LĠoutrag
Dcadence
de propos ou propos illusoires.
GALANE
Avant propos.
Si jĠavais voulu crire une
lettre mon pre, je ne mĠy serais pas prise autrement.
La prose est complique, et
conditionne les tournures, les styles, elle sĠalambique au dtour de chaque
rflexion, elle dverse son trop plein de haine ou dĠamour sans pudeur, elle ne
cache plus rien.
LĠhabile masque des rimes
habille grandement mme les petites choses, il colore la face cache des mots
et farde les penses parfois les plus outres dĠun voile tendre et passionn,
il est ncessaire.
Il nĠest pas dĠvnement que
mon pre ait soigneusement marqu de sa pte de pote. Sa vie se dcrypte au
fil de ses crits. Il fut crivain solitaire, humble, comme peut lĠtre un autodidacte, un homme
dĠune grande culture, extravagant dĠides, un gant contrast dĠhumeurs
esthtiques, amoureux de la langue franaise et de ses auteurs, amoureux de
thtre et de peinture, un goteur de lĠextrme richesse de la vie.
JĠai voulu saluer son
dpart, lui offrir une histoire, riche de mots insenss, biscornus,
excentriques, telle quĠon aurait pu la lire, il y a seulement cent ans, avant
que les dictionnaires se dpouillent de leurs richesses pour sĠaccommoder des
temps prsents, telle quĠil aurait pu lĠcrire, avec fougue, comme moi
aujourdĠhui, mais bien plus brillamment.
Prsentation.
Un homme est arrt pour un
dlit mineur et doit dcliner ses nom et prnom simplement. Cet homme,
lĠoutrag, pris dans une tourmente de souvenirs ancestraux, se trouve dans
lĠincapacit de rpondre simplement. Il explique aux pyrrhocores, (les
gendarmes) sa personnalit profonde au travers de ce que furent les siens. O
se trouve la part de vrit ? Un aboyeur de gnralits se charge donner
son avis, il nonce des banalits, et en tire des conclusions. Serons nous plus
avancs la fin de lĠhistoire ?
Mise en scne.
La scne se droule dans un poste de police. La pice est claire par
une fentre et comporte deux bureaux, des placards de rangement en mtal, un
ordinateur, deux tlphones, des chaises. Une veste est suspendue une patre,
prs de la fentre. Des affiches sont pingles et occupent le haut dĠun pan de
mur. Les stores sont descendus. Des piles de dossiers sont entasses sur les
deux bureaux.
Dehors, il
fait beau, mais a nĠa aucune importance, puisque dedans, il fait chaud.
Premire partie.
Le pyrrhocore en chef fait irruption dans la pice, il tient fermement
par le bras un homme, et le pousse sĠasseoir face au bureau proche de la fentre. Assis derrire
lĠautre bureau, le pyrrhocore adjoint est pench sur un dossier et semble concentr.
Les trois hommes vont marcher et sĠasseoir tour tour au fil de la
conversation, remplissant lĠespace. Le bruit des voix rsonne et cre une vive animation.
Le pyrrhocore en chef est un grand gaillard qui porte allgrement la
cinquantaine. Il nĠest pas de ceux qui on raconte des sornettes, et il
rassure le prsum sur ce point en le lui rappelant souvent. Il a un style
direct et entend se faire respecter.
Le pyrrhocore adjoint est plutt rustre, pour lui, le rglement, cĠest
le rglement, et son usage nĠest pas de tourner autour du pot. Il est costaud,
replet, le crne un peu dgarni. Il bougonne dans son coin et soupire. Il prend
des notes.
LĠoutrag est le prsum coupable. Il est de taille moyenne, lgant,
quoi que vtu sobrement. CĠest un gentil fanfaron. Il frise la quarantaine et
affiche une sant physique et morale dconcertante dans ce contexte. Vif et imptueux,
il se lve souvent de sa chaise, il veut convaincre de sa bonne foi.
Le rideau tombe lors de la pause repas des pyrrhocores.
LĠaboyeur de
gnralits :
1re
entre.
LĠaboyeur se prsente :
Maxime Paraphe,
n De La Fouillotire, grand aboyeur de gnralits, titre hrditaire :
Transcrit pour
la postrit, la fuite du temps, les lans dysthymiques, la jactance inutile,
la posie chimique, la mmoire jamais !
Premire
gnralit :
Les ddicaces
posthumes sont pure illusion. Ce sont des legs autoritaires quĠil faut
considrer avec mesure.
Deuxime
gnralit :
Les motions
transitoires sont parfaitement transitoires.
Qui peut expliquer lĠimpalpable ?
Le
pyrrhocore :
-Vous tes arrt pour avoir
sur lĠacm
Peintur de cinabre les murs
de lĠarme.
Mines anthropodes et faces
acrocphales
Singent grossirement et
poussent la cabale,
Au point quĠon vous alpague
et que lĠon vous ordonne
De gsir chez nous, de
passer aux aveux.
Artiste dgoiseur qui prne et qui festonne,
Des escobarderies tires par
les cheveux !
Misrable escobar, menteur
casuiste,
Cessez ces fantaisies de
faiseur de bons mots.
Nous sommes renseigns et
dj sur la piste
De vos incartades quand vous
tiez marmot.
Donnez donc vos chaussures
boucles et ardillon,
Et dites sans dtour vos
noms et vos prnoms.
LĠoutrag :
Si contre le muret je ne
mĠtais cogn,
Si je nĠavais mim de faon
grotesque,
Vos manires de courir qui
sont burlesques,
Et quĠ chasser ailleurs
vous ftes occup,
Je ne serais pas ce soir, mme
rsign,
A narrer haut et fort ce que
furent les miens
Avant que je naquisse, dans
les temps anciens.
Le pyrrhocore :
JĠapplique exclusivement le
protocole.
NĠallez pas vous perdre en
brumes bouillasseuses
Pour me servir des
souvenances vaseuses
Et paritales dĠhommes
cavernicoles !
LĠoutrag :
Mais je ne voudrais pas
gcher votre sommeil
En dcrivant comment je
revins du Bantou.
Soit, je fus sybarite,
enfant de manitou,
Doreur de manuscrits dans
leur coffret vermeil,
Parant de robes fauves les
crits potiques,
Grand avaleur de sabre,
Bago Yoma,
Crieur de noms barbares, en
tenue dĠapparat,
Sur le perron orn dĠune
illustre Didon
En marbre blanc teint de veines
nacarat.
Je peignais la truffe
dĠanimaux fantastiques
Sur les solives brunes en
bois de Panama,
Ou quelque Protom opale ou cladon.
Le pyrrhocore :
-Certes, le vogoul est rare,
et je suppute fort
Bien que baratinant de faon
orthodoxe
Vous tabutiez mal et
fantasiez tort.
Monsieur soliloque jusque-s-au paradoxe !
Ensuite il sĠvaltonne,
gose tout va.
Je suis aplapourdi et je
mĠemberlucoque.
Attidissez vos dires
ensems de ptoffes !
Ainsi vos ver-coquin sont
propos concolores
Ou phantasmasies pures que
vous croyez encore,
Geste de rodomont, bgauderies
loufoques.
Mais nous occulons peu et
nĠouissons toujours pas
Le nom de vos aeux, sinon
de quelle toffe
Ils chaussaient la profoss, badouillaient
chez le czar,
Dansaient le sirtaki, enfin tout le bazar
En risquant le dcri, lĠopprobre et le trpas.
Nous direz vous en grec ou
bien en npalais
Depuis quand et dĠo venez
vous sĠil vous plait ?
LĠoutrag:
Si je savais, monsieur, par
quel bout commencer,
Si je tenais seulement le dbut, une esquisse ?
Mille ans se sont passs
avant que je naquisse,
Avant que je pusse voir mes
parents me bercer.
Mes aeux naviguaient en mer
Adriatique,
Chevauchant dans lĠOural les
montagnes geles,
Sondant les entrailles de la
montagne Pele.
Amoureux excessifs de hasard
pathtique.
Ils se gorgeaient de soufre,
se drossaient aux rochers,
Dans les sombres rivires au
flot tumultueux,
Piquaient des palis ou bien
de larges pieux,
Puis guaient savamment en
levant les archers.
Ils sĠinitiaient aux danses et aux cultes profanes,
Ramenaient des trsors et
des chiens famliques,
Chassaient les ours bruns,
le Kodiak dĠAmrique.
Soucieux de faonner leur
gloire mythomane.
Mon pre, disait-on, avait
sauv la vie
DĠun troupeau de nomades qui
partait au Liban,
Qui venait de Russie, dĠInde
ou de Moldavie,
Et qui voulait se battre,
pour des braves gens.
Le pyrrhocore :
Je redis ma question !
Mais dĠo sortez vous donc ?
A glaner vos aeux dans ce
triste abandon.
On sĠinquite un peu de
lĠintrt ngligent
Que vous semblez porter
tous ces snescents,
Et qui sont lĠenvers de
parents adjacents.
Dites moi simplement qui est
votre pre,
JĠentends, son identit,
quelques repres.
LĠoutrag :
Mais qui tait mon pre,
dans ce pass troublant ?
Etait-il arbadji coiff dĠun
long turban,
En gutres longs crochets,
ceint de tle dĠargent,
Portefaix dĠIstanbul ou turc
de Monastir
Intrpide cavalier en
monture dĠpire
Qui buvait la vodka dans son
outre de cuir?
Fut il Grand vizir coiff de
mousseline,
Ou tel ami Jarnac dans les
troupes en guerre ?
Dineur de strogonof,
amoureux du raki,
De meze pics aux couleurs
de safran,
De miel dĠAnatolie et
sublimes galettes,
De fruits mris en tas, des
plats de statsiki,
Ou bien itinrant dans les
sombres fascines,
Dans lĠempreinte boueuse de
quelque terre,
DĠun peuple noctambule aux
ombres violettes.
Le pyrrhocore :
Mon collgue et moi sommes
interloqus
Nous nous attendions
beaucoup de tideur
Au lieu de cela, vous jetez votre esprit dans
Un tat dĠrthisme
puissant, une ardeur
Infinie, et tenez des propos
abondants
Pour nous servir une foule
de vtrans.
Dcrivez votre pre avec
clrit
Nous tenons connatre
votre hrdit.
LĠoutrag :
Il portait un bonnet de
nankin jaune franc,
Un turban magnifique, un
regard superbe.
Il nĠavait peur de rien et
cueillait au hasard
Plantes et lichens pour la
couche nocturne.
Sous les tentes o lĠon
couchait dans lĠherbe,
Insignes du janissaire et
coiffes de hussard
Frlaient sur le sol la range de cothurnes.
La mousse pique dĠinules
par milliers,
Comme les algues dores que
la mer berait
Au rythme du ressac au
murmure langoureux,
Abritait artilleurs et
autres cavaliers
Dont les fltes plaintives
et les chants douloureux
Accompagnaient lĠarme et le
jour qui perait.
Illustrations :
Plume et
aquarelle.
Tableau
1 : coupe longitudinale du pyrrhocore
Le pyrrhocore :
Certes, de ces luxures et
ces galimafres
O zouaves et turcs se vautraient par
milliers
Vous conntes sans doute
quelque douce embellie
Et dans ces thbades, ces
routes sablseuses
Aux toiffeurs indiscrtes,
du ciel dĠAnatolie,
Vous retes sans doute la
honte et le blasphme
Des lectures excentriques et
mal dchiffres
Les rpliques ordinaires des apocos pompiers
Et enfin les remarques
senties et peu oiseuses
DĠun aeul cacochyme
lĠhumeur abstme !
Pourtant pointe en vous, une
me sensible,
Qui dcrit lĠphmre, le
rien, lĠimperceptible.
Vous tes le petit-fils de
ces pres outrageants,
Vous comprenez pourquoi nous
sommes exigeants.
LĠoutrag :
Oui, je suis de ceux-l, car
mon arrire grand-pre
Descendait de Hongrie par la
branche cadette.
Lui mme, dont le frre qui
avait pour ami
Un certain Guillaumet, n de
La Fouillotire,
pousa en secret, la sÏur de
son beau-frre.
Ils eurent treize enfants en
quinze ans et demi,
Lesquels sĠparpillrent sur
toute la plante.
Trois filles naquirent
aussi, brodeuses en dentelles
LĠune mourut en Ukraine, les
autres en Moldavie.
Leurs bambins officirent
tous auprs du sultan.
LĠun fut vovode, prince de
Balkanie,
LĠautre fut janissaire
descendant dĠhospodar.
Le troisime arracha,
lĠextrme limite,
Le titre de vizir, mais il
mourut trs vite.
LĠor coiffait le rouge des
robes de gazelles
Et couvrait lĠindican subtil
des ombrelles.
Ils arboraient firement les
noirs tendards
Costums de taffetas garnis
de zibeline,
La pelisse incarnat pique
de renard blanc.
Le pyrrhocore :
QuĠimporte lĠincarnat des
robes de nabab,
Le tissage rugueux des pites
sauvages
Le timbre de mtal donn au
malika !
SĠil nous fallait portraire,
depuis le primidi
Toutes les ripailles et ces
temps de cocagne
Dans lesquels nos illustres
anctres bambochaient,
Nous nĠaurions pas assez
dĠun tronc de baobab
Pour pouvoir nous gaudir de
ce lantiponnage
O bgaudaient pcores et
pattes-pelues !
A se galantiser, danser la
polka,
Vos aeux sĠahontaient
jusque-s- nonidi.
Ici bas, point de joute ni
de vronique
Pour ces forfanteries, vous
nĠirez pas au bagne !
Dsignez vous coupable, et
puis nĠen parlons plus.
LĠoutrag
Mais je nĠai pas tout dit,
et il est mal ais
De rduire en un mot ou dans
une apophthegme
Les empreintes glorieuses de
mes devanciers.
Voyez vous, et je garde l
mon flegme,
LĠhistoire de ma famille
nĠest point billevese.
Du reste, aprs avoir dcrit
leurs asiles dors
Je donnerai les noms de
leurs cranciers !
Ils connurent la faim en terre de Valaquie,
Et les repas bizarres
arross de tafia,
La corbia roumaine, les
viandes de Turquie
Dans des plats disposs sur
des toiles bizarres.
