reprends mon service, avez vous avancŽ ?

Avez vous apiŽgŽ mon collgue adjoint ?

 

 

LĠoutragŽ :

Voici que mon histoire prend de lĠembonpoint

Et quĠˆ cette pŽriode, elle sĠest dŽbridŽe.

Nous tenions des propos dŽjˆ plus nuancŽs,

Et Žtions partroublŽs par un passŽ rŽcent,

Entendions contre ˆ contre les mmes idŽes.

 

 

 

 

Le pyrrhocore adjoint :

Les parents de monsieur ont un passŽ commun

Avec mes grands parents, ils sont morts ˆ Verdun.

LĠhomme nĠest point ocieux dans ses explications,

Mais nous avons coupŽ sa belle  narration.

Guerre de position, guerre de mouvement,

Donc, ce pote anglais vit ses derniers moments ?

 

 

 

 

LĠoutragŽ :

Dans ce champs de mortier, aucune neuvaine

Vivre le lendemain Žtait une aubaine.
John Žtait acajou, au teint fauve, piolŽ

Amoureux des rimes riches et dentelŽes.

Sur sa poitrine rousse de bel irlandais

Il enceignait les pomes qui lĠobsŽdaient.

Quand la furie des bombes creusant la terre

Environnait de peur ce pur solitaire

Il dŽfiait le ciel dĠun air autoritaire

Le menaant  de foudre et de tonnerre.

Un saut descensionnel, abrupt, dŽsorbitŽ,

Tua le pote. De cette absurditŽ

Ses yeux ne virent rien. Son rve sĠŽvanouit,

Emportant ses ardeurs de faon inou•e.

LĠŽpigramme rougi sous le vtement gris

Du sang de lĠennemi, Žtait vide dĠŽcrits

Il formait un corset Žtrange, singulier

O les mots ŽtranglŽs, scellŽs dans le papier

Ne pouvaient appara”tre. Seule Žpitaphe,

Un dermatoglyphe servait de paraphe,

Dernier geste dĠamour de chevalier servant

PercŽ de ba•onnettes, haut, sur le devant.

 

 

 

Le pyrrhocore:

Parlons des trŽpassŽs, puisque nous y sommes.

Nous Žtions pour moitiŽ, charento-francs-comtois

Nul ne se comprenait, nous parlions le patois.

Le vieux saintongeais nĠaimait pas la saucisse,

LĠautre Žtait allergique aux Žcrevisses !

Ils furent tuŽs du c™tŽ de la Somme.

Il nĠest pas besoin dĠarriŽrer deux mille ans

Pour prouver quĠon est le fils de ses ascendants!

 

 

 

 

Le pyrrhocore adjoint :

Vous tes saintongeais ? Vous me lĠavez cachŽ !

OlŽ manjeur dĠcagouilles et de mojettes piat ?

JĠva vous bailler un histoure dĠcheu nous !

 

 

 

 

LĠoutragŽ :

Nesciemment, ces messieurs fantastiquent, et vous

Voilˆ  amis, effusifs, et amourachŽsÉ

 

 

 

 

Le pyrrhocore:

Y-a-t-il un anctre que lĠon estropi‰t ?

Vous vous emmitonnez par trop facilement

Dans une carapace ds que le sujet

Vous embarrasse ou dŽserte vos parents !

 

 

 

Le pyrrhocore adjoint :

Va-t-y rester lˆ boun gens, cĠest quĠil est beunaise !

CĠest quĠ jĠdŽbauche ˆ cinq heures, fi dĠpunaise !

 

 

 

LĠoutragŽ :

DŽpit immensurable ! Je suis tabutŽ ?

JĠodore la privautŽ dans la rusticitŽ,

Dois-je baragouiner aussi le saintongeais ?

 

 

 

 

Le pyrrhocore:

Asteur y dit pu reun, vla qui ferme sa goule !

Quand y parlait cĠtant™t, cĠest moi qui pataugeais.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tableau 16: Un vol de lagopdes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LĠaboyeur de gŽnŽralitŽs :

Huitime entrŽe.

 

Adeprimes :Il nĠest point ici dĠŽpigone dans le descendement ou bien lĠhereditage ! LĠaccointance effusive entre les pyrrhocores dŽprime lĠoutragŽ, qui sĠesquiche luisiblement dans sa dŽmonstration. Ces deux-lˆ jargonnent hilairement et Žcharpillent en apartŽ tous ses confessements ! CĠest un coup dĠarrt ˆ toute diffluence, il faudra Žcourter, et mme sĠarrter, lĠoutragŽ le sait congržment. Pas question de b‰cler le dit terminement, ou induire un jugement incogitable.

 

 

Premire gŽnŽralitŽ :

LĠexercice funambulesque de la mŽmoire est un geste glorieux, le temps dĠun souvenir, il ne tient quĠˆ un fil.

Deuxime gŽnŽralitŽ :

Aucune cataphracte ni armure nĠest assez Žtanche pour enfermer lĠesprit. Quand on croit lĠabsconser, il cherche ˆ se rŽpandre

 

 

 

 

Tableau 17 : Le pupille.

 

 

 

Tableau 18 : Coupe transversale du pyrrhocore adjoint

 

 

LĠoutragŽ :

Fi des billebaudes ˆ lĠhumour  rarescent,

Je ne brocarde pas votre imagination,

Mais quĠon arrte lˆ cette consignation !

Je veux clore enfin lĠhistoire de mes parents.

Mes fondements sont clairs, des plus luminescents

Du reste mon casier est aussi transparent !

 

 

 

 

 

Le pyrrhocore:

Quoi ? Vous quittez hospodars et janissaires ?