Puis ils se pagnotaient car
ils taient amorphes,
Farcis de pyrrhocores, et dĠagrions
barbares.
Les hussards traquaient la
gente lagomorphe.
LĠAsie offrit sa terre et
ses bonnes manires,
LĠesprit curieux, vivace,
celui de mon pre.
Le pyrrhocore :
Nous voici en Turquie, mais
diable en quelle anne ?
Vous perlustrez le temps
comme dans un scnario.
Rien ne dlustre lĠclat des
parentles
Que vous dpenaillez
pourtant avec brio.
Pris sous le charme de ces
aventuriers,
Des intrigues hardies
nombreuses, surannes
JĠen oublie lĠessentiel. Et
votre esprit cautle
De vains vnements quĠil
faut inventorier.
Quelle autre chalandise
mĠallez vous chercher
Pour qurir du nouveau et
sans trop rabcher.
Nous traitons dans le bref,
le sommaire, le concis
Vous faites dans le
grandiose, loin du raccourci.
LĠoutrag :
Il faut dans ce fatras de
souvenirs confus,
Remonter notre histoire
depuis le dbut.
De cette Asie prospre,
longeant la mer Noire,
Il fallut fuir un jour et
gagner la Turquie.
Penses burlesques, mes
itinrantes,
Facis anglicides, mines de
Burgrave
Faces patibulaires de mimes
graves
Mditent en caravanes
inquitantes.
Une brune Htare au tussor
jaune criard,
Aurolait ses seins de
voiles incandescents,
Cernait de khl sa bouche,
sous les yeux grillards
DĠun peintre atrabilaire au
tarin turgescent.
Le pyrrhocore :
Si vous vous infatuez de
choses vaines,
Je ne vois pas
dĠissue !vous tes un phrasier
Expert, mritant, certes,
mais pour rassasier
Un esprit trs simple avec
ces fredaines
Vous nĠavez pas besoin
dĠaller incidenter
Dans des lieues tendues, de
tout ornementer !
Le pyrrhocore adjoint :
Je notais le facis de ces
braves trangers
Mais le vocabulaire est trop
excentrique
Ainsi je noterai dans la
faune exotique
Les gens et les insectes,
sans vous dranger.
Je mlange un peu dans ce
qui tourne en ronds
Si ce sont des danseurs ou
bien des papillons.
Bref, avec vos mtaphores,
je suis abasourdi
Pourtant le chef
mĠa dit que je suis dgourdi !
Le pyrrhocore :
Continuons sĠil vous plat
le voyage en Asie
Et ne me notez pas toutes
les fantaisies
Ni les finoteries de
langage. Le sieur
Est attifeur dĠexploits
superbes arraisonnants
Qui emparadise un rcit
impressionnant !
Et dans lĠart de sduire,
monsieur est un manieur,
Sinon un esbroufeur prompt
se dtraper
Lorsque la dfortune le
force sĠchapper.
DĠailleurs
lĠinspiration semble lui revenir
Et foltre gaiement ! Que
va-t-il advenir ?
LĠoutrag :
Un oiseau de malheur, un
freux probablement,
SĠenivrait dans des cercles
troits de columelle,
Et comme la corolle large
des derviches,
Dployait lentement ses
ailes en dansant.
Un pope, un prtre, un sage
bien pensant,
Dtournait lĠattention,
pointait le firmament,
Offrait, pour les punir, aux
mes gares,
Une cupule azure au dessin
dĠUrodle
Pour rcolter des pices,
sinon un bakchich.
Foin des hyponomeutes et
tapis dĠattagnes,
LĠattisoir grands feux repoussait lĠagrion,
Les papillons dĠargent, les
insectes sans gne,
Mon pre dclamait les
chants dĠun histrion.
Tableau
2 : lĠoutrag, de dos.
Le pyrrhocore :
Et vous naqutes quand ?
Car vous voguez toujours
Dans des contres lointaines
o nul ne survit,
O fauves et insectes se
mlent nuit et jour,
O lĠon brle les plaies
grands coups dĠeau de vie.
On vous dcrit hargneux,
insane, rsolu,
Vous voil pantophile, le
side absolu.
Vous changez de couleur tel
un camlon
En grimant votre face dĠun masque de limon.
Vous dcrivez, mtin, des
alles dĠellbore,
Un ciel iridescent sur une
mer Morte.
Vous tes un fanfaron, un
poltron matamore.
Allez vous longtemps nous
narguer de la sorte ?
Allons, confiez nous vos
secrets, dolcissimo.
LĠoutrag :
Ce nĠest pas si facile de
dire en quelques mots
Ce qui dura des vies. Pour
changer de pays
CĠtait toute une
histoire, car il fallait quitter
Les aigrettes royales,
chausser le tapabor
Aux rabats ombrageux ou se
draper encore
Du burnous cramoisi des cavaliers spahis.
Du sarouel lgant
lĠindigo profond,
Se parer du long chche
qu Ôil fallait apprter.
Les houseaux de cuir fauve,
dtail pittoresque,
Dansaient sur le cheval sous
le soleil ttu,
Et ornaient de ses feux toute cette fresque.
On maniait la dague ou bien
le pistolet
Et le chant des soldats au
rve de victoires,
Rsonnait de dialectes et de
notes pointues.
Le pyrrhocore adjoint :
Je mĠessouffle suivre mais
je ne comprends pas
Tant le discours est
complexe et difficultueux
Cet homme songe-creux sĠjouit de chimres !
Je suis affriol par ses
agaceries
Et gote avec envie tout ce
quĠil numre.
Le rve des tropiques est un
furieux appas
On se plat traner dans
la musarderie
DĠautant que le conteur est
plutt talentueux.
Le pyrrhocore :
Nous ne finirons pas si vous
coupez toujours !
Avanons, mitigez votre beau
discours.
LĠoutrag :
On vivait dĠeau de source et
dĠamours ancillaires.
Pour faonner un homme, il
faut beaucoup de temps.
Le got du voyage est-il
hrditaire ?
Fallait-il ces sjours, ces
drames intermittents ?
Mon pre hritait, l un
bijou sculaire
QuĠil reut de son pre et
de ses grands-parents.
Il apprenait des textes,
crivait des chansons,
Passait les gus troits,
les livres sur la tte,
Car il tait aussi apprenti livrier.
Quand vinrent enfin les
ondes, les gaines cuprifres,
Il classa les histoires que
le monde indiffre,
Et chassa de ses nuits les
terribles insomnies,
Comme jadis les insectes et
tous les charanons.
CĠest en Bessarabie que la
fivre le coucha.
Il souffrait dĠalastrim,
dĠalbugo, dĠanosmie,
Il fallait dire adieu la
vie de pacha.
Adieu le ciel dĠAfrique aux
teintes anilines !
Seules les pellicules aux
vapeurs argentiques,
Chosifiaient lĠirrel, le
rve des tropiques
Et montraient sur lĠcran zabres et sarbacanes
Dont lĠodeur imprgnait la
mmoire jamais.
Il fallut pour gurir et rire, de longs
mois.
Et quitter les pays aux
insectes mortels.
LĠan de la tribu devenait
un anctre,
PuisquĠune autre tribu tait
en train de natre.
Le pyrrhocore :
Rabobinages et quitteries me
paraissent congrues,
Et la callipdie me parat
fort honnte,
Mais cette parlerie dont vous confabulez
Me picote et forlonge trop ma comprenette !
Vous forcenez, mon
cher ! Et votre bavardise
NĠest que vaine jactance et
de lĠimprovisade !
Mais voil, je suis las de
faire le pied de grue.
LĠoutrag :
Vos privances mĠobligent
pourpenser !
O en tais-je ?
force de regabeler
Et de fatrasser, je mĠuse et fantastique.
Mes turlipinades qui sont si gnreuses,
Le pyrrhocore :
Se panadent de faon bien hasardeuse !
LĠoutrag :
Vous tes une gne aux
prouesses icastiques.
Et si vous dprisez, je vais
noctambuler !
Le pyrrhocore :
Certes, je me condoulois et
je vous congratule
DĠafficher tant
dĠesprit ces septembrisades.
Cessez vos lourderies, car
vous soliloquez !
Nous nĠallons pas tomber
dans la logomachie,
Mais je vais rognonner si
vous quivoquez !
Vous esquichez ? O est
votre faconde ?
Tiens, monsieur tapinoise et fait le cou de grue ?
Faut-il que vous
dindonnassiez une seconde,
Car vous dbagoulez par trop
la monarchie !
LĠoutrag :
Je me rencogne, et puis je
contre-pique,
Du reste je mĠtrange
et mĠassotiserai.
Voyez la fruition lorsque je
me conjouis !
Vous mĠhouspillez, cĠest
vrai, je vais donc impugner.
Contre-biaisez, et
tintouinez mes rpliques,
Je mĠopignonerai et
reste immarescible !
Le pyrrhocore :
Tout doux, je pourparlais.
Vous voil irascible.
De vos fatras dĠides, je pige
que bernique !
Si vous pouviez obvier et
moins opinitrer ?
On peut sĠalambiquer sans
autant trpigner !
Tableau
3 : esquif sur la mer Noire
LĠoutrag :
Bon, je vais continuer et
bien moins chevaler.
Les aeux de ma mre
venaient de Laponie.
Sous les peaux des vuobis
dĠun blanc immacul,
Ils portaient la tunique au
cuir chamois,
Et recouvraient la chair
comme font les animaux
DĠun pelage fourni la
rudesse exquise.
De lĠocan glacial, aux
confins de la terre,
Ils retiraient leurs proies,
ils en taient fiers.
Et dans ces pninsules aux
langues dĠAkkala
LĠhomme et lĠanimal vivaient
en harmonie.
Sur la plaine glace, les
pattes dĠonguls,
Les traces du renard
recouvraient la banquise
Et le regard aigu du lynx ou
des vieux loups
Faisait ressurgir les
fables, les vieilles peurs.
Au dessus de la mer, de
jeunes lagopdes
Se laissaient driver vers
les plaines arctiques,
Et fondaient leur plumage dans les cieux
culs.
Le pyrrhocore :
Ces nouveaux vnements,
sont-ils parachroniques ?
Car vous procrastinez et
cataglottisez !
Ces samits au cÏur fier, ces
chasseurs, ces trappeurs,
Est-ce du baragoin, une ruse
battologique ?
Ca, vous mĠaffriandez, mais
nĠavancez beaucoup !
LĠoutrag :
CĠtait en mille huit-cent,
dans le septentrion
Vous voyez, nous avons
quitt les centurions ;
Il faudra bien des ours et
des nuits antarctiques
Des chasses aux pygargues au
long panache blanc,
Des pches au harpon sur la
mer Baltique,
Pour franchir les rivires
et les lacs gels.
Sous la blanche beaska, en
peau de miessi,
Les rubans de couleurs dj apparaissaient,
La jupe longue et molle, en
popeline dĠt
Apportait ces claires nuits interminables
Un got dĠherbe naissante,
de douce volupt.
Les mocassins frappaient la
steppe roussie,
Les robes bigarres sĠlanaient
et dansaient.
Les coiffures bleutes de
formes ogivales,
Mettaient au dfi les crtes
sagittales,
Se frottaient aux fourrures
de rennes grivels,
Et montrait moult postures
draisonnables.
Le pyrrhocore :
Monsieur est nouveau gracieux
et compos !
A force de bredauler et de
vous arrirer
Je vais m Ôassomeiller,
me voici abus !
Monsieur papillonne ou bien
mtaphysique
Quitte lĠAdriatique, et la
mer dĠAsie
Pour se laponiser et chasser
les lemmings !
Vraiment la signifiance
devient rarescente.
Avec ses rotations, il me fait des
loopings !
LĠoutrag :
Je suis un nyctobate et ne
matoise point.
Les mauclercs malveillants
et les outrecuidants
Ne sont pas mes amis, pas
plus que les pdants.
Tcher de retenir en termes
mnmoniques
La belle parentle que je
vous communique
Et leurs longues
prgrinations en appoint.
Le pyrrhocore :
Pour peu de malenchre, on
va fanfrelucher !
Dans le dazibao, voir vos
noms sĠafficher
Et lire en quelque marge
dĠun acte posthume,
Une apostille en turc ou langues ougriennes.
Sur la haute clepsydre, les
heures sĠcoulaient,
Et les hoirs guignaient leur
part lgitime
En piquant de mots vifs
telles ustilaginales
Tandis-que lĠon plumait
lĠantdiluvienne.
Sans doute allez vous dire
comment ils sĠappelaient ?
LĠoutrag :
Je trouve votre sortie des
plus originales.
Je batifole, certes, mais
jĠhonnte la fois
Est-ce ma faute moi, si
les miens taient rois,
Zamboureks amoureux de
lances fodales
Importes de la Gaule de
faon triomphale !
Je mĠbourifferais lĠide peu banale
Que vous avocassiez sur mon sort, toutefois,
Ma qute, ma dmarche nĠest
point concupiscible
Vos soupons me contristent
et sont incoercibles.
Tableau
4 : Illustration la plume et aquarelle.
Le
trisaeul
Le pyrrhocore :
CĠest vrai, oui, jĠen
conviens, je suis ridicule
Nous sommes en dorka et non
en subucule
Vous pouvez historier et aussi imptrer.
LĠoutrag :
Je claustre et vais tcher
de moins enchevtrer.
Oyez dans mon ide, celle
dĠun glossographe,
Qui dmarche et dbrouille
parmi ces cacographes
Dans la joute des
termes la moindre aportique,
Et tente dĠenrayer mes lans
dysthymiques
Ider, retirer ces pois qui
encombrent la tte,
Frayer, dans le pass, une
petite fentre
Voil de quoi endmener plus
dĠun !
Je vais me relaisser, dans
des lieux opportuns,
Retrouver le drap rouge orn
de fils dĠtain,
Les aurores borales et les
chiens de traneau.
Sous le ciel lectrique aux
couleurs violentes,
Les forts de bouleaux, les
cheveux de lichen
Que la bise glace berait
dans la tourmente,
Abritaient les maisons aux coiffes dĠalbumen.
Sous la houppe apicale, les
cheveux ramasss,
Tendaient la peau ride que
le froid ravageait.
Pour qurir sa ligne, et
les noms du pass,
Dans quelque document quĠil
fallait vidimer
CĠtait une navrance car nul nĠmargeait.
Le pyrrhocore :
Tant de grandisonance prte
victimer !
Nonobstant, ces futiles escobarderies
Ces turlutaines et ces calembredaines
Sont propres risquer un savant cafouillage.
Tantt vous smillez, et
faonnez tout doux,
Vous feignez lĠexorable
malgr votre faillance,
Tantt je suis accois par la
munifiscence,
Frle la convoitise et la
concupiscence.
Les samits de Kola vont-ils
en patinage
Apostiller vos actes, signer
des billets doux,
Ou bien nous coudoyer vers plus de
dfiance !
Allez vous expliquer,
comment en tannerie,
Les peaux de miessi se faonnent en capes
Pour les haricoter par les
monts et les plaines ?
A moins que vous jactiez de
faon si soudaine !
LĠoutrag :
Quand je confidente, je
deviens dtailliste,
Et monte en altitude, considrablement.
Quand vous me contemptez,
comment faire autrement ?
Faut-il taire ma morgue et jouer les
fatalistes ?
Il me faut raconter, fi de
la roguerie,
LĠaventure insolite que
vcut mon grand-pre.
Je vous confiais, tantt,
quelle tait sa naissance,
Et comment il jouait de
lĠart smantique.
A peine avait-il franchi une
frontire,
QuĠil dominait la langue,
et les bonnes manires,
Forait lĠadmiration grce
son ristique.
Un jour quĠil devisait avec
un fanariote,
Un coursier, malanquin au
casque aigrettes,
Vint et lĠinterrompit par
une phrase sotte.
Il se mit parler de faon
singulire,
Lui disant quĠil venait du
lac Irani,
Etait chasseur de phoque au
trou en Laponie.
Il avait migr, vendait des
aiguires,
Des tables de zelliges aux
pieds de fer forg.
Il tenait la main un pieu bisel.
Nul ne savait encore qui
lĠavait hberg,
Pourquoi il prononait ces
phrases atonales.
Tel le clbre oiseau aux
plumes polychromes,
Il rptait des mots de
faon machinale,
Puis soudain sĠarrtait,
pris de mussitation,
Et couvrait son visage de
ses noirs oripeaux.
Sa grande bouche be se
mettait en prire,
Et son regard perdu de
mainte hsitation
SĠadressait chaque fois aux
yeux de mon grand-pre.
Le rythme de ses mots tait
sons homophones.
Le pyrrhocore :
Mais cĠest msavenant, quel
est ce partroubl ?
Ce vendeur de zelliges tait
marchand de peaux ?
De quel songe oisif se
plat-il dĠodorer ?
Quoique je me dessoucis de
ses vagations,
Je trouve ce pauvreteux
loign des sultans.
Il cherche patemment quelque
patricotage !
Pouvez vous parlustrer en
justes proportions
Les lucubrations de ce
vieil accabl ?
Soit, je mĠembarbouille, je
nĠattendais pas tant.
Ce boyard fanariote, qui
venait implorer,
Venait-il prlever sa part
dĠhritage ?
Ou, zlote endiabl,
croyant faire ripaille,
SĠamuse comme vous faire
des rmoras.
Tableau
5 : le chien famlique
LĠoutrag :
Oui, cette lallation outrait lĠentendement
La dite mutit nĠtait pas maladive,
Mais le produit dĠun moine
polypharmaque
Qui sĠembguina de manire
tardive
A faire des remdes pour
quelque tousserie.
Ainsi, ce moinillon, qui
tait caliborgne,
Versait au chantepleure sa
petite besogne
Dans une jatte en fer blanc,
car il voulait vraiment
Parfumer la cupule
dĠeffluves sandaraques.
Il citait du Plutarque
pendant ses oraisons.
De la flore murenne, tirait
des sucs savants,
De sorte que ses ouialles
tombaient en pamoison.
Le pauvre fanariote qui
venait pour prier
SĠtait amourach de liqueur du murier !
Le pyrrhocore :
En fut-il ahonti et tout
brindezingu ?
Ce fin spiritueux tait fort
misologue
Et poussait ces loustics
se polissonner !
Ils se croyaient sans doute
mystagogus,
Croyaient-ils abonnir,
ferrer, embguiner,
Et grcieuser le clan finet des Ïnologues !
LĠoutrag :
Certes, le moine avait mis,
coups de lche-doigts
Des artifices propres
mdeciner.
Ceci dclencha la joute
logomachique.
Certains voyaient se
gondoler les pidroits,
DĠautres lĠaccusaient dĠuser
de la colchique,
Ils devenaient quinteux,
propres bassiner !
Le pyrrhocore :
JĠincidente, et honnis ce
coquin, ce cur,
Qui sous des airs humbles, farcis
de simplesse
Envenimait rustauds, les
bnins, les dvots.
En somme ce pontife, cet
homme bien-disant,
En robe zonzoline, tait un
exalt,
Un cuistre curatif sans
amabilit !
Fut-il rcul, reclus dans
un cachot ?
Mais votre fanariote, tait
dfortun
Et prompt accagner cet
abalourdisant ?
NĠa-t-il pas fleur ce
chaland de dtresse
Et pouss ce nigaud dans une
chausse-trape ?
Les marauds ne sont pas de
ceux que lĠon attrape.
LĠoutrag :
Il fut pris dĠun dlire et
fut logorrhique.
Il tait accouardi, mais il
nĠesta personne
Il lui fallait enter, qurir,
vespriser
Et ragoter bien haut dans
tous les bigophones.
Plutt que clabauder et de
dblatrer,
Il se mit rimer, ceci, sans dpriser
Et prfra virer vers la
romancerie,
Car cĠest dans cet esprit
quĠil quitta sa patrie.
Il quittait lĠtendue des
montagnes nordiques
Et voulait commercer en mer adriatique.
Il conquit le march du
meuble oriental
Faonn de bois rares et de
belles essences
Dont il apprit les noms,
conut un glossaire.
Il connut le sultan et sa
garde cheval,
LĠamour du balata et son
rubescence,
Et fut ornementeur chez tous les janissaires.
Le pyrrhocore :
Diantre, ce disparate a
quitt lĠindigence !
Ainsi, ce scheron fut
plutt congnial.
Car, esthte affaireux, ne fut abigoti
Que le temps dĠaccouinter
des sultans gnreux !
Pour une amulette, il
taillait des crdences,
Mme dĠune souche dĠun
terrain diluvial !
Etait-il dcouvreur de bois
morts malandreux ?
Ou chasseur indigne,
traqueur de wapiti ?
LĠoutrag :
Il nĠaurait pas imptr un
dimissoire !
Il sĠappelait Olsen et se
donna un titre :
Prince de Laponie, ce qui
fut dlusoire.
Il avait cel dans un petit pupitre,
Les secrets des tours,
guillaumes et gimbardes
Car il se mfiait des
oreilles mouchardes.
CĠest ainsi quĠil prit une
bonne gouverne
DĠcrivailler de tout mais
de bien dparler,
Il ne fut jamais de ceux qui
se prosternent.
Le pyrrhocore :
Dans ce brouillamini, je
lorgne un pis-aller
Dans la fabrication habile de caquetoires.
LĠoutrag :
Olsen, expert en bois,
curieux bniste,
Etait un pote, rimeur
ostentatoire,
Croqueur grands traits, artisan
fusiniste.
Il usait dĠamourette et de
lĠÏil de vermeil.
Il avait not, sous forme
dĠacrostiche
En lettre de cang jie, le
bois de Patawa,
Dont les palmes brodaient
les frles corniches,
En robe fine et sombre dĠun
jais de kawa.
Le bois de tamanou des
terres Maho,
LĠamarante prcieux, le rouge moutouchi,
Faonnaient les divans, les
meubles futiles.
LĠincarnadin du bois,
senteur magistrale,
Forait de teinte rouge les
archers de boco,
Et soufflait un air chaud,
un vent de sirocco.
Le goujon dessinait les lettres lances
Des hampes du thuluth si
particulires.
Pour quelques piastres encore, lĠhabile fantaisiste
Ornait un laminoir
feuilles de papier.
Le pyrrhocore :
Kawa et tamanou sont des
combrtaces ?
Tout ce baguenaudage a de
quoi mĠengamer !
LĠoutrag :
Non, ce sont les framires,
pourquoi se paumer !
Ai-je dit saxifrages
crassulaces ?
Le pyrrhocore :
Je me tance et tortille,
vous pouvez cailleter.
Tableau
6 : Yallah, chien de La Fouillotire
LĠoutrag :
Pardonnez, je bravache
jusquĠ mĠembarbotter.
Donc, ce pote rveur, ce
vieil crivassier,
SĠintroduisit gaiement en
homme intelligent
Chez tous les potentats, cela, andantino !
Mon aeul fut conquis, il
comprit sa faconde
Et son art merveilleux.
Il se fit ouvrier,
Orna dĠun tour plaisant
les graves octobasses,
Attifa laminoirs et lourds harmonino
De fresques charges de
floribondit.
Il atourna de cuir et de
lettres dĠargent
Douze bergres aux volutes splendides,
De larges ottomanes de
toiles damasses,
Fanes sous les soleils et
les vies agites.
Sur le velours fauve des
tentures drapes,
Des embrasses soyeuses de fils chamarrs
Se mlaient aux plis de
manire languide.
Les riches parures venaient de mille lieues.
Pieds nus sur le kilim
velout de soie bleue,
Le matre semblait glisser
sur toute chose
Il respirait le miel des
parfums hupps,
Du souffle de lĠargan et
dĠarmes poivrs,
Du fumet de lĠencens, des
ptales de rose
Et qui sĠenrichissait du
bouquet fluide
De notes boises et de
senteurs florales.
Le pyrrhocore :
Sont-ce des craqueries que
ces gracieusets ?
Un tabletier lapon sĠatte
aux Ïufriers
Hume la douceur des brumes
vesprales
Et, verbiage soudain,
sĠoffre, sĠoblatise
Pour un vieillard amoureux
de boiserie.
Il sĠentiche du samba, des marqueteries
SĠenflamme, venvole, et
vaillantise,
Pour la nature dĠun buste
chryslphantin
Ou creuse la gouge dĠun
geste enfantin
Empreintes feuillues et
tiges amplectives !
Que cet ultramontain
lĠhumeur tale
Renchrisse et lustre ce qui scintille
Et votre aeul enchante, accrot, smille
Et tisse de ses mains,
telles bufetteries,
De fils dĠor et de cuivre
toutes les moulures,
Formes exubrantes,
malicieuses tournures.
LĠoutrag :
La passion de lĠaeul et du fanariote
Se trouvait dans les mots et
dans les notes.
La musique et le chant
emplissaient lĠatelier
On se congratulait autour de lĠencrier.
Le pyrrhocore :
Voil que ces sculpteurs
valtudinaires
Vont nous pousser lĠachat
dĠun dictionnaire !
Monsieur est farfadet ?
Je reste quanime
Je ne vais pas dbiffer pour
quelques rimes
Notre harmonie, du
reste, jĠopinitre
A exciter, aiguiser mon esprit et foltre
A lĠide dĠaccointer vos
stylistes,
La charmerie lyrique de vos
feuillistes !
JĠentends atermoyer pour suivre les arcanes
Des jeux langagiers en
auditeur profane.
Soit, je mĠamabilise, et
jĠadonise
Vos alambiqueurs, et votre
vantardise !
De quelle branche dj, tes
vous hritier ?
Vos aeux sont chasseurs,
soldats, mntriers ?
LĠaboyeur de
gnralits :
Deuxime entre.
Ce jaseur
outrag est enclin discourir jusquĠ la pnultime !
Juch sur le perron
le crieur odore la nonchalance et les vains clabaudages, les gourderies de la
pense.
LĠoutrag
hbte son discours en phrases abstruses.
Premire
gnralit :
Imboire
lĠesprit de ses anctres est pure navrance.
Deuxime
gnralit :
A force de
lanterner dans la jacasserie, on rapetisse la comprenette.
LĠoutrag :
Pardonnez ma privance, je
dsultoire,
Mes dfortuns nĠencombrent
pas les foires.
Voyez, lĠacdie et mon
acagnardise
Sans rabacherie, se plat au
racontage !
Ainsi, pour raisonner, je
piaffe et je prose
Sur tous les chapitres, pour
des clopinettes.
Sachez quĠun trisaeul
graveur dĠherminette
Cosaque mrit, combattant
en Turquie
Et qui parlait huit langues,
devint morose.
Figurez vous, quĠil reut
pour hritage
Plumes et critoire, quelque
btardise,
Des livres anciens venant de
Valaquie.
Le pyrrhocore :
Diable, si nous remontons,
vous nĠallez pas natre !
Est-ce de lĠuchronie ?
Un rcit perdurable ?
Quelque chape-chute pour
vous faire paratre !
JĠahane trouver une suite
prsentable.
Veuillez dblatrer sur les
quelques Parents
De la guerre de cent ans, ou
de bien plus rcents.
Tableau
7 : Le mur de lĠarme
LĠoutrag :
Mais les folliculaires,
quĠicelui conservait
Sont nets et justement
prouvent ma parent !
JĠexplique que mon arrire
grand-pre, celui
Dont le pre tait livrier,
journaleux,
Celui qui gravait sur le
cdre, crivait,
Etait collectionneur, rimeur
et bniste
Et quĠil laissa aux siens
des objets de valeur.
Le plaisir des rimes, un don
miraculeux
Point nĠest besoin dĠtre un
fin annaliste !
Le talent dĠcrire, est un
art atavique
Il rclame des soins mais bien moins de labeur.
Je suis un artiste en
somme, patent.
Le pyrrhocore :
Je suis botien tout aussi
atavique
Mais aussi compendieux et
sobre, grgaire.
La tte lĠvent, et je ne
mĠembouquine.
Exact et glutineux, je fais lĠinventaire
Dans votre causerie dans
tous les tropiques
Des liens de parent, des
alliances sanguines.