Mais vous nous donnez soif, nous sommes captivŽs,

Et nous restons curieux de  ces Žmissaires !

Aprs lĠAngleterre, vous tes arrivŽ ?

 

 

 

Le pyrrhocore adjoint :

Il nĠy a plus personne chez vos ascendants !

 

 

 

LĠoutragŽ :

Mon pre Žtait des n™tres, il y a deux ans !

 

 

 

 

Le pyrrhocore:

Parlez confidemment, nous saurons Žcouter.

Etait-il  livrier, pote, ŽbŽniste ?

Dans mon apostille, je le vois imposant !

 

 

 

 

LĠoutragŽ :

Bien mieux que cela. Il fut cosmopolite

Il courait le monde et savait sĠarrter

Sur une langrotte, un petit oisillon.

DĠun geste vif, emphatique, exorciste

Il plongeait le calame ŽbiselŽ dans lĠor

Noir de la liqueur dĠun sŽpia pharaon,

Et notait dans de purs syntagmes des trŽsors,

Ou gravait un lai sur une mŽgalithe.

Il usait de vrais dialectes francophiles,

De langues melliflueuses, acrobatiques,

DŽcrivant lĠinstant, seconde fabuleuse !

Pour empanacher de rimes poŽtiques

Les allŽes dĠÏillets, de blanches  tubŽreuses.

Quartement, il fut un fervent nŽgrophile.

 

 

 

Le pyrrhocore adjoint :

Non ! Ne nous mlons pas de politiquerie !

Tout cela mnerait ˆ nous embarbouiller.

 

 

Tableau 19 : Le bel irlandais

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le pyrrhocore:

Je prŽfre encore vous savoir bredouiller

Des idŽes romanesques, des gamineries.

Un homme accointable et gracieux comme vous

Se doit de deshonter les sujets Žpineux

Et placer savamment des petits garde-fous,

En se montrant besoignablement lumineux !

 

 

 

 

 

LĠoutragŽ :

Pour le reste, je suis inconfus, et vraiment,

Ne suis pas ŽcorchŽ par mon descendement.

Dans mes veines de sang intrŽpide et moqueur,

Pullulent des taches brunes, minuscules,

Insolites, consciencieuses, qui bousculent

La froidure des croyances obsoltes

Me faonnant ainsi une excellente humeur.

Voyez vous, ma lignŽe serait incomplte

Sans le tumulte fou , sans la robe ŽlŽgante

Du rythme des mots, elle serait moins fringante.

Dans le canal Žtroit de belle intelligence

O se mlent et dansent les pensŽes incongrues

La reine des vertus, la blanche conscience

Resterait ˆ lĠŽtat dĠŽbauche, de croquis,

Renverrait dans la nuit le jour o je naquis !

 

 

 

 

Le pyrrhocore:

Quelle impŽtuositŽ ! Quel glorieux spectacle !

Cette  lŽgende mŽrite un mŽmoracle !

Tout esprit maigrelet que la bassesse accable

Eut traitŽ votre rŽcit dĠ incogitable.

Les normes aux senteurs p‰les, rabougries,

Sont chargŽes dĠopprobre et dĠhypocrision,

Elles agitent la loi comme on lance un grigri

JusquĠˆ contourner le beau rve en dŽrision.

 

Tableau 20 : LĠoutragŽ de face

 

 

 

 

 

 

Le pyrrhocore adjoint :

Je confirme cela, la raideur de lĠesprit,

Rengaines, convenues et les banalitŽs

Font un mŽnage curieux et improbable

Avec la poŽsie, je nĠen suis pas surpris.

SĠil faut Žpiloguer, et cĠest honorable

ƒvoquons la beautŽ, la gr‰ce artistique

Et laissons les bassesses et la mŽdiocritŽ.

Sans doute faudra-t-il redescendre sur terre

Se dŽpartir des siens, retirer du lierre

Les terribles racines indŽlŽbiles

Qui nous hante la nuit, qui nous obnubile !

 

 

 

 

LĠoutragŽ :

CĠest bien, vous avez lˆ ma gŽnŽalogie,

Le mur peint de cinabre, la forfanterie !

De ce fragrant voyage, fabuleux, gŽant,

De guerre  furibondeuse ou de cosmologie

Le naufrage du verbe  me renvoie au nŽant.

Mon humeur affaiblie, presque cachectique

Qute  dans la sagacitŽ bureaucratique

LĠŽpaule gŽnŽreuse  dĠune fraterie.

 

 

 

 

Le pyrrhocore adjoint:

Thyeu  g‰s lˆ sĠrait ti pas mieux dehors ˆ courir

La dr™lesse?

 

 

 

Le pyrrhocore :

JĠcrŽ ben son histoure de dŽfint!

 

 

 

LĠoutragŽ :

Ah ! Vous croyez enfin ˆ mon honntetŽ !

Le pyrrhocore:

Il faudra renseigner votre joindabletŽ,

Et ne plus mensonger sur les murs de lĠarmŽe.

 

 

 

LĠoutragŽ :

Je promets que ma  plume sera rŽprimŽe.

Je reprendrai la mer, me fondrai dans le ciel.

A trop me rencogner dans cette filiation,

Je pourrais divaguer dans la forcnerie

Elucubrer encore, me perdre en fiction.

Mes actes de raison seront cicatriciels.

JĠai bien peur que cela soit une rŽmission !

Et si rien ne pouvait rŽprimer ma passion

Dodinante dĠesprit de sels poŽtiques,

Que mes vrais Žlans deviennent frŽnŽtiques ?