Je suis sur la proue dĠun
navire qui tangue
Vos aeux font escale et sĠmerveillent,
Puis le vent se lve, les
voiles faseillent
Et votre parent debout sous
la varangue
Dclame du Socrate au bras
dĠun sultan !
Les fils de ces pres
seront-ils horlogers ?
Dois-je vespriser ou bien vous mnager !
On peut tre esthte sans tre orvitan.
LĠoutrag :
Je mĠen brandille, et je
vais barguigner !
Puisque vous me jobez, je
vais incidenter.
Car vous mĠinsolentez !
CĠest vrai, je rimaille
Et suis la trace rveuse de mes ans
Cependant, ceux-ci
furent pleins de trouvailles
Je suis exubrant et me sens
entran
Vers les nobles hauteurs.
Ainsi se baigner
Sur les rives sublimes, on
devient gant.
Asseoir ses ides, ses
inventions, enfanter,
Puis vouer ses dons
lgitimes au nant !
Les richesses dĠargent me
sont moins salutaires
Que les joies de
lĠesprit ! Vous tes fonctionnaire,
Triez dans les papiers les
dlits minuscules,
Sans omettre jamais une
seule virgule,
Vous rvez, au dtour des
vies que jĠempreinte
Et le devoir sĠimpose, et
lĠon mĠreinte !
Le pyrrhocore :
Rimeur et composeur, soit,
je confabule.
Tcher de raccourcir les
sicles, sĠil vous plat,
De les rapetisser ! Car
on va sans tarder
Revenir aux cellules,
aux particules !
Sans ne cachotter rien, ni
mme ne farder.
Reprenons : dans quelle
cour Monsieur cavalait ?
LĠoutrag :
Je dois vous signifier un
sacr dsastre
Car lĠun aimait les livres,
lĠautre, les astres.
Leurs enfants navigurent
avant dĠtre soldats
Il y eut Napolon, la grande
guerre !
Mais on retrouve toujours dans
ce barda
Les signes de lĠesprit qui
venaient de nos pres,
Qui allaient descendant
fleuves et frontires.
Me voici aujourdĠhui et nĠai
dĠautres prires
Que de lguer lĠamour des mots inutiles
Des splendeurs de la vie, des choses futiles !
LĠaboyeur de
gnralits :
Troisime entre.
Fanfreluches
foison, friolerie de verbes, entend qui peut !
Le pyrrhocore
eut mieux fait de sĠesquicher au lieu de regabeler, non mais !
Premire
gnralit :
A faire des
ennalages on ne sait qui est qui. DĠailleurs, qui, est srement quelquĠun
dĠautre.
Deuxime
gnralit :
LĠesprit
sĠvapore et sĠvade, cĠest normal, lĠesprit est immatriel.
Le pyrrhocore :
Je fais allgeance vos
consternations.
Gnie chimrique ou valse
dĠutopies,
Votre arbre de vie fond en constellations.
Donc, votre patelin,
inventeur onirique
Se tourne soudain comme une
vraie toupie
Et quitte sans encombre pour
des comtes,
LĠbnisterie pour de la
maeutique !
LĠoutrag :
Foin de nullit et autre impritie,
Le monde des toiles nĠest pas
contraire
Aux travaux dĠcriture et de
subtilits
Pourquoi se chicaner sur ces
pripties ?
Tableau
8 : La liqueur de murier
Le pyrrhocore :
Parce que jĠaffolis, que jĠy
perds mon latin !
Tous ces arts nouveaux
mĠaheurtent et mĠgarent.
Tant que nous tions dans
les arts halieutiques
Je pouvais fantasier les
ondes argentines
Les longues acdies, les
rumeurs byzantines
Et dans les caqueteuses de loupe dore
Me draper des parfums de
mres, de satin,
Des turbulences et vapeurs
olfactives !
LĠoutrag :
Le cerveau sĠanoblit des
ruses smantiques !
Cet aeul magnifique, qui,
sans un fifrelin
Joutait sur le papier,
nĠtait point timor.
Lorsque, gravant le bois de
loupe ou de boco
Il sentait venir des rimes homriques,
Son esprit sĠallumait tel un
gyrophare.
Il marquait une pose, une
aposiopse
LĠesprit embrum par cette
parenthse.
Car ses yeux magnifiaient le
rve illico
Et rendaient lĠillusion sur
la page embellie
Ou dans le nÏud serr du
bois de sapelli.
Les tiges du thuluth et les
noirs sinogrammes
Rehaussaient le blanc du
marbre de Carrare
Le vieil homme souffrait
dĠun lyrisme patent
Une fivre charmante
soufflait cette flamme
Et quĠil allait transmettre
tous ses enfants.
Le pyrrhocore :
Par lequel dĠicelui
allez-vous commencer ?
CĠest que vous glosez, mon
cher, vous paraphrasez
Vous eussiez pu faire
une fine exgse,
Caser des noms sur les
branches dĠun arbre
Et ainsi concentrer la
gnalogie !
Loin dĠabrger, monsieur
rime et soupse,
Pour nous servir enfin une amphibologie !
Vous vous emportez tel un
cheval se cabre
Et puis vous finissez
toujours par romancer.
Vous dodinez souvent dans
vos disquisitions
Je veux bien accoiser mon
indisposition
Et dmler encore de votre
parentaille !
Je vous obligerais
dĠaccourcir les dtails.
LĠaboyeur de gnralits :
Quatrime entre.
Nouvelles froidureuses des mers lunaires et bablisme opportun. Solitude
profonde en quelque thbade, le discours sĠatourne irrfragablement de lieux
communs. Pourtant, lĠoutrag sĠaheurte briser les certitudes de lĠhrdit.
Premire gnralit :
Ce qui est dit est dit, pourquoi ne pas le dire ?
Deuxime gnralit :
La bien-disance reste une habilet esthtique.
Tableau
9 : Le vieux fanariote
LĠoutrag :
Le fanariote nĠtait point
de mes Parents.
Comment sĠappelait-il et
pourquoi avait-il
Guid lĠaeul dans ses
Ïuvres potiques ?
Onques nĠai trouv de lettre
manuscrite
Livrant un secret ou un drame immanent.
LĠavait-il recueilli ou
sauv dĠun pril ?
De la perfidie dĠun
complot politique,
Car il le traitait en homme
mrite !
Que lĠaeul, ravi, admire
les toiles,
Le savant affrtait aussitt une voile
Et lĠentranait gaiement
vers les cieux prometteurs.
Il plaait son esprit,
toujours la hauteur.
Le pyrrhocore :
CĠest une palinodie de rare
qualit
Que de pouvoir voguer de
faon claire
Dans les constellations, un
luxe sidral !
Dfier la Lune haute et ses
fatalits
Chercher dans la nuit la
danse thtrale
Des clats de lumire de
toute lĠastre
Et lĠcoulement lent des
grains de sablier.
SĠenivrer dĠatmosphre,
vouloir oublier !
Votre logophilie nĠest plus
amusette
Elle asticote et mme, je regrette
De nĠtre pas davantage
merveill.
LĠoutrag :
Permettez moi aussi de me
dboutonner.
Rioter des plantes, se
lantiponner,
Est Ïuvre maldisante !
CĠest lucubrer !
DĠailleurs lĠaeul lgua de
manire notoire
Des crits slnographiques
ses hoirs.
Et je dtiens, ceci sans
vous entortiller,
Une carte, des cratres, des
mers des humeurs,
De la fcondit et des mers
des vapeurs.
Du froid millnaire, lĠocan
de temptes
Et lorsquĠau crpuscule ou
bien la veille
Je songe au tumulte du ciel
encombr
JĠnumre les noms des astres, rpte,
Heureux que ce vieillard
mĠait bien apostill.
Le pyrrhocore :
Monsieur nĠest point un
forlign, je le prtends,
Parfois, mme il rduit
et synthtise.
Alors que jĠentends votre
verve ubreuse
Et nĠy dcle pas de rime
hasardeuse
Certes, vous forfantez,
prenez votre temps
Mais vous restez congru,
sans cache sottise.
LĠoutrag :
Je vais donc voquer quelle
tait la teneur
Des crivailleries qui
firent mon bonheur.
Cet anctre feuilliste tait
crivassier
Et emboisait quiconque,
lisait lĠenvi
Dans les langues prcieuses
des paperassiers
Livres de bouquineurs en
tre assouvi.
Le pyrrhocore :
Est-ce le trisaeul, ami du
fanariote
Du ct du grand-pre de
votre papa
Ou dĠune autre branche dont
vous ne parlez pas ?
Car sans prciser, a emberlificote !
Avez vous quitt lĠInde et la Turquie,
Les plaines moldaves, la
riche Valaquie,
Pris ce fameux rafiot dont
vous parliez tantt,
Ou est-ce parenthse dans la vie de pacha
Des illustres anciens que vous avez dpeints ?
Ces tables floribondes, ces
parfums de geisha,
Sont-ce des fioritures, des
rves preints
Sont-elles cration de votre
esprit qui bientt
Vont fleurir et
vont bercer votre
insouciance ?
Dois-je encore me draper de
mfiance ?
LĠoutrag :
Comme je le disais dans les
sicles passs
Les gens de ma famille
souvent voyageaient.
Selon toute semblance, les arts
et lĠcriture
taient inscrits en eux, en
prime mouture,
Des audaces, des risques
outrepasss,
Un don original, des
passions infuses
Un penchant naturel qui
souvent drangeait
Le monde ferm de la
littrature.
Les guerres, les hymens, le
got dĠaventure
Faonnaient une race plutt
confuse
Qui offusquait et dardait firement une
Extravagante addition de
cultures
Et qui plus que lĠor
construisait sa fortune.
Le pyrrhocore :
Bon, reprenons : Nous
tions sur la lune
Feu votre trisaeul, juch
sur la hune
Lorgnait de sa lunette
sublunaire
Les cheveux dĠargent, les
poussires solaires,
Notait dans la cdule les
hmisphres
Les croyances astrales, les
signes funestes
Citant Protagoras ou bien du
Homre,
Orateurs physiciens et puis
tout le reste.
LĠoutrag :
Pour un fin savant, la nuit
est magistrale,
Elle nimbe lĠesprit de ceux
qui regardent.
Elle allume des feux uniques et darde
Mille luxes de poussires ancestrales.
La noire magie sĠillumine,
sĠenflamme
Et tue les malfices au cÏur
de lĠme.
Ainsi cet astronome, cet bniste,
Ce curieux tait un
enchanteur superbe
Un valeureux esthte du beau verbe,
Un accordeur dĠessentiel bien fantaisiste,
Fabriquant vie de rves chimriques.
Il tissait une toile,
drapait sa pense
Agrandissait son cÏur de faon
insense
Puis se laissait bercer,
buvait le silence
Suspendait ces instants
cette potence
Tendait la bigotelle, se
coiffait de velours
Se plongeait encore dans les
rives du ciel
Avant de sĠengourdir
jusquĠau petit jour.
Les rainures scintillantes
des persiennes
clairaient doucement le lin
du ciel de lit
Sortaient de la torpeur la
belle mridienne
Et doraient les chevets dĠun
joli blond de miel.
Tableau
10 : Vue arienne du chante pleure
Le pyrrhocore :
JĠprouve quelquĠennui, de
la malaisance
Car vous dlicatez avec
complaisance
Il vous faut dflchir, et
mieux dbredouiller
De grce, avancez, forlongez, dpouillez !
Laissons lĠunivers de la
cosmologie
Quittez ce navire et ses
longs tlescopes
Traitez des enfants et
rejoignez lĠEurope !
LĠoutrag :
JĠy viens, dĠailleurs,
figurez vous que par hasard
La femme de lĠaeul dont les
traits dlicats
Se voient sur les arcades de
mon grand-pre
Est peut-tre le fruit
dĠhritages incas
DĠun profil sauvage et
curieux de hussard !
Et bien cette desse, au fin
caractre
SĠenfuit de lĠOrient pour la
trs vieille Europe !
Elle devait quitter le monde
sinanthrope.
LĠaboyeur de gnralits :
Sixime entre.
Dans le
langage des sourds, point de vilet, lĠÏil subodore les penses moribondes, les
rduit au nant : Une vraie malenchre pour les poseurs. LĠoutrag est
bonimenteur, fort en capilotades, en frasques irrpressibles. Le pyrrhocore,
est-il sourd ?
Premire
gnralit :
Gratulations
et gracieusets sont cajoleries de langage qui sont fort dlusoires.
Deuxime
gnralit :
Cauteler et
alentir un rcit permet de bien lucubrer et laisse chacun sĠjouir des
vocations.
Tableau
11 :
Il avait
cel sous forme dĠacrostiche
En lettre
de cang jie le bois de patawaÉ
Le pyrrhocore :
Vous portraitez la dame avec envoiset.
SĠenfuir sans un tuteur,
mais quelle absurdit !
A-t-elle donc perdu toute
pondration
Pour courir se jeter vers
une autre nation ?
LĠoutrag :
Elle emmenait une cour
providentielle
Et avait des accointances
substantielles.
Complice loyale dĠun haut dignitaire
Cette femme imptueuse
allait conqurir
Le cÏur dĠun presquĠami de
mon grand-pre
En tenue officielle
rglementaire.
Cet homme charg de titres
tait dsert
Du lustre brillant que toute
femme espre.
Son lan arrt, ainsi se
tourna-t-elle
Vers mon auguste aeul
quĠelle voulut chrir.
CĠest ainsi que lĠon vit
chez cet homme disert
Natre les premiers discours
et lĠart dĠcrire.
Le triste relgu au rang
des souvenirs,
Ddaigna lĠoutrage et ne
chercha le duel.
Le pyrrhocore :
QuĠavait donc de plus ce
drle de grand-pre ?
Son gotisme avait le don de
plaire ?
Et il ne souffrait jamais de
rebuffades !
Je tiens cette coquette pour
exemplaire,
Qui joue de ses avances et
reculades
En guignant ainsi un hymen
bien prospre !
LĠoutrag :
Mon illustre parent tait
dialecticien
Il offrit sa muse des
critures,
Donna le virus sa
progniture.
La belle, tenait en son sein
de desse
Ce rticule charg de
souvenirs anciens,
QuĠelle allait ensemer avec
allgresse.
Le pyrrhocore : part
Monsieur donne la gabatine
et se croit
Oblig de fronder ou de
galantiser !
Je maronne dur et cherche si
cet adroit
Ne tente dĠorager ou bien
dĠeuphmiser.
LĠoutrag :
En effet la guerre et le
fusil nĠtaient point
Sa passion, il tait oblig,
on lĠavait
Dcor, mais toujours il
notait point par point
Des rimes quĠil enfantait,
puis il les gravait
Dans sa tte effronte de
rebelle absolu.
Malgr la mitraille, en
habit de poilu
Il dcrivait le ciel,
chantait les toiles,
Sa faon unique de tendre la
voile,
Usait de palindromes et
boustrophdons
Qui se voulaient abscons,
tranges et abstrus,
Piquait sa narration
dĠpines de chardon.
Ainsi pour dceler lĠennemi
absolu,
Il crait des schibboleths
tortueux foison,
Foules dĠanagrammes ainsi
que Lycophron,
Drivait savamment en des
phrases ambiges
Sur des mots improbables
lĠeffet prcieux
Trainait sa mmoire en des
lieux exigus
Des abmes frivoles au
ton audacieux.
Il narrait le pass, usait
dĠhypotypose
Tranant les lecteurs
jusquĠ lĠapothose
QuĠil soignait brillamment
jusquĠau terme final.
Enfin, ce chroniqueur
nĠavait rien de banal.
Le pyrrhocore :
Quelle part de ce pass
tient en vous aujourdĠhui ?
Jusque-s-aux doigts de pieds
vous semblez pntr
DĠun hritage lourd o vous
prenez appui
Et qui nĠarrange rien, vous voil emptr.
LĠoutrag :
Pour faire le lourd bilan de mon hrdit
Il me faut retrouver chez
tous ces naufrags
Parents de misres et de
moult splendeurs
Les sicles dĠembryons de
cellules sches
Qui donnrent la vie tant
de profondeur.
Ces lutteurs courageux,
forcens, engags
Semrent partout leurs
graines prolifres
Pour engendrer des sultans,
des janissaires
Et colporter des glandes
sudorifres.
Ainsi, dans ces parcours,
mes feus missaires
Apposrent au seuil des dernires volonts
Le musc et lĠambre sur les
cÏurs corchs.
On pu voir sur les membres
de cette tribu
Les organes essentiels, tous
les attributs
Reprsentants fidles de ma
filiation.
Fines clavicules, blondeurs
mensongres,
Colons ridicules, fivres trangres,
Nimbes olfactives, parfums
de bergre,
Les yeux bariols de teintes
automnales,
Penses exquises, danses
abdominales,
Les vertbres noues du
dernier potentat,
La lvre exagre et farde
dĠincarnat,
La pudeur gristre dĠun ciel
ennuag,
Ides vagabondes et trous de
mmoire,
bauche effrayante du compte
rebours
Rival batailleur patte de
velours.
Le pyrrhocore :
Bien ! Il me faut,
monsieur, maintenant rsumer,
Rassembler mes notes, les
relire aussi,
numrer mes doutes et bien
prsumer.
La branche des lapons qui
vivait en Asie,
Gente caliborgne vtue de
miessi,
Victime de rumeurs, de tics,
dĠaphasie,
Engendrait janissaires et
aventuriers,
Avaleurs des sabres, de
liqueur de murier !
Ce chasseur de peaux, le
lapon bniste,
Arrire petit neveu de votre
trisaeul
pousa en secret feu votre
grand mre !
Laquelle amie dĠun sultan
fantaisiste
Partit en Europe cultiver
des glaeuls.
Peut-on apparenter votre grand pre
Cette ligne de fils aux
ides prospres
Dont les mres hindous se
drapaient de voiles
De tussot incarnat,
chassaient le phoque au trou
En mer Baltique, et
ravageaient le cÏur
De pauvres fanariotes ?
Donc le trisaeul
Amoureux de bois, de lunes
et dĠtoiles
Qui parlait huit langues,
fut aussi hospodar !
Suis-je clair ! Ai-je fait une erreur quelque
part ?
LĠoutrag :
Les gnrations se croisent,
se chevauchent.
On nĠy trouve pas, le dbut
dĠune bauche
De lĠamour de la vie ou
quelque chose
Qui pousse la mmoire mieux soliloquer
Et tracer dans les airs les
dcors majestueux.
Pour peindre ce silence, je
dois voquer,
Les rves controuvs, les
dlires obscurs
Le plein dĠimaginaire, et
les flures
Svres, tranges, et
impitoyables
De lĠincomprhension des
gens impeccables.
Il ne sĠagit point l de
mtempsycose
Ni de magie, ce serait
prsomptueux
Mais de marques impulsives
de traits inquitants
Au saisissant contraste,
vif, ptulant
De foudre potique, de mots
farfelus
DĠune race candide, qui
nĠexiste plus.
Le pyrrhocore :
Je suis outrecuid et je
muse tristement
A quoi bon gausser, user de
maltalent
Je mĠtrangeais un peu, mais
sans trop aberrer,
Je croyais odorer votre ingniosit
Je vague, je ruse, sans vous
atterrer
Monsieur se rcrie de
malhonntet.
Me voici imptr et me
rconcilie
Avec des parentles
intermittentes
JĠessaie de tenir, mais
soudain je mĠabsente
Faute dĠimager tous ces grains de folie.
Loin dĠtre imbriaque, je
suis hurlup,
De voir comment et par quel
truchement
On mlange les genres les
talents et les gens.
Ciel, votre hrdit nĠest
pas usurpe !
Et comment pourrait-il en
tre autrement ?
Mais voil, il est temps de
faire une pause
Rameutez vos aeux soyez
plus diligent,
Vous dfendrez ainsi, bien
mieux votre cause !
LĠoutrag :
Avant que de partir,
embouchez votre adjoint
A qui mes causeries forcent
lĠentendement.
Vos notes de tantt
pourraient venir point,
Fuyant les prcessions et
les atermoiements !
Faut-il exhumer mes sources
levantines
Sautiller comme lĠon danse
une gigue
Sur les traces du temps,
mourir de fatigue
Disparatre en fume, couper
ses racines,
Singer le matassin, brandir
un lviathan
Raconter des fables
libidoniriques
Jaboter enfin des fables
aurifiques
Comme on teint le feu de
tel fbricitant ?
Le pyrrhocore :
La ductilit de vos fires
ascendances
Fait que lĠon croule un peu
dans le galimatias.
Je dois faire appel une
supplance.
LĠoutrag :
Pour que lĠon me libre,
pour quĠon mĠamnistit
Il faut corroborer et ne
point lsiner.
Quoique je dsheure lĠordre
de vos factions,
Permettez moi de rompre
cette agitation.
Je souhaite donc dner, ne
plus faraminer
Sans vous dsagrer, ni mme
vous ruiner.
Vous me voyez affable et
prt mĠincliner.
Le pyrrhocore :
Dnez, et permettez moi de
me retirer.
Je dois lire mes notes, ne
point arrirer.
LĠoutrag :
Mais il ne sait rien du dbut
de lĠhistoire !
Le pyrrhocore :
Je vous fais confiance, vous
saurez rsumer
Ds que vous serez prt,
vous frappez au heurtoir !
Et nĠoubliez pas, vous
nĠtes quĠun prsum.
Deuxime partie
Le jour baisse, on vient dĠallumer
les lampes. LĠambiance semble
froide et tendue. Le pyrrhocore
adjoint a remis sa veste. Son bureau est jonch de prises de notes quĠil
vient rgulirement consulter. Il regarde lĠheure.
Le pyrrhocore en chef semble
plus dtendu, il sĠinstalle son bureau, il est courtois, presque aimable.
LĠoutrag se promne dans la
pice, il dplace les chaises, les dossiers, soulve le store, il parat
inspir. Il est lĠaise et volubile. Il prend tout son temps, ce qui exaspre
lĠadjoint.
Le rideau tombe alors que la
nuit est tombe.
LĠaboyeur de
gnralits :
Septime entre.
Foucades de
lĠesprit foisonnent. Voil le pyrrhocore bien enquinaud, infusment contri.
Comment dulcifier les nerfs quand lĠoutrag bondit sur les mots et cautle en
jouant les crapoussins !
De toute la hoirie
dont lĠoutrag dispose, il distille, haleine des parties congrues, filigranes
dĠorfvre en pays inconnus. Il se dit feudataire, se pite firement, puis il
suppute encore, devient optatif en trouvailles vraces. LĠun croit quĠil dit
vrai quand lĠautre accroit.
Premire
gnralit :
A tels
gabelous, les mots paient leur d. Ils minaudent, sĠinstallent la faveur du
temps qui les agre. Enfin ils disparaissent.
Deuxime
gnralit :
LĠhritage de
chacun est disparate, htroclite, il est mme bienvenu.
Tableau
12 :
Portrait du Pyrrhocore
adjoint tabli sur tmoignage de lĠoutrag :
Le pyrrhocore adjoint :
Je me prsente, on mĠappelle
bon papa :
Armel Cyriaque Gnreux de
RomagnatÉ
LĠoutrag :
Bigre, vous tes noble, je
ne mĠattendais pas !
Le pyrrhocore adjoint :
Je viens du Gergovie et je
suis un bougnat !
De ce qui est dcrit, vous
tes un exacteur
Vous grcieusez gaiement en
fin primesauteur.
Vos embabouinements ne
mĠvaguent donc pas.
Ne vous escampez point en
rabobineries
En des gabatines et
procrastineries,
Et pourpensez longtemps
avant que de jurer.
Il faut coups de gouet
tailler votre histoire
mincer la gouge, pour
votre auditoire.
Vous tes infatu de votre
filiation
Voil ce qui ressort de la
comparution !
Vous vous envieillissez,
ainsi que vos parents,
La ligne vous rengorge sans
soucis apparents.
Les sicles se ctoient sans
jamais un faux pas
Vous parlez de la vie et
jamais de trpas.
Il faudra baudir et
merillonner
Le discours patemment sans
trop patrociner !
LĠoutrag :
Nous avions quitt lĠAsie
pour lĠEurope,
Le dbut de ce sicle tait
prometteur.
Il laissait des regrets, aux
vieux lycanthropes
Qui avaient vu le jour en
des lieux plus flatteurs.
Leur cerveau drap de limbes
cryptiques,
Ceignait des feux ardents et
des parfums secrets,
Notes ambiges, prouesses
exgtiques.
Comment, sous la pleur dĠun
ciel continental,
Pouvaient-ils arborer ce
furieux rcital
Autrement quĠen des mots diluviens,
magistraux.
Ils brossaient lĠtendue des
vastes forts,
En gestes vermiculaires et thtraux,
Bravant lĠindignation et le
mpris anglais.
Ils rcitaient Horace ou
bien du Rabelais !
Le pyrrhocore adjoint :
Je mĠjouis de voir que nous
avanons. Ainsi,
Vos altiers ascendants au
cÏur hospitalier
Dcouvrent lĠinflexion aux
accents ternels,
Les rudes pines du verbe
irrgulier !
Sont-ce les grands parents
du ct paternel ?
LĠoutrag :
Non, ceux de Hongrie
rejoignirent lĠEspagne
Il sĠagit bien ici du ct
maternel.
Mais il faudra attendre
la grande guerre
Traverser lĠocan, se vtir
de pagnes
Quitter le sol de la grande
Angleterre
Pour quĠun beau jour de
mars, lĠon voit apparatre
Ceux qui, dans un lot bleu,
me feront natre.
Tableau
13 : La peau de miessi
Le pyrrhocore adjoint :
Vous affrterez un rafiot
pour lĠAfrique ?
Ne nous harpaillons
pas ! Si cette brumaille,
Rumeur ou affabulation
atavique
Se lve illico, promptement,
sans quĠil faille
Ratiociner, ergoter, que
sais-je encore,
Nous trouverons une fin qui
vous honore !
LĠoutrag :
Laissez mon honneur, il est
pur, infrangible,
JĠintersecte les miens pour
mieux les prsenter
Car pour rsumer cette
famille norme
Il faut un cerveau
infundibuliforme !
Quand je crois trouver de
quoi vous satisfaire
Vous marquez une pause bien
solidaire
Afin de mĠembrouiller, de
mieux mĠemmenotter.
Mais jĠai hrit un don
pargorique
DĠune pertinacit
pidermique.
LorsquĠon me rudoie, je suis
inaltrable
Et dploie une force
considrable.
Le pyrrhocore adjoint :
Tout doux, voil que vous
hargnez, et forcenez !
Vous allez forjouster, forjeter
votre esprit !
Le voici, le lourd hritage
fabuleux,
Le noir manuscrit, au rcit
mticuleux,
Qui pousse les gnies
jusquĠ la destruision.
Vous brassez par trop votre
esprit dĠillusions.
Enfin vous oubliez jusquĠ
vous rencogner.
Si vous rebrassiez mieux
votre intelligence,
Vous pourriez gaber avec
magnificence
De ce qui encombre toutes
vos descriptions !
LĠoutrag :
CĠest bien, puisque vous
mĠenjoignez poursuivre
Sans affteries, sans rcit dĠimportance
Je vais tre clair comme on
lit dans un livre.
JĠallge mon discours, enfin
tout le topo
Des souches saillantes et
protubrantes,
Du patricotage et babil
outrance,
crasant de leur poids, altrant
le propos.
Aux questions qui mĠassaillent,
aiges, trbrantes
Je ferai des rponses
brillantes, nettes,
Adamantines ! Sans
nulle devinette.
Le pyrrhocore adjoint :
Donc, au dbut du sicle, si
je comprends bien,
Les parents de monsieur,
deviennent londoniens !
Ne vous brandillez point,
jĠai compris patemment.
LĠoutrag :
JĠassentis vos dires, mais pour les parents
De ma mre qui y vcurent
seulement.
Le pyrrhocore adjoint :
Vraiment, cela devient un
thme rcurrent :
Rpondre un sujet
quodlibtique !
LĠoutrag :
Soit, ne restons pas au seuil prembulaire.
Rosalie Julienne tait
excentrique.