 

 

Tableau 21 : Les bisa•eux

 

 

 

Le pyrrhocore:

Pourtant lĠexhaustion ne peut tre parfaite

Il tra”ne malgrŽ nous dĠincertains souvenirs.

La mŽmoire regorge de traits filandreux

Qui viennent dŽranger, flŽtrir ou bien ternir

LĠhistoire de valeureux anctres  poussiŽreux.

On voudrait dŽrober ˆ leur vile retraite

Les frasques ordinaires et dŽtails grotesques

ExubŽrances folles et visions burlesques

Pour les transformer en secrets Žmouvants,

Pour effacer enfin ce passŽ dŽcevant.

LĠempire suprme de notre autoritŽ

Se pla”t ˆ supprimer dans un tour de magie

Bourrasques enflammŽes,  gŽniteurs dĠhŽrŽsie.

Il chasse les fredaines, le p‰le, le craintif

Pour orner de parures les gŽnies crŽatifs.

Et notre esprit rŽvoque irrŽmŽdiablement

Les traces misŽrables de primaritŽ

Magnifiant les travers, mais oublie-t-on vraiment ?

 

 

 

 

Le pyrrhocore adjoint :

JĠai notŽ congržment vos abandonnements.

Mais jĠai beau pourpenser, jĠavoue confidemment

Que je nĠenglobe rien de vos explications !

Vos phrases bŽquillardes et adversatives

Ballottent mes idŽes. Cette colocation

De restes du passŽ, cette rŽtrospective

Est farcie de dŽpouilles aux laides augures

Qui sĠagrgent lentement dans la brume

De lĠopinion, lĠaltrent, la dŽfigurent.

Je suis dŽbringuŽ par vos pensŽes abstruses

FŽcondes, dŽcadentes et je rŽsume !

Par lĠorgie dĠanctres ˆ la science infuse.

JĠai lĠesprit carrŽ et non ambulatoire,

Aux ambages prŽcis, je suis sans histoire.

 

LĠaboyeur de gŽnŽralitŽs :

Neuvime entrŽe.

 

 

En toute vraisembletŽ, il est nul choisement des ascendances ni de postŽritŽ. LĠĠoutragŽ le sait bien, le chef aussi quoiquĠil barguigne encore. LĠadjoint est un tantinet obtus et pris dĠŽchauffaison. Il vaillantise et bougonne nonpareil. Il faut vespŽriser, mieux encore, victimer lĠoutragŽ jactancieux! Et il incidente, insolente jusquĠˆ sĠembarbouiller dans la pernacitŽ. Entre lĠŽcrasis foisonnant et fŽcond des branches fŽodales et lĠŽchalas maigrelets produit de noces triomphales, on ne sait qui est qui. Et si on inversait les r™les ?

Tour de force de lĠoutragŽ, superbe et revanchant, magie thމtrale, les aveux sĠentortillent et tra”nent en longuerie,  les anctres se gobergent  et girouettent, les sicles sĠentassent. Qui est franais ici ? On arrose lĠAfrique et le septentrion, lĠAlsace et la Saintonge et tous ceux du canton. On boit ˆ lĠimpossible, la superfluitŽ et le dŽsordre, lĠinconnue formidable qui unit les patries en un tout de mŽmoire, aux verbes Žtrangers, ˆ cette immense foire, au bonheur dĠtre unique et dĠenfermer le monde dans une belle histoire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Premire gŽnŽralitŽ :

CĠest mŽsavenant, on ne peut jurer de rien ! Quand on prŽtend tre celui lˆ, on est quelquĠun dĠautre, comment brillanter ? Seule la mŽmoire est tŽmoin, la mŽmoire ˆ jamais.

 

Deuxime gŽnŽralitŽ :

LĠincrŽdulitŽ sauve de la mŽchancetŽ. Dans le brouillamini et la fatrasserie, il ne faut pas chercher ! Peut on jamais prouver ? Il vaut mieux fantasier.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tableau 22 : Les trisa•eu

 

 

 

 

LĠoutragŽ :

Auxse immodŽrŽe et mme abusive,

LĠemphase des mots ne peut tre allusive !

Comment peindre un passŽ sans accumulation,

Sans mille broderies et immodŽration ?

Il Žtait impossible de dire ˆ-peu-prs

Le trouble, les Žmois, sans les ciels diaprŽs,

Le souffle bržlant des mirages dĠAfrique.

Les rimes dĠŽmotion sont psychagogiques,

Brasillantes dĠesprit vif et flamboyantes,

Elles ouvragent le vrai dĠhumeurs provoquantes,

Ajoutent des Žtoiles aux plus sombres pensŽes.

La vie coule sans fin des pluies sŽlŽniennes

Irradiant  au hasard les foules dispersŽes

Pour narguer le sort de chances diluviennes.

Revinrent-ils jamais,  ces a•eux renommŽs,

De ces vagues pays de rves, reculŽs ?

Ai-je vraiment taillŽ ces fameux ProtomŽs,

O bien nĠest-ce quĠun rve inarticulŽ ?

Dans lĠimmense cabinet chargŽ dĠouvrages

Par milliers, jĠai trouvŽ un cahier aux pages

VersifiŽes, dŽdicace de patriarche.

LĠamour luit dans lĠombre des rimes prŽcieuses

Et son esprit rare, fervent de panache

Habille ses mots  de dr™leries  curieuses.

Magnifique, ŽlancŽe, la danse verbale

Comble lĠhorizon dĠalchimie thމtrale

Et remue au cÏur les dŽmons endormis

Elle se pavane en altesse princire

Frappant ˆ lĠŽphigie dĠun vieux lustre blmi

La pice, ou bien lĠantienne familire.