Ses extravagances, sa
singularit,
Ne convenaient pas aux
rgles britanniques
Qui ne consentaient pas les
familiarits,
Du moins, quĠune femme put
avoir des ides,
crire, engendrer des
feuillets potiques.
Elle dcrivait les aubes nbuleuses
Les brumes spirituelles aventureuses
Mais rien ne la trouvait
plus intimide
Que lĠintensit dĠun soir de
pleine lune
Qui irradiait le monde de sa
fortune.
La belle me esprait que
cette ataraxie
Inondt sa vie, et sa
postrit.
Un sombre assassinat plongea
dans le conflit
LĠEurope et les autres pays
du monde.
On fuyait en courant, en
vlo, en taxi
Certains dsesprs
entonnaient lĠhallali
Nos parents dĠautrefois
devinrent ennemis !
On tait pour ou contre,
jamais demi.
Rien ne pu endiguer la vague
furibonde.
Tableau
14 : Rosalie Julienne
Le pyrrhocore adjoint :
Mais nous nĠapprenons rien
sur votre grand-pre !
Fut-il combattant aussi dans
cette guerre ?
Le mien tait franais, monsieur,
et Verdun,
Il tua des allemands, et
croyez moi, plus dĠun !
LĠoutrag :
Il tait franais, dĠorigine
hongroise
Les turcs et les lapons
avaient galvanis
Son me guerrire, il tait
dur, rus.
La Rosalie sur sa veste
turquoise,
Il allait, alourdi du poids
du havresac
Et connut les tranches
boueuses et les rats.
A-t-il connu la peur ?
Il ne revint jamais,
Les nouvelles du front
arrivrent en vrac
Il mourut Verdun, dit-on,
et endura
La mort lentement dans un
trou, il sĠinhumait
Tout seul, dchir, solitaire, ainsi, il
Ne souffrirait jamais la
douleur de lĠexil.
Le pyrrhocore adjoint :
JĠai ou dire, de source
avunculaire,
Que nos soldats aux vestes
azurescentes
Ne pouvaient sĠenfuir,
chapper ni sĠabstraire
Des tirs de cette foudre
incandescente.
Dans moult babillardes trop
vite tournes
On prouvait la mort, sans
cesse ajourne.
La vive garance des jambes
des chasseurs
Rubfiait les plaines de
pourpre et de pleurs.
Et la face tourne vers le
soleil naissant
On conjurait dĠespoir pour
le jour finissant !
LĠoutrag :
LĠami de mon pre, pupille
comme lui
Raconta le martyr de nos
pauvres pioupious
Fouis dans le cloaque, la
terre, le glui
Traquant dans la mmoire des
ruses de sioux.
Ce souffleur de biniou, ce
fin aventurier
Dclamait Byron, Meredith,
et Shelley !
Insigne la couronne ceinte
de laurier,
Cet adjudant matre, ce beau
Tommy anglais
Arborait une photo de son
chien, un colley
Qui comme son patron ne
buvait pas de lait.
Son meilleur ami, son frre,
un pote,
La main sur le cÏur, dernire
requte,
Adressa au ciel ses vers de
fier paladin
Ce chant fut son dernier cri
de baladin.
Tableau
15 : le grand pre.
Le pyrrhocore:
Je reprends mon service,
avez vous avanc ?
Avez vous apig mon
collgue adjoint ?
LĠoutrag :
Voici que mon histoire prend
de lĠembonpoint
Et quĠ cette priode, elle
sĠest dbride.
Nous tenions des propos dj
plus nuancs,
Et tions partroubls par un
pass rcent,
Entendions contre contre
les mmes ides.
Le pyrrhocore adjoint :
Les parents de monsieur ont
un pass commun
Avec mes grands parents, ils
sont morts Verdun.
LĠhomme nĠest point ocieux
dans ses explications,
Mais nous avons coup sa
belle narration.
Guerre de position, guerre
de mouvement,
Donc, ce pote anglais vit
ses derniers moments ?
LĠoutrag :
Dans ce champs de mortier,
aucune neuvaine
Vivre le lendemain tait une
aubaine.
John tait acajou, au teint fauve, piol
Amoureux des rimes riches et
denteles.
Sur sa poitrine rousse de
bel irlandais
Il enceignait les pomes qui
lĠobsdaient.
Quand la furie des bombes
creusant la terre
Environnait de peur ce pur
solitaire
Il dfiait le ciel dĠun air
autoritaire
Le menaant de foudre et de tonnerre.
Un saut descensionnel,
abrupt, dsorbit,
Tua le pote. De cette
absurdit
Ses yeux ne virent rien. Son
rve sĠvanouit,
Emportant ses ardeurs de
faon inoue.
LĠpigramme rougi sous le
vtement gris
Du sang de lĠennemi, tait
vide dĠcrits
Il formait un corset
trange, singulier
O les mots trangls,
scells dans le papier
Ne pouvaient apparatre.
Seule pitaphe,
Un dermatoglyphe servait de
paraphe,
Dernier geste dĠamour de
chevalier servant
Perc de baonnettes, haut,
sur le devant.
Le pyrrhocore:
Parlons des trpasss,
puisque nous y sommes.
Nous tions pour moiti,
charento-francs-comtois
Nul ne se comprenait, nous
parlions le patois.
Le vieux saintongeais
nĠaimait pas la saucisse,
LĠautre tait allergique aux
crevisses !
Ils furent tus du ct de
la Somme.
Il nĠest pas besoin dĠarrirer
deux mille ans
Pour prouver quĠon est le
fils de ses ascendants!
Le pyrrhocore adjoint :
Vous tes
saintongeais ? Vous me lĠavez cach !
Ol manjeur dĠcagouilles et
de mojettes piat ?
JĠva vous bailler un
histoure dĠcheu nous !
LĠoutrag :
Nesciemment, ces messieurs
fantastiquent, et vous
Voil amis, effusifs, et amourachsÉ
Le pyrrhocore:
Y-a-t-il un anctre que lĠon
estropit ?
Vous vous emmitonnez par
trop facilement
Dans une carapace ds que le
sujet
Vous embarrasse ou dserte
vos parents !
Le pyrrhocore adjoint :
Va-t-y rester l boun gens,
cĠest quĠil est beunaise !
CĠest quĠ jĠdbauche cinq
heures, fi dĠpunaise !
LĠoutrag :
Dpit immensurable ! Je
suis tabut ?
JĠodore la privaut dans la
rusticit,
Dois-je baragouiner aussi le
saintongeais ?
Le pyrrhocore:
Asteur y dit pu reun, vla
qui ferme sa goule !
Quand y parlait cĠtantt,
cĠest moi qui pataugeais.
Tableau
16: Un vol de lagopdes
LĠaboyeur de
gnralits :
Huitime entre.
Adeprimes :Il
nĠest point ici dĠpigone dans le descendement ou bien lĠhereditage !
LĠaccointance effusive entre les pyrrhocores dprime lĠoutrag, qui sĠesquiche
luisiblement dans sa dmonstration. Ces deux-l jargonnent hilairement et
charpillent en apart tous ses confessements ! CĠest un coup dĠarrt
toute diffluence, il faudra courter, et mme sĠarrter, lĠoutrag le sait
congrment. Pas question de bcler le dit terminement, ou induire un jugement
incogitable.
Premire
gnralit :
LĠexercice
funambulesque de la mmoire est un geste glorieux, le temps dĠun souvenir, il
ne tient quĠ un fil.
Deuxime
gnralit :
Aucune
cataphracte ni armure nĠest assez tanche pour enfermer lĠesprit. Quand on
croit lĠabsconser, il cherche se rpandre
Tableau 17 : Le
pupille.
Tableau
18 : Coupe transversale du pyrrhocore adjoint
LĠoutrag :
Fi des billebaudes
lĠhumour rarescent,
Je ne brocarde pas votre
imagination,
Mais quĠon arrte l cette
consignation !
Je veux clore enfin
lĠhistoire de mes parents.
Mes fondements sont clairs,
des plus luminescents
Du reste mon casier est
aussi transparent !
Le pyrrhocore:
Quoi ? Vous quittez
hospodars et janissaires ?
Mais vous nous donnez soif,
nous sommes captivs,
Et nous restons curieux
de ces missaires !
Aprs lĠAngleterre, vous
tes arriv ?
Le pyrrhocore adjoint :
Il nĠy a plus personne chez
vos ascendants !
LĠoutrag :
Mon pre tait des ntres,
il y a deux ans !
Le pyrrhocore:
Parlez confidemment, nous
saurons couter.
Etait-il livrier, pote, bniste ?
Dans mon apostille, je le
vois imposant !
LĠoutrag :
Bien mieux que cela. Il fut
cosmopolite
Il courait le monde et
savait sĠarrter
Sur une langrotte, un petit
oisillon.
DĠun geste vif, emphatique,
exorciste
Il plongeait le calame
bisel dans lĠor
Noir de la liqueur dĠun
spia pharaon,
Et notait dans de purs syntagmes
des trsors,
Ou gravait un lai sur une mgalithe.
Il usait de vrais dialectes
francophiles,
De langues melliflueuses,
acrobatiques,
Dcrivant lĠinstant, seconde
fabuleuse !
Pour empanacher de rimes
potiques
Les alles dĠÏillets, de
blanches tubreuses.
Quartement, il fut un
fervent ngrophile.
Le pyrrhocore adjoint :
Non ! Ne nous mlons
pas de politiquerie !
Tout cela mnerait nous
embarbouiller.
Tableau
19 : Le bel irlandais
Le pyrrhocore:
Je prfre encore vous
savoir bredouiller
Des ides romanesques, des
gamineries.
Un homme accointable et
gracieux comme vous
Se doit de deshonter les
sujets pineux
Et placer savamment des
petits garde-fous,
En se montrant
besoignablement lumineux !
LĠoutrag :
Pour le reste, je suis
inconfus, et vraiment,
Ne suis pas corch par mon
descendement.
Dans mes veines de sang
intrpide et moqueur,
Pullulent des taches brunes,
minuscules,
Insolites, consciencieuses,
qui bousculent
La froidure des croyances
obsoltes
Me faonnant ainsi une
excellente humeur.
Voyez vous, ma ligne serait
incomplte
Sans le tumulte fou , sans
la robe lgante
Du rythme des mots, elle
serait moins fringante.
Dans le canal troit de
belle intelligence
O se mlent et dansent les
penses incongrues
La reine des vertus, la
blanche conscience
Resterait lĠtat
dĠbauche, de croquis,
Renverrait dans la nuit le
jour o je naquis !
Le pyrrhocore:
Quelle imptuosit !
Quel glorieux spectacle !
Cette lgende mrite un mmoracle !
Tout esprit maigrelet que la
bassesse accable
Eut trait votre rcit dĠ
incogitable.
Les normes aux senteurs
ples, rabougries,
Sont charges dĠopprobre et
dĠhypocrision,
Elles agitent la loi comme
on lance un grigri
JusquĠ contourner le beau
rve en drision.
Tableau 20 : LĠoutrag de face
Le pyrrhocore adjoint :
Je confirme cela, la raideur
de lĠesprit,
Rengaines, convenues et les
banalits
Font un mnage curieux et improbable
Avec la posie, je nĠen suis
pas surpris.
SĠil faut piloguer, et
cĠest honorable
voquons la beaut, la grce
artistique
Et laissons les bassesses et
la mdiocrit.
Sans doute faudra-t-il
redescendre sur terre
Se dpartir des siens,
retirer du lierre
Les terribles racines
indlbiles
Qui nous hante la nuit, qui
nous obnubile !
LĠoutrag :
CĠest bien, vous avez l ma
gnalogie,
Le mur peint de cinabre, la
forfanterie !
De ce fragrant voyage,
fabuleux, gant,
De guerre furibondeuse ou de cosmologie
Le naufrage du verbe me renvoie au nant.
Mon humeur affaiblie,
presque cachectique
Qute dans la sagacit bureaucratique
LĠpaule gnreuse dĠune fraterie.
Le pyrrhocore adjoint:
Thyeu gs l sĠrait ti pas mieux dehors
courir
La drlesse?
Le pyrrhocore :
JĠcr ben son histoure de
dfint!
LĠoutrag :
Ah ! Vous croyez enfin
mon honntet !
Le pyrrhocore:
Il faudra renseigner votre
joindablet,
Et ne plus mensonger sur les
murs de lĠarme.
LĠoutrag :
Je promets que ma plume sera rprime.
Je reprendrai la mer, me
fondrai dans le ciel.
A trop me rencogner dans
cette filiation,
Je pourrais divaguer dans la
forcnerie
Elucubrer encore, me perdre
en fiction.
Mes actes de raison seront
cicatriciels.
JĠai bien peur que cela soit
une rmission !
Et si rien ne pouvait
rprimer ma passion
Dodinante dĠesprit de sels
potiques,
Que mes vrais lans
deviennent frntiques ?
Tableau 21 : Les
bisaeux
Le pyrrhocore:
Pourtant lĠexhaustion ne
peut tre parfaite
Il trane malgr nous
dĠincertains souvenirs.
La mmoire regorge de traits
filandreux
Qui viennent dranger,
fltrir ou bien ternir
LĠhistoire de valeureux
anctres poussireux.
On voudrait drober leur
vile retraite
Les frasques ordinaires et
dtails grotesques
Exubrances folles et
visions burlesques
Pour les transformer en
secrets mouvants,
Pour effacer enfin ce pass
dcevant.
LĠempire suprme de notre
autorit
Se plat supprimer dans un
tour de magie
Bourrasques enflammes, gniteurs dĠhrsie.
Il chasse les fredaines, le
ple, le craintif
Pour orner de parures les
gnies cratifs.
Et notre esprit rvoque
irrmdiablement
Les traces misrables de
primarit
Magnifiant les travers, mais
oublie-t-on vraiment ?
Le pyrrhocore adjoint :
JĠai not congrment vos
abandonnements.
Mais jĠai beau pourpenser,
jĠavoue confidemment
Que je nĠenglobe rien de vos
explications !
Vos phrases bquillardes et
adversatives
Ballottent mes ides. Cette
colocation
De restes du pass, cette
rtrospective
Est farcie de dpouilles aux
laides augures
Qui sĠagrgent lentement
dans la brume
De lĠopinion, lĠaltrent, la
dfigurent.