 

 

Tableau 23 : Le pre

 

 

 

Le pyrrhocore:

Que diable, GŽnŽreux, accoisons nos esprits !

Pourquoi donc dŽcharmer un moment si plaisant ?

Ce nĠest pas tous les jours que lĠon se dŽsennuie,

Notre prŽsumŽ est plut™t Žpanoui

Il est dr™le, utopiste, mais nĠest pas malfaisant.

Ce fin littŽrateur mĠa bel et bien surpris.

 

 

 

Le pyrrhocore adjoint :

Je dis au contraire que tous ces mots mĠŽtrangent.

Et si nous connaissons qui est lĠarrire grand pre,

Sa gŽnŽalogie ˆ des annŽes lumire,

Que savons nous de lui ? QuĠil naquit en Afrique ?

Le pre se rŽsume en Žcrits poŽtiques !

Il nĠexpose plus rien parce que a lĠarrange !

Il lance une passerelle aux dessus des annŽes

ExprimŽ autrement, il ne nous apprend rien.

Il portrait des figures en filigranŽ,

Vertige vŽtuste et fou dĠanctres par milliers,

Pour nous faire rester dans lĠantŽdiluvien.

Entre anarchie verbeuse et idŽes passagres,

Monsieur passe du temps ˆ se dŽlicater.

La moindre des notions est un plat de gourmet

Aux motifs sculptŽs de riches opulences

SŽmillant bavardage qui pare et qui suggre

Moult souches princires pour nous app‰ter.

Nos vieux dŽtenus nĠont pas dĠŽquivalence

Monsieur est un artiste, entre guillemets.

De fivres africaines en sultans et spahis

Il arbore un blason exotique, universel,

Et darde en tournoyant comme en un carrousel

Une fiertŽ nationale mais de tous les pays !

 

 

 

 

LĠoutragŽ :

Soit, je suis pantophile, mais pourquoi me tancer !

Vous mĠaccusez de fuir et beaucoup verbiager.

Si je ne mĠŽtends pas sur la pagnoterie

De quelques  paltoquets, est-ce manigancer ?

Dans la foule dĠa•eux, dans cette loterie

DĠune progŽniture et sa postŽritŽ

On se rŽsout parfois ˆ les avantager

Faute de possŽder toutes les vŽritŽs.

 

 

 

Le pyrrhocore adjoint :

Aprs bien tortiller on cherche ˆ rhapsoder !

Vous poussez ˆ son comble la supercherie

A tant faraminer, ˆ force de broder

Des aventures  sciemment anachroniques

Et de faire luire votre veine icastique.

Ces vains Žgarements ne sont que tricherie !

Vous voilˆ contristŽ, prt ˆ vous prosterner,

CĠest une contrition jouŽe pour nous berner.

 

 

 

 

LĠoutragŽ :

Que puis-je controuver qui ne soit pas Žcrit

Dans vos petits cahiers ? Ils paraissent replets !

Il nĠest pas un soupir que vous nĠayez transcrit.

Vous tes patemment un parfait jugeoteur

Dont le maltalent nuit sans un certain bonheur

A mes tribulations. Le tableau est complet.

 

 

 

 

 

Le pyrrhocore :

Mon collgue se pla”t plut™t dans lĠuchronie

Et perdure ˆ trouver la problŽmatique

DĠun baragoin lourd et pige vexatoire,

De phrases arteuses et souvent dilatoires.

Il souhaite une concision systŽmatique.

Ce parachronisme devient une manie

 

 

 

LĠoutragŽ :

Vous attendiez de moi un discours cohŽrent

Mais peut-on orchestrer tous nos antŽcŽdents ?

Il me reste une histoire que lĠon peut vŽrifier

Dont je vais vous donner seulement des extraits.

Vous trouverez ici de jumelles pensŽes

Entre mon dŽfunt pre et mon curieux passŽ

 

 

De sorte que lĠon croit ˆ un autoportrait.

Souffrant dĠapostasie, au lieu dĠaller prier,

Mon pre sĠinstruisait, lisait dans lĠanalecte

Les textes en sanskrit et bien dĠautres dialectes.

Bouquiniste attachŽ ˆ la moindre brochure,

Il traquait les mites et les poissons dĠargent

Car il portait un soin nŽcessaire et  urgent,

Aux  raretŽs du livre aux heures de pauvretŽ.

SĠindignant de voir la moindre flŽtrissure

Sur les vieux cuirs jaunis et mal ŽpoussetŽs,

Il patinait le fauve ou la robe Žcarlate

De petits livrets aux pages dŽlicates.

Dehors, sous le soleil bržlant, un autre amour

Naissait,  insatiable et sauvage aux couleurs

Africaines. Mon pre mĠa contŽ les contours

Pittoresques, les odeurs, le secret bonheur

Qui coulent sur les rives de ce peuple lointain.

Vous avez devant vous un mŽtropolitain

Dont le cÏur et lĠesprit se nourrissent dĠailleurs !

Mais vous, GŽnŽreux, francophile et h‰bleur

Dites nous quels a•eux vous ont fait pyrrhocore.

Le Pyrrhocore adjoint :

Mais jĠai pas de penchant pour le racontage !

Je suis nŽ indigent de verbes rarescents

Je ne mĠencombre pas dĠun sang arborescent.

Et Žvite ˆ tout prix les vains grimaudages.

 

 

 

LĠoutragŽ :

Vous voulez que je fasse votre pŽdigrŽe ?

Vous vous alambiquez en vaines simagrŽes.

Loin de vous accagner, je veux croire encore

Que vous ignorez ce quĠest un pyrrhocore.

Colonie pittoresque en habit rouge et noir

Dont les fruits du tilleul servent de rŽfectoire

Les petites punaises aux touffeurs infectes

Gendarment comme il faut dŽlits et infractions

Vous pensez que jĠaberre, que je suis incorrect,

Mais vous collez vraiment ˆ la dŽfinition.

 

 

Tableau 24 : Rosalie Julienne.

 

 

 

 

Le pyrrhocore :

Vous ne versez plus dans la romancerie !

QuĠattendez vous de nous aprs cette sortie ?

Que je me rebque, ragote en vespŽries ?

Quand vous croyez piquer votre fable dĠorties

Il ne se passe rien nous sommes vaccinŽs

Nous sommes condamnŽs depuis bien des annŽes.

 

 

 

LĠoutragŽ :

Je voudrais en finir avec ce chamaillis,

Et pouvoir chafourer mon billet de dŽpart.

 

 

 

Le pyrrhocore :

Topons lˆ notre accord, votre humour rejaillit

Et quittez moi ces lieux avant quĠil soit trop tard !

 

 

 

Le pyrrhocore adjoint :

A votre place, chef, je lĠaurais enfermŽ

Car il  a tout cachŽ sur son identitŽ

Mais il faut en finir, quitte ˆ se gendarmer !

C'est une Žnigme, ce type, une vraie calamitŽ!

 

 

LĠoutragŽ :

Vous avez notŽ tout ce que vous vouliez voir

Mais votre rŽdaction ne laisse pas Žclore

Les intimes pensŽes qui pourraient Žmouvoir !

Le bel hymne ancestral, les pavois concolores,

SĠŽclipsent bizarrement dans une pirouette.

Ce p‰le fablier  est fade et ennuyeux,

On en peroit ˆ peine la silhouette,

Et donne ˆ mon discours un tour disgracieux.

Ma gaietŽ feinte et mme ostentatoire

De musard pipelet et discoureur notoire

Habille savamment les troubles de lĠesprit

O pourraient se confondre des traits de mŽpris.

Vous nĠavez pas peru dans le regard pointu,

Le pitre plaisantin et flŽ dĠillusions

Mais des amphigouris malins et ttus,

Distrayeurs dĠattention. Et, ˆ cette occasion,

Je voudraisÉ

 

 

Le pyrrhocore adjoint :

DŽtailler fiablementÉ

 

 

LĠoutragŽ :

Mon portrait !

Vous jouissez cependant de fabuleux extraits !

 

 

Le pyrrhocore :

Abouchons nous, maintenant sĠil vous pla”t !

Sans trop paradoxer, ni mme dardiller.

Parez au datisme qui nous accablait,

Il sĠagit de tout dire, de se dŽmaquiller.

 

 

 

LĠoutragŽ :

JĠajouterai ceci ˆ mon curieux ramas.

De  ces charmes ancestrels que je vous ai dŽcrits,

Il nĠen est pas un seul que lĠon ne vidim‰t,

En apostille large ou simplement adscrit !

Je nĠai plus que des bouts, des morceaux, des parties

Petites extrŽmitŽs dĠimmenses alliages

De fusion, de liaison, de marivaudages

Quelques sanglots de vagues dĠune dynastie

Qui laissent un sillage de flou par moment

Et qui ressurgissent aux temps dĠŽgarement.

Le rouge cramoisi dĠadonis dĠautomne

Et le mauve satin de la belle ancolie

RŽsonnent Žtrangement. Ils contagionnent,

ƒvitent de pŽrir dans la mŽlancolie.

La sve initiale, messagre turbulente,

Dont le flot tapageur charrie et draine

Les images dĠantan, se frotte imprudemment

Aux arcs, aux tumulus, puis, plus paisablement

Nous darde de ses feux de pure ch‰telaine.

Mes myriades de vies sont fortes et opulentes.

 

 

 

Le pyrrhocore :

Je vois le tout dŽbut dĠun petit embryon

Qui point dans les coulisses de votre identitŽ,

JĠai reconnu la geste de vos parentŽs,

Incidente nombreuse des maints vibrions,

Qui constelle de rimes, les moments, les instants

Et pique vos rŽcits de dŽbats contrastants.

JĠy vois la jonglerie orale hŽrŽditaire

Les traits saillants des faces triangulaires.

La saine autoritŽ dĠun cerveau exacteur

Les rves inutiles de  tout contemplateur.

Unaiement, vous tes le bŽnŽficiaire

De cet amalgame, le meilleur actionnaire !

 

 

Le pyrrhocore adjoint :

Et vous avez sautŽ les arrires pensŽes

Aux frettes touffues et rebarberatives !

Et la nomenclature des combrŽtacŽes,

Les cyons et les dahus, les saxifragacŽes.

Se sont-ils enfouis dans les trous de mŽmoire

Pour tirer un grand trait sur sa page dĠhistoire ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tableau 1 : coupe longitudinale du pyrrhocore

Tableau 2 : lĠoutragŽ, de dos.

Tableau 3 : esquif sur la mer Noire

Tableau 4 : Le trisa•eul

Tableau 5 : le chien famŽlique

Tableau 6 : Yallah, chien de La Fouillotire

Tableau 7 : Le mur de lĠarmŽe

Tableau 8 : La liqueur de murier

Tableau 9 : Le vieux faraniote

Tableau 10 : Vue aŽrienne du chante pleure

Tableau 11 : Il avait celŽ sous forme dĠacrosticheÉ

Tableau 12 : Le pyrrhocore adjoint

Tableau 13 : La peau de miessi

Tableau 14: Rosalie Julienne

Tableau 15 : le grand pre.