Je suis dbringu par vos
penses abstruses
Fcondes, dcadentes et je
rsume !
Par lĠorgie dĠanctres la
science infuse.
JĠai lĠesprit carr et non
ambulatoire,
Aux ambages prcis, je suis
sans histoire.
LĠaboyeur de
gnralits :
Neuvime entre.
En toute
vraisemblet, il est nul choisement des ascendances ni de postrit. LĠĠoutrag
le sait bien, le chef aussi quoiquĠil barguigne encore. LĠadjoint est un
tantinet obtus et pris dĠchauffaison. Il vaillantise et bougonne nonpareil. Il
faut vespriser, mieux encore, victimer lĠoutrag jactancieux! Et il
incidente, insolente jusquĠ sĠembarbouiller dans la pernacit. Entre lĠcrasis
foisonnant et fcond des branches fodales et lĠchalas maigrelets produit de
noces triomphales, on ne sait qui est qui. Et si on inversait les rles ?
Tour de force
de lĠoutrag, superbe et revanchant, magie thtrale, les aveux sĠentortillent
et tranent en longuerie, les
anctres se gobergent et girouettent,
les sicles sĠentassent. Qui est franais ici ? On arrose lĠAfrique et le
septentrion, lĠAlsace et la Saintonge et tous ceux du canton. On boit
lĠimpossible, la superfluit et le dsordre, lĠinconnue formidable qui unit les
patries en un tout de mmoire, aux verbes trangers, cette immense foire, au
bonheur dĠtre unique et dĠenfermer le monde dans une belle histoire.
Premire
gnralit :
CĠest
msavenant, on ne peut jurer de rien ! Quand on prtend tre celui l, on
est quelquĠun dĠautre, comment brillanter ? Seule la mmoire est tmoin,
la mmoire jamais.
Deuxime
gnralit :
LĠincrdulit
sauve de la mchancet. Dans le brouillamini et la fatrasserie, il ne faut pas
chercher ! Peut on jamais prouver ? Il vaut mieux fantasier.
Tableau
22 : Les trisaeu
LĠoutrag :
Auxse immodre et mme
abusive,
LĠemphase des mots ne peut
tre allusive !
Comment peindre un pass
sans accumulation,
Sans mille broderies et
immodration ?
Il tait impossible de dire
-peu-prs
Le trouble, les mois, sans
les ciels diaprs,
Le souffle brlant des
mirages dĠAfrique.
Les rimes dĠmotion sont
psychagogiques,
Brasillantes dĠesprit vif et
flamboyantes,
Elles ouvragent le vrai
dĠhumeurs provoquantes,
Ajoutent des toiles aux
plus sombres penses.
La vie coule sans fin des
pluies slniennes
Irradiant au hasard les foules disperses
Pour narguer le sort de
chances diluviennes.
Revinrent-ils jamais, ces aeux renomms,
De ces vagues pays de rves,
reculs ?
Ai-je vraiment taill ces
fameux Protoms,
O bien nĠest-ce quĠun rve
inarticul ?
Dans lĠimmense cabinet
charg dĠouvrages
Par milliers, jĠai trouv un
cahier aux pages
Versifies, ddicace de
patriarche.
LĠamour luit dans lĠombre
des rimes prcieuses
Et son esprit rare, fervent
de panache
Habille ses mots de drleries curieuses.
Magnifique, lance, la
danse verbale
Comble lĠhorizon dĠalchimie thtrale
Et remue au cÏur les dmons
endormis
Elle se pavane en altesse
princire
Frappant lĠphigie dĠun
vieux lustre blmi
La pice, ou bien lĠantienne
familire.
Tableau 23 : Le pre
Le pyrrhocore:
Que
diable, Gnreux, accoisons nos esprits !
Pourquoi
donc dcharmer un moment si plaisant ?
Ce nĠest
pas tous les jours que lĠon se dsennuie,
Notre
prsum est plutt panoui
Il est
drle, utopiste, mais nĠest pas malfaisant.
Ce fin
littrateur mĠa bel et bien surpris.
Le pyrrhocore adjoint :
Je dis au
contraire que tous ces mots mĠtrangent.
Et si
nous connaissons qui est lĠarrire grand pre,
Sa
gnalogie des annes lumire,
Que
savons nous de lui ? QuĠil naquit en Afrique ?
Le pre
se rsume en crits potiques !
Il nĠexpose
plus rien parce que a lĠarrange !
Il lance
une passerelle aux dessus des annes
Exprim
autrement, il ne nous apprend rien.
Il
portrait des figures en filigran,
Vertige
vtuste et fou dĠanctres par milliers,
Pour nous
faire rester dans lĠantdiluvien.
Entre
anarchie verbeuse et ides passagres,
Monsieur
passe du temps se dlicater.
La
moindre des notions est un plat de gourmet
Aux
motifs sculpts de riches opulences
Smillant
bavardage qui pare et qui suggre
Moult
souches princires pour nous appter.
Nos vieux
dtenus nĠont pas dĠquivalence
Monsieur
est un artiste, entre guillemets.
De
fivres africaines en sultans et spahis
Il arbore
un blason exotique, universel,
Et darde
en tournoyant comme en un carrousel
Une
fiert nationale mais de tous les pays !
LĠoutrag :
Soit, je
suis pantophile, mais pourquoi me tancer !
Vous
mĠaccusez de fuir et beaucoup verbiager.
Si je ne
mĠtends pas sur la pagnoterie
De
quelques paltoquets, est-ce
manigancer ?
Dans la
foule dĠaeux, dans cette loterie
DĠune
progniture et sa postrit
On se
rsout parfois les avantager
Faute de
possder toutes les vrits.
Le pyrrhocore adjoint :
Aprs
bien tortiller on cherche rhapsoder !
Vous
poussez son comble la supercherie
A tant
faraminer, force de broder
Des
aventures sciemment anachroniques
Et de
faire luire votre veine icastique.
Ces vains
garements ne sont que tricherie !
Vous
voil contrist, prt vous prosterner,
CĠest une
contrition joue pour nous berner.
LĠoutrag :
Que
puis-je controuver qui ne soit pas crit
Dans vos
petits cahiers ? Ils paraissent replets !
Il nĠest
pas un soupir que vous nĠayez transcrit.
Vous tes
patemment un parfait jugeoteur
Dont le
maltalent nuit sans un certain bonheur
A mes
tribulations. Le tableau est complet.
Le
pyrrhocore :
Mon
collgue se plat plutt dans lĠuchronie
Et
perdure trouver la problmatique
DĠun baragoin lourd et pige vexatoire,
De phrases arteuses et souvent
dilatoires.
Il souhaite une concision systmatique.
Ce
parachronisme devient une manie
LĠoutrag :
Vous
attendiez de moi un discours cohrent
Mais
peut-on orchestrer tous nos antcdents ?
Il me
reste une histoire que lĠon peut vrifier
Dont je
vais vous donner seulement des extraits.
Vous
trouverez ici de jumelles penses
Entre mon
dfunt pre et mon curieux pass
De sorte
que lĠon croit un autoportrait.
Souffrant dĠapostasie, au lieu dĠaller
prier,
Mon pre sĠinstruisait, lisait dans
lĠanalecte
Les textes en sanskrit et bien dĠautres
dialectes.
Bouquiniste attach la moindre
brochure,
Il traquait les mites et les poissons
dĠargent
Car il
portait un soin ncessaire et
urgent,
Aux rarets du livre aux heures de pauvret.
SĠindignant
de voir la moindre fltrissure
Sur les
vieux cuirs jaunis et mal poussets,
Il
patinait le fauve ou la robe carlate
De petits
livrets aux pages dlicates.
Dehors,
sous le soleil brlant, un autre amour
Naissait, insatiable et sauvage aux couleurs
Africaines.
Mon pre mĠa cont les contours
Pittoresques,
les odeurs, le secret bonheur
Qui coulent
sur les rives de ce peuple lointain.
Vous avez
devant vous un mtropolitain
Dont le
cÏur et lĠesprit se nourrissent dĠailleurs !
Mais
vous, Gnreux, francophile et hbleur
Dites
nous quels aeux vous ont fait pyrrhocore.
Le
Pyrrhocore adjoint :
Mais jĠai
pas de penchant pour le racontage !
Je suis
n indigent de verbes rarescents
Je ne
mĠencombre pas dĠun sang arborescent.
Et vite
tout prix les vains grimaudages.
LĠoutrag :
Vous
voulez que je fasse votre pdigre ?
Vous vous
alambiquez en vaines simagres.
Loin de
vous accagner, je veux croire encore
Que vous
ignorez ce quĠest un pyrrhocore.
Colonie
pittoresque en habit rouge et noir
Dont les
fruits du tilleul servent de rfectoire
Les
petites punaises aux touffeurs infectes
Gendarment
comme il faut dlits et infractions
Vous
pensez que jĠaberre, que je suis incorrect,
Mais vous
collez vraiment la dfinition.
Tableau
24 : Rosalie Julienne.
Le
pyrrhocore :
Vous ne
versez plus dans la romancerie !
QuĠattendez
vous de nous aprs cette sortie ?
Que je me
rebque, ragote en vespries ?
Quand
vous croyez piquer votre fable dĠorties
Il ne se
passe rien nous sommes vaccins
Nous
sommes condamns depuis bien des annes.
LĠoutrag :
Je voudrais en finir avec ce
chamaillis,
Et pouvoir chafourer mon
billet de dpart.
Le pyrrhocore :
Topons l notre accord,
votre humour rejaillit
Et quittez moi ces lieux
avant quĠil soit trop tard !
Le pyrrhocore adjoint :
A votre place, chef, je
lĠaurais enferm
Car il a tout cach sur son identit
Mais il faut en finir,
quitte se gendarmer !
C'est une nigme, ce type,
une vraie calamit!
LĠoutrag :
Vous avez not tout ce que
vous vouliez voir
Mais votre rdaction ne
laisse pas clore
Les intimes penses qui
pourraient mouvoir !
Le bel hymne ancestral, les
pavois concolores,
SĠclipsent bizarrement dans
une pirouette.
Ce ple fablier est fade et ennuyeux,
On en peroit peine la
silhouette,
Et donne mon discours un
tour disgracieux.
Ma gaiet feinte et mme
ostentatoire
De musard pipelet et
discoureur notoire
Habille savamment les
troubles de lĠesprit
O pourraient se confondre
des traits de mpris.
Vous nĠavez pas peru dans
le regard pointu,
Le pitre plaisantin et fl
dĠillusions
Mais des amphigouris malins
et ttus,
Distrayeurs dĠattention. Et,
cette occasion,
Je voudraisÉ
Le pyrrhocore adjoint :
Dtailler fiablementÉ
LĠoutrag :
Mon
portrait !
Vous jouissez cependant de
fabuleux extraits !
Le pyrrhocore :
Abouchons nous, maintenant
sĠil vous plat !
Sans trop paradoxer, ni mme
dardiller.
Parez au datisme qui nous
accablait,
Il sĠagit de tout dire, de
se dmaquiller.
LĠoutrag :
JĠajouterai ceci mon
curieux ramas.
De ces charmes ancestrels que je vous ai
dcrits,
Il nĠen est pas un seul que
lĠon ne vidimt,
En apostille large ou
simplement adscrit !
Je nĠai plus que des bouts,
des morceaux, des parties
Petites extrmits
dĠimmenses alliages
De fusion, de liaison, de
marivaudages
Quelques sanglots de vagues
dĠune dynastie
Qui laissent un sillage de
flou par moment
Et qui ressurgissent aux
temps dĠgarement.
Le rouge cramoisi dĠadonis
dĠautomne
Et le mauve satin de la
belle ancolie
Rsonnent trangement. Ils
contagionnent,
vitent de prir dans la
mlancolie.
La sve initiale, messagre
turbulente,
Dont le flot tapageur charrie
et draine
Les images dĠantan, se
frotte imprudemment
Aux arcs, aux tumulus, puis,
plus paisablement
Nous darde de ses feux de
pure chtelaine.
Mes myriades de vies sont
fortes et opulentes.
Le pyrrhocore :
Je vois le tout dbut dĠun
petit embryon
Qui point dans les coulisses
de votre identit,
JĠai reconnu la geste de vos
parents,
Incidente nombreuse des
maints vibrions,
Qui constelle de rimes, les
moments, les instants
Et pique vos rcits de
dbats contrastants.
JĠy vois la jonglerie orale
hrditaire
Les traits saillants des
faces triangulaires.
La saine autorit dĠun
cerveau exacteur
Les rves inutiles de tout contemplateur.
Unaiement, vous tes le
bnficiaire
De cet amalgame, le meilleur
actionnaire !
Le pyrrhocore adjoint :
Et vous avez saut les
arrires penses
Aux frettes touffues et
rebarberatives !
Et la nomenclature des
combrtaces,
Les cyons et les dahus, les
saxifragaces.
Se sont-ils enfouis dans les
trous de mmoire
Pour tirer un grand trait
sur sa page dĠhistoire ?
Tableau
1 : coupe longitudinale du pyrrhocore
Tableau
2 : lĠoutrag, de dos.
Tableau
3 : esquif sur la mer Noire
Tableau
4 : Le trisaeul
Tableau
5 : le chien famlique
Tableau
6 : Yallah, chien de La Fouillotire
Tableau
7 : Le mur de lĠarme
Tableau
8 : La liqueur de murier
Tableau
9 : Le vieux faraniote
Tableau
10 : Vue arienne du chante pleure
Tableau
11 : Il avait cel sous forme dĠacrosticheÉ
Tableau
12 : Le pyrrhocore adjoint
Tableau
13 : La peau de miessi
Tableau
14: Rosalie Julienne
Tableau
15 : le grand pre.
Tableau
16: Un vol de lagopdes
Tableau
17 : Le pupille
Tableau
18 : Coupe transversale du pyrrhocore adjoint
Tableau
19 : Le bel irlandais
Tableau
20 : LĠoutrag de face
Tableau 21 : Les bisaeux
Tableau
22 : Les trisaeux
Tableau 23 : Le pre
Tableau 24 : Rosalie
Julienne.