Tableau 16: Un vol de lagopdes

Tableau 17 : Le pupille

Tableau 18 : Coupe transversale du pyrrhocore adjoint

Tableau 19 : Le bel irlandais

Tableau 20 : LĠoutragŽ de face

Tableau 21 : Les bisa•eux

Tableau 22 : Les trisa•eux

Tableau 23 : Le pre

Tableau 24 : Rosalie Julienne.

 

 

 

 

 


Description : GM

 

 

 

 

 

 

 

 

Lexique.

 

 

 

 

 

 

 

Page 6 :

AcmŽ : le plus haut point

Cavernicole : qui habite dans les cavernes

Cinabre : rouge vermillon.

DŽgoiseur : qui dit avec volubilitŽ ce quĠil devrait taire

Escobar, escobarderie : qui laisse sous entendre dans le but de tromper

 

Page 7 :

Applapourdi : stupŽfait

BŽgauderie : amusement sot

CŽladon : ici, couleur vert p‰le

Concolore : couleur uniforme

Ego•ser : ne parler que de soi

Fantasier : mettre de la fantaisie

La profoss : insigne de janissaire en guerre

Nacarat : rouge clair nacrŽ

PŽtoffes : sornettes

ProtomŽ : ŽlŽment dŽcoratif, homme ou animal

Rodomont : fanfaron

SĠemberlucoquer : sĠentter dĠune idŽe

SĠŽvaltonner : prendre un air dŽgagŽ

Sybarite : homme qui mne une vie facile et voluptueuse.

Tabuter : tourmenter

Ver-coquin : fantaisie, caprice

Vogoul : langue de lĠest de lĠOural

 

Page8 :

Kodiac : Ours dĠAmŽrique du Nord

 

Page9 :

Arbadji : militaire turc 19me Sicle, coiffŽ dĠun long turban

Jarnak :Janissaire supplŽant

Palis : Pieu de cl™ture

Raki :Alcool turc

Strogonof : plat de viande turc

 

Page11 :

GalimafrŽes : mauvais repas

Toiffeurs : odeurs

 

Page12 :

Abstme : Qui ne boit pas de vin

Apoco : Homme de peu de valeur

Cacochyme : Faible de constitution

 

Page 13 :

Indican :substance se trouvant dans lĠindigo

Malika :canne ferrŽe, arme

Pites : textile fourni par lĠagave du Mexique

Vo•Žvode : haut dignitaire des Balkans

Agrion : Libellule

Apophthegme : parole ˆ valeur de maxime

Bambocher : sĠamuser ˆ des fredaines

BŽgauder : sĠamuser sottement

Corbia : soupe roumaine

Lagomorphe : de la race des lapins

Lantiponnage : discours sans importance

Portraire : Žtablir un portrait, dŽpeindre

Primidi : premier jour de dŽcade du calendrier rŽpublicain

Pyrrhocore : gendarme, punaise

SĠahonter : devenir honteux

Se galantiser : mener une vie joyeuse

Se pagnoter : se mettre au lit

Tafia : eau de vie antillaise

 

Page14 :

Tussor : foulard de soie

 

Page15 :

Attagnes : colŽoptre sĠattaquant aux tapis

Freux : sorte de corbeau

Hyponomeute : papillon ˆ chenille nuisible

 

Page16 :

Histrion : qui se donne en spectacle, mime

Urodle : salamandre

 

Page17 :

Houseaux : jambires, surgutres

Pantophile : qui aime tout

SŽide : homme de dŽvouement absolu

Tapabor : chapeau ˆ rabats

 

Page18 :

Alastrim : variole attŽnuŽe

Albugo : t‰che blanche du dessus de la cornŽe

Ancillaire : vient dĠune servante

Aniline : couleur indigo

Anosmie : perte de lĠodorat

Chosifier : rendre concret

Cuprifre : qui contient du cuivre

Livrier : faiseur de livres

Songe creux : homme qui entretient des pensŽes chimŽriques

 

Page19 :

CallipŽdie : ici, conseils pour progresser dans un art

Confabuler : parler familirement

Fantastiquer : se laisser aller ˆ la fantaisie

Fatrasser : sĠoccuper ˆ des niaiseries

Forcener : perdre la raison

Icastique : naturel

Pourpenser : mŽditer longuement

Privances :  familiaritŽs particulires

Quitterie : brouille ˆ la suite de laquelle on se quitte

Rabobinages : raccommodements grossiers

Regabeler : chercher des difficultŽs

Zabres :colŽoptre se nourrissant de blŽ

 

Page20 :

DŽbagouler : parler inconsidŽrŽment

Dindonnasser : duper

Esquicher : Žviter de se prononcer, rester neutre

Fruition : action de jouir

Imarescible : incorruptible

Impugner : attaquer une proposition

Logomachie : dispute sur des mots

Obvier : se prŽmunir

Pourparler : nŽgocier

Rognonner : grommeler entre ses dents

SĠalambiquer : se fatiguer par des subtilitŽs

Se condouloir : sĠassocier  ˆ la douleur de quelquĠun

Se conjouir : se rŽjouir

Septembrisades : types de massacres

 

Page21 :

Chevaler : faire des allŽes et venues

Lagopdes : perdrix des neiges

Vuobis : cuir trs Žpais

 

Page22 :

Affriander : dŽmarche de sŽduction

Battologique : rŽpŽtition oiseuse et fastidieuse

Beaska : manteau dĠapparat dĠun blanc immaculŽ chez le peuple sumit en Laponie

Bredauler : perdre son temps ˆ des futilitŽs

Cataglottiser : user de mots recherchŽs

Miessi : jeune renne

Parachronisme : erreur de chronologie plaant les ŽvŽnements plus tard quĠon ne le doit

Procrastiner : repousser au lendemain systŽmatiquement

Pygargue : livre arctique

SĠarriŽrer : rester en arrire

Samits : peuple lapon de langue same

 

Page23 :

Apostille : adition dĠune note en marge dĠun acte

Avocasser : chicaner de mŽdiocre faon

Clepsydre : horloge ˆ eau

Concupiscible : qui pousse au dŽsir de possession

Dazibao : journal chinois affichŽ sur les murs

Fanfrelucher : manquer de consistance

Hoirs : hŽritiers

Malenchre : peu de chance

Matoiser : ruser

Mauclerc : homme ignorant

Nyctobate :  somnambule

Ougrienne : langue finno-ougrienne de la pŽninsule de Kola en Russie

Ustilaginale : chardon parasite des plantes

Zambourek : artilleur persan, zouave

 

Page24 :

Claustrer : ici, refermer le dŽbat

Dorka : vtement en peau que lĠon met ˆ mme la peau en Laponie

ImpŽtrer : obtenir quelque chose suite ˆ une supplique

Subucule : sorte de toge

 

Page25 :

AporŽtique : contradiction insurmontable dĠun raisonnement

Cacographie :orthographe vicieuse

Contempter :mŽpriser, dŽnigrer

Dysthymique : ˆ lĠhumeur changeante

Epois : cors qui poussent au sommet de la tte du cerf

Exorable : qui se laisse flŽchir

Faillance : Žtat de celui dont le courage fait dŽfaut

Glossographe : grammairien qui sĠoccupe de rechercher des mots anciens ou obscurs

Grandisonance : grandiloquence

Haricoter : spŽculer dans les affaires

Houppe apicale : coiffure lapone traditionnelle rouge ornŽe de fils dĠŽtain

Munifiscence : qualitŽ qui porte ˆ prendre de grandes libŽralitŽs

Se coudoyer : se jeter dans la foule, fr™ler

SŽmiller : frŽtiller gaiement

Vidimer : authentifier

 

Page26 :

Art sŽmantique : branche linguistique qui Žtudie la signification des mots

ƒristique : art du dŽbat

Fanariote : garde ou boyard ˆ la suite dĠun hospodar

Homophonie : usant de mots qui ont le mme son mais un sens diffŽrent

Malanquin : un pŽkin quelconque

MŽsavenant : dŽrangeant

Mussitation : troubles de la parole, propos rares et indistincts

Odorer : flairer

Roguerie : attitude rustre

Zellige : carreau dĠargile recouvert  dĠassemblage de tessons ou mosa•que

 

Page27 :

Evagations : divagations de la pensŽe qui ne peut se fixer

Lallation : babillage, dŽfaut de prononciation des consonnes

Patemment : sciemment

Patricotage : petite intrigue

Polypharmaque : mŽdecin qui ordonne  une surabondance de prescriptions

RŽmoras : obstacles, retardements

ZŽlote : fougueux dŽfenseur de la foi

 

Page28 :

BrindezinguŽ : ivre

Caliborgne : qui voit mal

Chante pleure : entonnoir ˆ long tuyau trouŽ

EmbŽguiner : flatter

Misologue : peu enclin au raisonnement

MystagoguŽ : que lĠon cherche ˆ entra”ner sur le chemin de la croyance

Sandaraque : rŽsine odorante dŽcoulant du thuya

Zonzoline : de couleur violet, rouge‰tre

 

Page29 :

Abalourdisant : lourd,

Abigoti :sous lĠemprise de la religion

Accagner : poursuivre quelquĠun en lĠinjuriant

Balata : bois rouge de Guyane

Clabauder : crier sans cause sŽrieuse

DŽblatŽrer : dire du mal de quelquĠun

DŽpriser : rabaisser

Diluvial : qui a rapport au dŽluge

ƒrubescence : action de rougir

Malandreux : bois dont les nÏuds sont pourris

RŽculŽ : mis en retrait

VespŽriser : rŽprimander

Wapiti : cerf dĠAmŽrique du Nord

 

Page30 :

Acrostiche : ouvrage en vers dont la premire lettre de chaque vers constitue un mot lu de haut en bas

Amarante : bois ou fleur dĠautomne rouge pourpre

Amourette : arbre ˆ bois trs dense en aspect de peau de serpent

Bocco : bois prŽcieux, dur et nerveux

Cang jie : typographie chinoise

Caquetoire : sige , causeuse

DŽparler : ne rien dire

Dimissoire : lettre par laquelle un Žvque permet ˆ un de ses diocŽsains dĠtre consacrŽ par un autre Žvque

Fusiniste : artiste qui emploie le fusain

Guimbarde : petit rabot de menuisier

Guillaume : rabot servant ˆ faire des entailles

Incarnadin : couleur rose cerise

Moutouchi : bois prŽcieux

Îil de vermeil : sorte de balata rouge de Guyane

Patawa : bois prŽcieux parmi les plus denses du monde

Thuluth : calligraphie arabe utilisŽe par les mamelouks en ƒgypte

 

Page31 :

Cailleter : bavarder

Engamer : se faire duper

 

 

Page32 :