Lexique.
Page 6 :
Acm : le plus haut point
Cavernicole : qui habite dans les cavernes
Cinabre : rouge vermillon.
Dgoiseur : qui dit avec volubilit ce quĠil devrait
taire
Escobar, escobarderie : qui laisse sous entendre
dans le but de tromper
Page 7 :
Applapourdi : stupfait
Bgauderie : amusement sot
Cladon : ici, couleur vert ple
Concolore : couleur uniforme
Egoser : ne parler que de soi
Fantasier : mettre de la fantaisie
La profoss : insigne de janissaire en guerre
Nacarat : rouge clair nacr
Ptoffes : sornettes
Protom : lment dcoratif, homme ou animal
Rodomont : fanfaron
SĠemberlucoquer : sĠentter dĠune ide
SĠvaltonner : prendre un air dgag
Sybarite : homme qui mne une vie facile et
voluptueuse.
Tabuter : tourmenter
Ver-coquin : fantaisie, caprice
Vogoul : langue de lĠest de lĠOural
Page8 :
Kodiac : Ours dĠAmrique du Nord
Page9 :
Arbadji : militaire turc 19me Sicle,
coiff dĠun long turban
Jarnak :Janissaire supplant
Palis : Pieu de clture
Raki :Alcool turc
Strogonof : plat de viande turc
Page11 :
Galimafres : mauvais repas
Toiffeurs : odeurs
Page12 :
Abstme : Qui ne boit pas de vin
Apoco : Homme de peu de valeur
Cacochyme : Faible de constitution
Page 13 :
Indican :substance se trouvant dans lĠindigo
Malika :canne ferre, arme
Pites : textile fourni par lĠagave du Mexique
Vovode : haut dignitaire des Balkans
Agrion : Libellule
Apophthegme : parole valeur de maxime
Bambocher : sĠamuser des fredaines
Bgauder : sĠamuser sottement
Corbia : soupe roumaine
Lagomorphe : de la race des lapins
Lantiponnage : discours sans importance
Portraire : tablir un portrait, dpeindre
Primidi : premier jour de dcade du calendrier
rpublicain
Pyrrhocore : gendarme, punaise
SĠahonter : devenir honteux
Se galantiser : mener une vie joyeuse
Se pagnoter : se mettre au lit
Tafia : eau de vie antillaise
Page14 :
Tussor : foulard de soie
Page15 :
Attagnes : coloptre sĠattaquant aux tapis
Freux : sorte de corbeau
Hyponomeute : papillon chenille nuisible
Page16 :
Histrion : qui se donne en spectacle, mime
Urodle : salamandre
Page17 :
Houseaux : jambires, surgutres
Pantophile : qui aime tout
Side : homme de dvouement absolu
Tapabor : chapeau rabats
Page18 :
Alastrim : variole attnue
Albugo : tche blanche du dessus de la corne
Ancillaire : vient dĠune servante
Aniline : couleur indigo
Anosmie : perte de lĠodorat
Chosifier : rendre concret
Cuprifre : qui contient du cuivre
Livrier : faiseur de livres
Songe creux : homme qui entretient des penses
chimriques
Page19 :
Callipdie : ici, conseils pour progresser dans un
art
Confabuler : parler familirement
Fantastiquer : se laisser aller la fantaisie
Fatrasser : sĠoccuper des niaiseries
Forcener : perdre la raison
Icastique : naturel
Pourpenser : mditer longuement
Privances :
familiarits particulires
Quitterie : brouille la suite de laquelle on se
quitte
Rabobinages : raccommodements grossiers
Regabeler : chercher des difficults
Zabres :coloptre se nourrissant de bl
Page20 :
Dbagouler : parler inconsidrment
Dindonnasser : duper
Esquicher : viter de se prononcer, rester neutre
Fruition : action de jouir
Imarescible : incorruptible
Impugner : attaquer une proposition
Logomachie : dispute sur des mots
Obvier : se prmunir
Pourparler : ngocier
Rognonner : grommeler entre ses dents
SĠalambiquer : se fatiguer par des subtilits
Se condouloir : sĠassocier la douleur de quelquĠun
Se conjouir : se rjouir
Septembrisades : types de massacres
Page21 :
Chevaler : faire des alles et venues
Lagopdes : perdrix des neiges
Vuobis : cuir trs pais
Page22 :
Affriander : dmarche de sduction
Battologique : rptition oiseuse et fastidieuse
Beaska : manteau dĠapparat dĠun blanc immacul chez
le peuple sumit en Laponie
Bredauler : perdre son temps des futilits
Cataglottiser : user de mots recherchs
Miessi : jeune renne
Parachronisme : erreur de chronologie plaant les
vnements plus tard quĠon ne le doit
Procrastiner : repousser au lendemain
systmatiquement
Pygargue : livre arctique
SĠarrirer : rester en arrire
Samits : peuple lapon de langue same
Page23 :
Apostille : adition dĠune note en marge dĠun acte
Avocasser : chicaner de mdiocre faon
Clepsydre : horloge eau
Concupiscible : qui pousse au dsir de possession
Dazibao : journal chinois affich sur les murs
Fanfrelucher : manquer de consistance
Hoirs : hritiers
Malenchre : peu de chance
Matoiser : ruser
Mauclerc : homme ignorant
Nyctobate :
somnambule
Ougrienne : langue finno-ougrienne de la pninsule
de Kola en Russie
Ustilaginale : chardon parasite des plantes
Zambourek : artilleur persan, zouave
Page24 :
Claustrer : ici, refermer le dbat
Dorka : vtement en peau que lĠon met mme la peau
en Laponie
Imptrer : obtenir quelque chose suite une
supplique
Subucule : sorte de toge
Page25 :
Aportique : contradiction insurmontable dĠun
raisonnement
Cacographie :orthographe vicieuse
Contempter :mpriser, dnigrer
Dysthymique : lĠhumeur changeante
Epois : cors qui poussent au sommet de la tte du
cerf
Exorable : qui se laisse flchir
Faillance : tat de celui dont le courage fait
dfaut
Glossographe : grammairien qui sĠoccupe de
rechercher des mots anciens ou obscurs
Grandisonance : grandiloquence
Haricoter : spculer dans les affaires
Houppe apicale : coiffure lapone traditionnelle
rouge orne de fils dĠtain
Munifiscence : qualit qui porte prendre de
grandes libralits
Se coudoyer : se jeter dans la foule, frler
Smiller : frtiller gaiement
Vidimer : authentifier
Page26 :
Art smantique : branche linguistique qui tudie la
signification des mots
ristique : art du dbat
Fanariote : garde ou boyard la suite dĠun hospodar
Homophonie : usant de mots qui ont le mme son mais
un sens diffrent
Malanquin : un pkin quelconque
Msavenant : drangeant
Mussitation : troubles de la parole, propos rares et
indistincts
Odorer : flairer
Roguerie : attitude rustre
Zellige : carreau dĠargile recouvert dĠassemblage de tessons ou mosaque
Page27 :
Evagations : divagations de la pense qui ne peut se
fixer
Lallation : babillage, dfaut de prononciation des
consonnes
Patemment : sciemment
Patricotage : petite intrigue
Polypharmaque : mdecin qui ordonne une surabondance de prescriptions
Rmoras : obstacles, retardements
Zlote : fougueux dfenseur de la foi
Page28 :
Brindezingu : ivre
Caliborgne : qui voit mal
Chante pleure : entonnoir long tuyau trou
Embguiner : flatter
Misologue : peu enclin au raisonnement
Mystagogu : que lĠon cherche entraner sur le
chemin de la croyance
Sandaraque : rsine odorante dcoulant du thuya
Zonzoline : de couleur violet, rougetre
Page29 :
Abalourdisant : lourd,
Abigoti :sous lĠemprise de la religion
Accagner : poursuivre quelquĠun en lĠinjuriant
Balata : bois rouge de Guyane
Clabauder : crier sans cause srieuse
Dblatrer : dire du mal de quelquĠun
Dpriser : rabaisser
Diluvial : qui a rapport au dluge
rubescence : action de rougir
Malandreux : bois dont les nÏuds sont pourris
Rcul : mis en retrait
Vespriser : rprimander
Wapiti : cerf dĠAmrique du Nord
Page30 :
Acrostiche : ouvrage en vers dont la premire lettre
de chaque vers constitue un mot lu de haut en bas
Amarante : bois ou fleur dĠautomne rouge pourpre
Amourette : arbre bois trs dense en aspect de
peau de serpent
Bocco : bois prcieux, dur et nerveux
Cang jie : typographie chinoise
Caquetoire : sige , causeuse
Dparler : ne rien dire
Dimissoire : lettre par laquelle un vque permet
un de ses diocsains dĠtre consacr par un autre vque
Fusiniste : artiste qui emploie le fusain
Guimbarde : petit rabot de menuisier
Guillaume : rabot servant faire des entailles
Incarnadin : couleur rose cerise
Moutouchi : bois prcieux
Îil de vermeil : sorte de balata rouge de Guyane
Patawa : bois prcieux parmi les plus denses du
monde
Thuluth : calligraphie arabe utilise par les mamelouks
en gypte
Page31 :
Cailleter : bavarder
Engamer : se faire duper
Page32 :
Craqueries : menteries
Floribondit : dcor charg dĠarabesques de type
floral
Harmonino : petit harmonium
Kilim : tapis de soie persan
Laminoir : sorte de presse papier
Octobasse : instrument cordes
SĠoblatiser : ici, se mettre au service dĠune
personne
Samba : arbre africain jaune ple dĠune trs grande
hauteur
Tabletier : qui fabrique des damiers ou des
chiquiers
Venvoler : faire les choses la lgre
Page34 :
Abstruse : difficilement accessible
Acagnardise : paresse
Accointer : se lier avec une personne
Adoniser : parer avec une grande recherche
Buffleteries : matriel de gros cuir
Chape-chute : bonne aubaine
Chryslphantin :sculpture avec de lĠor et de
lĠivoire
Dsultoirer : passer dĠun sujet un autre
Equanime : dĠhumeur gale
Farfadet : de got frivole en parole et discours
Tiges amplectives : feuilles replies
longitudinalement dans une autre feuille
Uchronie : histoire refaite telle quĠelle aurait d
tre
Ultramontain : qui habite au-del des monts
Page36 :
Barguigner : hsiter
nallages : drivation impropre changes inattendus
de mots, temps et personne dans une phrase
Glutineux : visqueux, collant
Jober : tromper
Orvitan : charlatan
Page38 :
Impritie : manque dĠhabilet
Page39 :
Aposiopse : interruption dĠune phrase par un
silence brusque
Gloser : critiquer censurer
Halieutique : art de la pche
Sinogrammes : calligraphie chinoise
Page40:
Amphibologie : ambigut des terme laissant le doute
sĠinstaller
Disquisitions : recherche curieuse
SĠaheurter : sĠobstiner
Page42 :
Apostill : recommand
Fanariote : boyard la suite dĠun hospodar
Page43 :
Palinodie : rtractation de ce que lĠon dit
Slnographique : en rapport avec la description de
la lune
Emboiser : engager quelquĠun par des promesses
Forlign : dgnr de la vertu de ses anctres
Ubreuse : avec abondance et fertilit
Page45 :
Bigotelle : toile ou lien de cuir pour tenir la
moustache droite
Page46 :
Cauteler : prendre des prcautions
Envoiset : gat
Forlonger : sĠcarter des sentiers battus
Page47 :
Egotisme : se mettre sans arrt au centre de la
conversation
Page49 :
Aurifiques : qui peuvent produire de lĠor
Controuv : chose que lĠon a invente
Emboucher : prendre un ton lev
Gabatine : action de se faire mousser
Hypotypose : description anime et frappante
Levantines : des pays du levant
Lycophron : grec qui a invent lĠanagramme
Outrecuid : a qui on oppose une supriorit
Schibboleth : langage propre un groupe exclusif et
qui exclue ceux qui ne comprennent pas ce langage
Page50 :
Dulcifier : temprer
Enquinaud : enjl
Fbricitant : tre fbrile fivreux
Page 52 :
Imbriaque : fou stupide
Hurlup : hriss, ahuri
Page54 :
Crapoussin : personne grossire ou mal faite
merillonn : piquer, aviver
Gouge : outil de fer pour creuser le bois
Optatif : qui exprime le souhait
Page 56 :
Lycanthrope : hommes frapps de mlancolie
Page58 :
Infrangible : qui ne peut tre bris
Page59 :
Adamantine : brillante comme le diamant
Destruision : souffrance qui dtruit
Infundibuliforme : en forme dĠentonnoir
Pargorique qui calme et soigne:
Trbrantes : pntrante
Page60 :
Ataraxie : absence de troubles dans lĠme
Page62 :
Avunculaire : qui vient dĠun oncle
La Rosalie : fusil employ pendant la guerre de 1914
Page64 :
Ocieux : oisif
Piol : qui a des taches de rousseur
Page65 :
Dermatoglyphe : signature, empreinte
Tabut : troubl
Page69 :
Billebaude : confusion dsordre
Page72 :
Hypocrision : hypocrisie
Mellifieuse : mielleuse
Mmoracle : monument la gloire de quelquĠun
Accointer : se lier avec une personne peu recommandable
Page75 :
Joindablet : se rendre disponible joignable
Page78 :
Auxse : intensit smantique ou motive pousse au paroxysme
Psychagogique : qui aime redonne vie
Page80 :
Accoiser : rendre calme et tranquille
Page81 :
Pantophile : qui aime tout
Page83 :
Grimaudage : radotage
Page84 :
Vespriser : rprimander
Page85 :
Amphigouri : galimatias
Ancestrel : venant des anctres
Chafourer : griffonner
Page86 :
Frettes : lignes brises
Bibliographie :
Dictionnaire
des mots perdus, Alain Duschene/Thierry Leguay, ditions Larousse.1989.
Petit
dictionnaire des mots rares, Thierry Prellier, Le livre de poche.2002.
Lexique
de LĠAncien Franais, Frderic Godefroy, Champion Classiques.2003.
Dictionnaire
Littr.
Dictionnaire
des synonymes. ditions Larousse.