Craqueries : menteries

FloribonditŽ : dŽcor chargŽ dĠarabesques de type floral

Harmonino : petit harmonium

Kilim : tapis de soie persan

Laminoir : sorte de presse ˆ papier

Octobasse : instrument ˆ cordes

SĠoblatiser : ici, se mettre au service dĠune personne

Samba : arbre africain jaune p‰le dĠune trs grande hauteur

Tabletier : qui fabrique des damiers ou des Žchiquiers

Venvoler : faire les choses ˆ la lŽgre

 

Page34 :

Abstruse : difficilement accessible

Acagnardise : paresse

Accointer : se lier avec une personne

Adoniser : parer avec une grande recherche

Buffleteries : matŽriel de gros cuir

Chape-chute : bonne aubaine

ChrysŽlŽphantin :sculpture avec de lĠor et de lĠivoire

DŽsultoirer : passer dĠun sujet ˆ un autre

Equanime : dĠhumeur Žgale

Farfadet : de gožt frivole en parole et discours

Tiges amplectives : feuilles repliŽes longitudinalement dans une autre feuille

Uchronie : histoire refaite telle quĠelle aurait dž tre

Ultramontain : qui habite au-delˆ des monts

 

Page36 :

Barguigner : hŽsiter

ƒnallages : dŽrivation impropre Žchanges inattendus de mots, temps et personne dans une phrase

Glutineux : visqueux, collant

Jober : tromper

OrviŽtan : charlatan

 

Page38 :

ImpŽritie : manque dĠhabiletŽ

 

Page39 :

Aposiopse : interruption dĠune phrase par un silence brusque

Gloser : critiquer censurer

Halieutique : art de la pche

Sinogrammes : calligraphie chinoise

 

Page40:

Amphibologie : ambigu•tŽ des terme laissant le doute sĠinstaller

Disquisitions : recherche curieuse

SĠaheurter : sĠobstiner

 

Page42 :

ApostillŽ : recommandŽ

Fanariote : boyard ˆ la suite dĠun hospodar

 

Page43 :

Palinodie : rŽtractation de ce que lĠon dit

SŽlŽnographique : en rapport avec la description de la lune

Emboiser : engager quelquĠun par des promesses

ForlignŽ : dŽgŽnŽrŽ de la vertu de ses anctres

UbŽreuse : avec abondance et fertilitŽ

 

Page45 :

Bigotelle : toile ou lien de cuir pour tenir la moustache droite

 

Page46 :

Cauteler : prendre des prŽcautions

EnvoisetŽ : ga”tŽ

Forlonger : sĠŽcarter des sentiers battus

 

Page47 :

Egotisme : se mettre sans arrt au centre de la conversation

 

Page49 :

Aurifiques : qui peuvent produire de lĠor

ControuvŽ : chose que lĠon a inventŽe

Emboucher : prendre un ton ŽlevŽ

Gabatine : action de se faire mousser

Hypotypose : description animŽe et frappante

Levantines : des pays du levant

Lycophron : grec qui a inventŽ lĠanagramme

OutrecuidŽ : a qui on oppose une supŽrioritŽ

Schibboleth : langage propre ˆ un groupe exclusif et qui exclue ceux qui ne comprennent pas ce langage

 

Page50 :

Dulcifier : tempŽrer

EnquinaudŽ : enj™lŽ

FŽbricitant : tre fŽbrile fiŽvreux

 

Page 52 :

Imbriaque : fou stupide

HurlupŽ : hŽrissŽ, ahuri

 

Page54 :

Crapoussin : personne grossire ou mal faite

ƒmerillonnŽ : piquer, aviver

Gouge : outil de fer pour creuser le bois

Optatif : qui exprime le souhait

 

Page 56 :

Lycanthrope : hommes frappŽs de mŽlancolie

 

Page58 :

Infrangible : qui ne peut tre brisŽ

 

Page59 :

Adamantine : brillante comme le diamant

Destruision : souffrance qui dŽtruit

Infundibuliforme : en forme dĠentonnoir

ParŽgorique  qui calme et soigne:

TŽrŽbrantes : pŽnŽtrante

 

Page60 :

Ataraxie : absence de troubles dans lĠ‰me

 

Page62 :

Avunculaire : qui vient dĠun oncle

La Rosalie : fusil employŽ pendant la guerre de 1914

 

Page64 :

Ocieux : oisif

PiolŽ : qui a des taches de rousseur

 

Page65 :

Dermatoglyphe : signature, empreinte

TabutŽ : troublŽ

 

Page69 :

Billebaude : confusion dŽsordre

 

Page72 :

Hypocrision : hypocrisie

Mellifieuse : mielleuse

MŽmoracle : monument ˆ la gloire de quelquĠun

Accointer : se lier avec une personne peu recommandable

 

Page75 :

JoindabletŽ : se rendre disponible joignable

 

Page78 :

Auxse : intensitŽ sŽmantique ou Žmotive poussŽe au paroxysme

Psychagogique : qui aime redonne vie

 

Page80 :

Accoiser : rendre calme et tranquille

 

Page81 :

Pantophile : qui aime tout

 

Page83 :

Grimaudage : radotage

 

Page84 :

VespŽriser : rŽprimander

 

Page85 :

Amphigouri : galimatias

Ancestrel : venant des anctres

Chafourer : griffonner

 

Page86 :

Frettes : lignes brisŽes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bibliographie :

 

Dictionnaire des mots perdus, Alain Duschene/Thierry Leguay, ƒditions Larousse.1989.

Petit dictionnaire des mots rares, Thierry Prellier, Le livre de poche.2002.

Lexique de LĠAncien Franais, FrŽderic Godefroy, Champion Classiques.2003.

Dictionnaire LittrŽ.

Dictionnaire des synonymes. ƒditions Larousse.